Le collectif d’avocats constitué dans le dossier de l’assassinat de Thomas Sankara était face à la presse ce jeudi, 12 octobre 2017 à Ouagadougou pour faire le point sur l’état d’avancement dudit dossier Sankara. Une conférence de presse qui intervient à trois jours de la commémoration du 30e anniversaire de la disparition du leader de la Révolution burkinabè.
Plusieurs questions ont été abordées au cours de la conférence de presse tenue ce jeudi 12 octobre à Ouagadougou par le collectif des avocats du dossier Thomas Sankara. Il s’agit notamment de celles portant sur l’état d’avancement du dossier, les difficultés rencontrées, le mandant d’arrêt contre l’ex-président Blaise Compaoré, etc.
En ce qui concerne l’état d’avancement du dossier, Maître Anta Guissé, avocate au barreau de Paris et représentant du collectif des avocats autour de la famille Sankara a répondu que présentement, nous ne sommes qu’au stade d’instruction. Mais que celle-ci avance et qu’elle espère aboutir à un jugement. En effet, elle a expliqué qu’on « est parti de pas grand-chose au départ et qu’au fur et à mesure des auditions, des éléments dénouent le fil de l’enquête. C’est un processus que les gens trouvent long mais nécessaire. Et un dossier tel que celui-là nécessite du temps, nécessite qu’on rencontre des gens qui sont au Burkina, mais aussi à l’extérieur. Et à l’issue de cette instruction, normalement, il devrait y avoir une ordonnance de renvoi devant un tribunal. Et c’est en ce moment qu’il sera jugé. Mais il ne peut pas y avoir de jugement si au départ, il n’y a pas une instruction qui est fait correctement. L’ensemble des témoins utiles à la manifestation de la vérité ont été entendus ».
Maître Bénéwendé Sankara, avocat de la famille Sankara a abondé dans le même sens que sa consœur en ajoutant que le dossier n’a pas connu une véritable accélération qu’à partir de 2015. Et au regard des actes qui ont été déjà posés, environ 14 à 15 personnes ont été déjà inculpées tandis que certaines autres personnalités ont été entendues et seront à nouveau entendues pour les besoin de l’enquête. Cette accélération de 2015 tend inéluctablement vers un jugement. Donc, si tous les éléments se réunissent, il y aura jugement.
«les choses en l’état» par mandat d’arrêt émis à l’encontre de Blaise Compaoré
A la question de mandat d’arrêt international émis à l’encontre de l’ex- président du Faso, Blaise Compaoré, Bénéwendé a révélé que « les choses sont en l’état ». Le mandat n’a pas encore été exécuté jusqu’à présent et ce, pour plusieurs raisons parmi lesquelles, le changement de nationalité par l’intéressé. Cependant, maître Sankara n’exclut pas la possibilité pour les autorités ivoiriennes de le juger en Côte d’ivoire. Dans ce cas de figure, le souci du peuple burkinabè se trouverait dans l’équité de la justice.
Quant aux difficultés rencontrées, Anta Guissé a soutenu qu’elles sont d’ordre politique liées à l’intérêt que portent ou non au dossier de la part des autorités politiques françaises. Cependant, elle se pose tout de même la question de savoir « quel est l’intérêt de la France aujourd’hui à ne pas déclassifier ce dossier ? » au regard de la franche collaboration entre la justice française et celle burkinabè. Aussi, a-t-elle poursuivi que c’est un dossier qui tient à cœur non seulement au peuple burkinabè, mais également, à la communauté internationale.
Maître Bénéwendé a pour sa part, précisé que le dossier revêt aussi des aspects politiques. Ce qui fait que même si la coopération y était, cela n’est pas toujours évident pour des questions de cet ordre. Néanmoins, à l’occasion de la visite du président français au Burkina, cette question lui sera posée.
Mathias Lompo
Burkina Demain