Vraisemblablement, il se passe des choses dans ce dossier qui implique un grand opérateur économique du pays. Inculpé pour faux et usage de faux, faux en écriture, blanchiment de capitaux entre autres, le PDG de CIMFASO, Inoussa Kanazoé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, serait en train de tout faire avec des complices haut-placés dans l’appareil judiciaire pour que le droit ne soit pas dit dans cette affaire qu’il traîne comme un boulet.
Ainsi l’homme d’affaire pour se tirer définitivement d’affaire, selon des sources de plus en plus concordantes, Inoussa Kanazoé s’est tourné désormais vers un ancien donateur d’une part et d’autre part, un mentor. Leurs similitudes est qu’ils occupent tous les deux actuellement de hautes fonctions. En attendant de revenir plus en détails sur ses connexions avec le second qui a récemment défrayé la chronique, nous savons que le premier a occupé de hautes fonctions sous la transition et continue d’en occuper actuellement.
Déjà en 2015, ce dernier lui avait rendu un grand service et son plus grand souhait serait qu’il rebelote en usant de son pouvoir du moment pour lui obtenir un non lieu dans le dossier dit de CIMFASO. Le don évoqué plus haut concerne une parcelle (réserve administrative préalablement destinée au ministère de la santé ) de 9 085 m² sise à la ZACA pour la réalisation d’un projet pour le compte de la Fondation Abdellah-Ben Mass-Oud, derrière laquelle se cache en réalité Inoussa Kanazoé. Il a été acté par la lettre N°2015-255/MHU/CAB du 31 Juillet 2015 dans laquelle le signataire en question précise : « Pour vous permettre de réaliser votre objet social conformément à votre requête du 23 Juin 2015, je vous informe que je mets à votre disposition la parcelle 08, lot 21, section 020 (AK) {…] J’invite donc la Fondation Abdellah-Ben Mass-Oud à prendre attache avec le projet ZACA ainsi que les services techniques de mon département en vue d’accomplir les formalités administratives nécessaires».
Usurpation de compétences du Ministre des Domaines
Seulement, l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC) de Luc Marius Ibriga, qui s’est entre-temps penchée sur cette affaire avait estimé que ce dernier avait « usurpé les compétences du Ministre en charge des Domaines pour attribuer irrégulièrement une parcelle à la Fondation Abdellah-Ben Mass-Oud à titre gracieux ». Et pour y remédier, les contrôleurs d’Etat qui se sont occupés de l’affaire ont formulé les recommandations suivantes à son endroit : « Notifier à la Fondation Abdellah-Ben Mass-Oud la nullité de l’acte de mise à disposition de la parcelle […] S’en tenir aux compétences dévolues par la Loi 034-2012/AN du 02 Juillet 2012 portant réorganisation agraire et foncière qui se limite à la conception et à l’exécution des projets d’aménagement ; la gestion du domaine foncier national revenant au Ministère en charge des domaines ».
Sauf qu’il n’en a rien été et pire, ceux qui passent dans la zone constatent que des travaux, commandités par Inoussa Kanazoé, y sont en cours (depuis quelques mois) en dépit de l’irrégularité de l’attribution de ladite parcelle à la Fondation Abdelalh-Ben Mass-Oud. Pourquoi ? A quel prix ? Les questions restent posées.
L’on croyait ce genre de pratiques révolues
D’aucuns se convainquent de plus en plus que ce donateur d’hier et même le mentor en question, travaillent actuellement à activer certains leviers du système judiciaire dont est issue le premier pour décerner haut la main un non lieu à Inoussa Kanazoé dont la réputation et le réseau relationnel sont mis à mal depuis le déclenchement de l’affaire CIMFASO.
De sources proches du dossier pourtant, les procès-verbaux (PV) d’auditions sont, dit-on, suffisamment « clairs » sur les éléments constitutifs des commissions des faits reprochés à Inoussa Kanazoé. Les officiers de police judiciaire et la justice avaient pour cela abattu un travail « remarquable et à la limite inattaquable » en son temps si bien qu’on ne comprend pas les pressions qu’on tente d’exercer aujourd’hui sur la Justice pour qu’elle laisse échapper un si gros « poisson ». On croyait ce genre de pratiques révolues, mais tout porte à croire que certaines d’entre elles, notamment les injonctions au Parquet, ont la peau dure et un manque de vigilance pourrait déboucher sur le retour de vieux démons qui avaient jeté un discrédit presque total sur cette même Justice. On ose néanmoins espérer que ce ne sera pas le cas et que cette pression ne sera d’aucun effet dans la conduite de cette affaire que nous suivons dans les moindres détails. Affaire à suivre…
Karim Dabiré
Burkina Demain