Il a quitté son pays la semaine dernière sur la pointe des pieds pour échapper, dit-il, à une tentative d’élimination physique. Emmerson Mnangagwa, puisque c’est de lui qu’il s’agit, rentrera au bercail dans la journée de ce mercredi 22 novembre 2017. C’est un vice-président doté de la plénitude de ses pouvoirs qui sera accueilli cet après –midi à Harare. Mieux, le Parlement du pays, qui a rendu public la lettre de démission de Robert Mugabe, s’apprête à l’investir président intérimaire du pays.
Après le départ de Robert Mugabe du pouvoir, suite à sa démission annoncée hier par le chef du parlement , tous les regards sont à présent tournés le vice-président Emmerson Mnangagwa ; attendu cet-après midi à Harare. Une fois de retour dans la capitale, il devrait être investi dans la foulée comme président par intérim du Zimbabwe. A ce titre, c’est à lui qu’incombera de conduire à bon port le navire battant pavillon Zimbabwe. Long compagnon de lutte du président Mugabe, l’homme qui a fait essentiellement ses armes dans l’appareil sécuritaire, devrait changer de méthode pour espérer rassembler tous les Zimbabwe dans cette transition politique. Qui s’annonce quand même pleine d’incertitudes.
A 75 ans, le vice-président est malade et l’on ne sait pas s’il est en possession de tous ses moyens pour diriger convenablement le pays jusqu’à la présidentielle de 2018. L’autre incertitude reste la réaction du camp Grace Mugabe qui croyait que son heure était arrivée avec l’éviction d’Emmerson Mnangagwa. La désormais ex-Première Dame va-t-elle accepter sa défaite et laisser le cours de l’histoire zimbabwéenne se poursuivre ?
Enfin, une autre inquiétude et pas des moindres : quelle rôle va jouer l’armée dans l’après Mugabe ? Jusque-là, elle a parfaitement joué son rôle d’armée républicaine. N’eût été son intervention, le camp Mugabe serait toujours aux affaires.
La Grande muette va-t-elle continuer à observer cette neutralité dans le jeu politique du pays ? Le président intérimaire doit son pouvoir à cette armée ? Qu’elle marge de manœuvre aura-t-il si les militaires se décident finalement de l’écarter à son tour ? Rien n’est moins sûr. Affaire à suivre…
Martin Philippe
Burkina Demain