L’ambassadeur du Maroc au Burkina, Ferhat Bouazza, nous l’avait confié en fin janvier dernier, au détour d’une interview qu’il nous avait accordée à la faveur du retour du royaume chérifien au sein de l’Union africaine après 32 ans d’absence. ‘’Le Marco va également nous ouvrir, nous avait confié Son Excellence Bouazza, une usine de fertilisants, comme au Nigéria ou en Ethiopie’’. Les choses viennent de bouger dans ce sens avec la signature d’un accord de trois ans portant sur un montant de 428 millions de francs dont 20% seront supportés par le budget de l’Etat.
Au terme de l’accord de coopération qui vient d’être signé avec le Maroc, les acteurs burkinabè de la fertilisation des sols pourront bénéficier du savoir-faire du géant marocain des engrais, OCP. Les experts viendront donc du Maroc doté de laboratoires appropriés pour aider dans le contrôle de de qualité des sols ou leur cartographie. Cela permettra à notre secteur agricole de mieux produire et de contribuer davantage aux efforts vers l’autosuffisance alimentaire.
Au-delà du Burkina, la question des fertilisants est devenu un passage obligé pour la plupart des Etats engagés dans cette ambition de produire davantage pour que l’Afrique puisse se nourrir elle-même et rompre avec le cycle onéreux des importations des produits alimentaires. Et en la matière, le Maroc, qui a déjà développé des accords avec des pays comme le Nigéria ou l’Ethiopie, peut servir de modèle pour les Etats dont le Burkina Faso.
10 ans après la déclaration d’Abuja
La question des fertilisants est plus que jamais d’actualité sur le continent. Cela dix ans après le sommet d’Abuja qui avait appelé dans une déclaration historique dite d’Abuja, à un accroissement de l’utilisation des engrais dans l’agriculture. « L’Afrique doit non seulement se nourrir elle-même, mais elle doit aussi le faire avec fierté. L’Afrique doit également exploiter le potentiel de son agriculture pour la transformer de sorte que ce ne soit plus simplement un moyen de lutter contre la pauvreté mais qu’elle serve à créer de la richesse ».
Malgré ces engagements, 40% des sols de l’Afrique sont dépourvus de nutriments, ce qui empêche l’agriculture africaine d’atteindre son potentiel.
Face à ce retard, les initiatives se multiplient pour appeler à d’autres engagements plus forts. Il s’est ainsi tenu il y a une semaine à Des Moines aux Etats-Unis, une réunion d’experts de haut niveau sur l’utilisation des engrais en Afrique, certains exhortant à un autre sommet sur les engrais, dix ans après celui d’Abuja.
«l’agriculture africaine doit au-delà de lutter contre la pauvreté, créer de la richesse»
Etaient invités à cette réunion de haut niveau l’ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, le président de la Banque africaine de développement (BAD) Akinwumi Adesina et le Commissaire de l’Union africaine pour l’économie rurale et l’agriculture, Josefa Leonel Correia Sacko. «L’une des meilleures perspectives pour nourrir la population africaine en croissance rapide est d’accroître l’utilisation durable des engrais», c’est la conviction du groupe des experts qui se réunissait en marge de l’attribution du prix mondial de l’alimentation 2017 qui est revenu au président de la Banque africaine de développement (BAD)
« L’Afrique doit non seulement se nourrir elle-même, mais elle doit aussi le faire avec fierté. L’Afrique doit également exploiter le potentiel de son agriculture pour la transformer de sorte que ce ne soit plus simplement un moyen de lutter contre la pauvreté mais qu’elle serve à créer de la richesse », soutiendra pour sa part le lauréat.
Martin Philippe
Burkina Demain