Oumar Seydi, directeur régional pour l’Afrique Subsaharienne d’IFC

Les bons résultats de l’Afrique subsaharienne dans le rapport Doing Business sont un signe des temps. Voici l’analyse  de Oumar Seydi, directeur régional pour l’Afrique Subsaharienne d’IFC.

Oumar Seydi, directeur régional pour l’Afrique Subsaharienne d’IFC

Certains pays africains ont du mal à s’adapter aux récentes fluctuations de l’économie mondiale et semblent plus focalisés aujourd’hui sur les questions de politique intérieure. Les investisseurs sont attentifs à ces signaux, et sont plus hésitants à s’engager dans ces pays. Pour autant, il y a des tendances encourageantes qui indiquent que les décideurs politiques à travers l’Afrique continuent d’œuvrer  pour rendre leurs économies plus attractives et plus propices aux affaires, afin d’accélérer la croissance et le développement.

Le Groupe de la Banque mondiale publie aujourd’hui son rapport phare, le Doing Business éditio 2018, qui marque une seconde année record pour l’Afrique subsaharienne. Au cours de l’exercice écoulé, 83 réformes facilitant les affaires ont été mises en œuvre dans 36 pays de la région, soit les trois-quarts !Aucune région n’a jamais égalé ce nombre sur un seul exercice. L’Afrique subsaharienne a ainsi mis en œuvre près d’un tiers des réformes dans le monde.

La région est bien représentée dans le Top 10 des pays ayant le plus progressé, avec le Malawi, le Nigeria et la Zambie.  Ces pays ne sont pas des cas isolés. Par exemple, outre le Nigeria, le Benin, le Cap Vert, la République Démocratique du Congo, le Gabon, le Ghana, le Niger et les Seychelles ont également amélioré la transparence dans le processus d’obtention du permis de construire grâce à des solutions en ligne. En Angola, le système en place simplifie la désormais procédure de demande de permis de construire et réduit les délais de traitement.

Le Kenya a mis en œuvre le plus grand nombre de réformes dans la région, soit six. Quatre pays -la Mauritanie, le Nigeria, le Rwanda et le Sénégal- suivent avec cinq réformes chacun. L’Ile Maurice est 25e dans le classement global sur la facilité de faire des affaires, et a mis en œuvre quatre réformes. C’est le premier pays d’Afrique subsaharienne dans ce classement, suivi du Rwanda (41e) et du Kenya (80e).

Les résultats du rapport Doing Business 2018 confirment plusieurs années de constante progression, qui se traduisent en améliorations durables du climat des affaires dans la région. En 2003 par exemple, il fallait en moyenne 61 jours pour créer une entreprise en Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, il en faut 24, ce qui n’est pas loin de la moyenne mondiale de 20 jours.

L’expertise locale en matière de réforme ainsi que la volonté de réformer se reflètent dans les bons classements qu’obtiennent certains pays. Le Rwanda et la Zambie sont deuxièmes au monde sur l’indicateur lié au transférer une propriété. Seulement cinq pays au monde rendent la procédure d’obtention de crédit pour les PME plus facile qu’au Malawi, alors que l’Ile Maurice figure parmi les dix meilleurs mondiaux en ce qui concerne l’obtention d’un permis de construire et le paiement des taxes et impôts.

L’Afrique démontre qu’elle a de plus en plus les compétences qu’il faut pour réformer.

Créer les conditions propices à l’expansion de l’Afrique

Il faut poursuivre l’effort de réforme. L’Afrique fait face à des défis immenses, qui peuvent se transformer en opportunités pour les investisseurs si les conditions sont réunies. Le continent fournit moins d’un pourcent de la production industrielle mondiale, alors que 650 millions d’africains n’ont pas accès à l’électricité, 350 millions à l’eau potable et moins d’un pourcent a la bande passante. L’Afrique abrite la plus grande surface de terre non cultivées au monde, et pourtant importe chaque année 35 milliards de dollars en nourriture.

Le thème du rapport –que l’on peut traduire par ‘Réformer pour créer des emplois’ – est en phase avec l’actualité. La population africaine est la plus jeune au monde et celle qui croit le plus vite. Plus que jamais, le continent a besoin d’assurer l’émergence de PME, elles qui fournissent jusqu’à 90 % des emplois. Une règlementation équitable, efficiente et transparente permettra l’expansion des entreprises les mieux gérées.

Grace à ses capacités financières et à ses constantes innovations, le secteur privé est souvent le mieux placé pour relever les défis au développement de l’Afrique et pour créer des emplois.

Le rythme soutenu auquel ils reforment indique que les décideurs politiques reconnaissent combien il est crucial d’encourager l’investissement privé. Le Groupe de la Banque mondiale a lui aussi ajusté son approche afin de mobiliser des capitaux à une toute nouvelle échelle pour financer le développement.  En étroite collaboration avec autres les institutions de notre Groupe ainsi qu’avec ses partenaires privés, l’IFC œuvre à mobiliser des capitaux pour aider les pays à financer plus de projets. Nous recherchons en premier des solutions privées pour atteindre les objectifs de développement. Nous travaillons ensuite avec les autres institutions financières pour garantir que les ressources publiques, en constante diminution, soient utilisées là où elles sont le plus nécessaires.

Les résultats que dévoile le rapport Doing Business démontrent qu’il y a de plus en plus consensus quant au besoin de mobiliser des capitaux privés à une échelle plus grande pour financer le développement de l’Afrique. Il faut donc saluer l’effort continu, à travers le continent, pour améliorer le climat des affaires.

Oumar Seydi,

Directeur Régional d’IFC pour l’Afrique subsaharienne

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