Wole Soyinka, une véritable force morale vivante du continent

«Un vieux assis voit plus loin qu’un jeune débout», dit-on. S’il y a quelqu’un qui incarne aujourd’hui mieux ce dicton africain, en ce moment face à la vague d’indignation suscitée par les propos «pays de merde» de Donald Trump, c’est bien le prix Nobel de littérature, Wole Soyinka (84 ans), force morale vivante du continent, lui qui n’a pas hésité à déserter les Etats-unis avec l’avènement de Donald Trump à la Maison Blanche.

Wole Soyinka, une véritable force morale vivante du continent

Dans nombre de milieux africains ou afro-africains, on s’agite, condamne, proteste ou appelle à des excuses publiques suite à l’annonce des propos du président américain Donald Trump qui a qualifié jeudi dernier, les pays d’immigration vers les Etats-unis dont Haïti et des Etats africains, de «pays de merde».

Tout se passe comme si toutes ces personnes qui crient aujourd’hui leur indignation étaient surprises des propos de Donald Trump qui  n’a jamais caché dès le départ, ses intentions de privilégier à n’importe quel prix les intérêts des Etats-unis. Il l’a toujours répété «L’Amérique d’abord».

Et peut-être même, à y voir de près, parmi ceux qui se plaignent aujourd’hui de Trump, sont ceux-là mêmes qui l’applaudissaient hier pour ses virulents diatribes. Et maintenant que le venin trumpiste s’est dirigé sur leur pays, voilà qu’ils le traitent de tous les noms d’oiseau.

Soyinka voyait venir le risque

Face cette attitude ambivalente des Africains et Afro-africains d’ici et d’ailleurs, l’on ne peut s’empêcher de penser à ce digne fils de l’Afrique, une incontestable force morale vivante, un «trésor humain vivant» comme on dirait chez nous. Il s’agit du prix Nobel africain, le célèbre écrivain et dramaturge nigérian, Wole Soyinka. A 84 ans, Soyinka incarne bien cet adage africain «un vieux assis, voit plus loin qu’un jeune débout».

Ainsi, voyant d’un mauvais œil, pendant la dernière campagne présidentielle américaine, une éventuelle élection de Donald Trump à la Maison Blanche, le prix Nobel de littérature 1986, n’avait pas hésité à exprimer ses inquiétudes et à alerter les Américains et l’opinion internationale sur le danger que cela représentait. «Je suis contre l’érection de murs, particulièrement dans les esprits des gens», soutenait-il.

Sur ce coup, Soyinka jouait parfaitement son rôle d’éveilleur de conscience et c’était aux électeurs américains de choisir leur président en dernier ressort. Et ils l’ont fait au grand dam de l’écrivain : Donald Trump. A l’annonce de la victoire de Donald Trump, le Soyinka avait deux options de vie à faire : rester aux Etats-unis et vivre ce qu’il craignait de voir, entendre ou quitter les Etats-unis afin de ne pas assister à ce qui adviendrait.

Il a opté de quitter les USA à temps

Wole Soyinka choisira la dernière option qui n’était pas la plus facile. Il fera même dans le spectacle en annonçant le 1er décembre 2016 avoir déchiré sa « carte verte » qui lui a permis de travailler toutes ces années (près de 20 ans)  aux États-Unis, notamment au département des Affaires afro-américaines de l’université de New-York où il était attaché. Dans la foulée, Wole Soyinka annonçait qu’il retournerait dans son pays, le Nigéria. Finalement, cinq mois plus tard, en avril 2017, le grand homme de lettres va s’installer en Afrique du Sud où un poste de professeur lui a été confié à l’université de Johannesbourg.

Avec ce qui se passe aujourd’hui, notamment les propos choquants de «pays de merde» prononcés par le locataire de la Maison Blanche ; ces paroles de Wole Soyinka, «ça me faisait horreur de penser à ce qui allait se passer avec Trump», sonnent comme une prémonition.  Et c’est cela aussi la sagesse africaine merveilleusement incarnée par le Prix Nobel.

Christian Tas

Burkina Demain

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