Le président Emmanuel Macron, lors de son discours de Ouagadougou du 28 novembre dernier, avait insisté sur l’importance de laisser la jeune fille africaine faire son choix du nombre de ses enfants. Mamounata Tapsoba, jeune burkinabè de 24 ans, pour sa part a tenu à faire un choix professionnel, jusque-là l’apanage de la gent masculine : convoyeur dans une société de transport, Rahimo, où elle semble visiblement s’épanouir, même si tout dans son plus beau métier du monde, est loin d’être rose.
Lorsque nous avons rencontré à Bobo-Dioulasso Mamounata Tapsoba alors qu’elle s’apprêtait à monter à bord en sa qualité de convoyeuse de bus d’une des compagnies les plus prisées du pays, nous n’avons pas mis assez du temps pour nous rendre compte qu’elle se plaisait dans ce job, traditionnellement l’affaire des garçons. Elle essuyait avec joie le bus en partance pour Ouagadougou, s’assurait que tout était parfaitement en place avant le moment tant attendu de l’appel des passagers à monter à bord. De Sya à Ouaga en passant par Boromo, nous avons pu l’observer dans ses œuvres de convoyeuse. «C’a été un rêve pour moi : j’ai toujours voulu devenir convoyeuse. Un rêve fou que je n’arrive pas à expliquer à moi-même. C’est comme ça », nous a-t-elle confié quand nous avons voulu savoir sur les raisons du choix de ce métier de ‘’garçon’’ comme on pourrait le dire.
Rêve devenu réalité à force de tenacité
Ce rêve tant caressé de devenir convoyeuse a fini par se réaliser grâce à sa tenacité de le devenir. Et quand s’est présentée à elle l’occasion de rencontrer son employeur, elle n’a pas hésité au grand étonnement de ce dernier, à proposer de devenir convoyeuse dans sa compagnie de transport.
«Quand je le l’ai rencontré, je lui ai demandé s’il pouvait me prendre comme convoyeuse. Il a hésité, il n’était pas convaincu… comme je suis une femme. Et il a dit : non, chez nous il n’y a pas de convoyeur, il n’y a que des apprentis. Il avait un peu peur de me prendre. Mais, il a fini par me demander d’envoyer une demande. Ce que j’ai fait dans de plus brefs délais. Je l’ai suivi au moins deux ans avant qu’il ne me prenne comme convoyeuse», se souvient-elle.
Une expérience infructueuse chez les cheminots
Avant de jeter son dévolu sur sa compagnie actuelle qui a fini par la recruter après plusieurs mois de stage , Mamounata Tapsoba, avait essayé sans succès de devenir convoyeuse chez Sittarail où elle a effectué des stages. Son rêve ne s’était réalisé parce que, disait-on, ce n’était un métier pour femme.
Aujourd’hui, avec le recul et la joie qu’elle éprouve d’exercer son plus beau métier, tout cela relève d’un vieux souvenir. Cela fait en effet deux ans qu’elle officie comme seule convoyeuse parmi une dizaine de collègues sur les lignes de Rahimo. Et elle est fière de l’être. Et pour rien au monde, assure-t-elle, elle ne boudera ce plaisir de faire ce travail qu’elle a toujours aimé. «Je me sens bien. Je suis à l’aise. Je n’ai pas de problèmes».
Son quotidien de convoyeuse
Mais, au fait, de quoi est fait le quotidien d’une convoyeuse comme elle ? Mamounata Tapsoba : «Tout d’abord, on doit servir le client, pour qu’il soit à l’aise. Je vends par exemple de la boisson. Je dois veiller sur les courriers du départ à l’arrivée pour qu’il n’y ait pas de perte. Je suis également l’assistante, l’apprentie du chauffeur.
Pour autant, tout n’est pas facile ou rose dans ce métier de convoyeuse. «Souvent on a des crevaisons et en tant qu’apprentie du chauffeur, je dois l’aider à démonter le pneu et à le monter». Pire, «Sur plusieurs dizaines de passagers, un seul peut te faire des misères… »
Martin Philippe
Burkina Demain