Nous l’évoquions dans un précédent article. Le président de la Banque africaine de développement (BAD) Akinwuni Adesina a plaidé le 17 janvier dernier à Abidjan pour une accélération de l’industrialisation du continent. Cette question a été largement développée par la Commission économique des nations unies pour l’Afrique (CEA) dans un de ses rapports en 2017 intitulé “L’Industrialisation et l’Urbanisation au service de la transformation de l’Afrique”.
Dans ce rapport de 190 pages, l’on note que la proportion des citadins africains qui ne représentait en 1990 que le tiers (31%) de la population totale de l’Afrique, pourrait frôler la barre des 50% (49%) dès 2035. Ce qui, de l’avis des auteurs du rapport, “créera une demande considérable d’emplois, de services et d’infrastructures, mais présentera également des avantages pour la croissance économique” du continent.
Urbanisation africaine, potentiel moteur de l’industrialisation du continent
Selon le rapport, l’urbanisation galopante que connaît l’Afrique, représente un potentiel moteur de son industrialisation et partant, de son développement.
“La demande de biens manufactures et transformés augmente avec la hausse de la consommation de la classe moyenne et de la population urbaine africaine et l’évolution des modes de consommation, offrant ainsi une importante possibilité d’industrialisation”.
Le rapport met par exemple en évidence l’industrie automobile, où l’on voit comment, grâce à des politiques industrielles appropriées, les pays africains peuvent choisir les secteurs à forte croissance.
La nécessité des infrastructures, le rôle des pouvoirs publics
En outre, du rapport, il ressort clairement que les villes performantes sur le plan économiques exigent des investissements stratégiques, notamment dans l’énergie, les transports et d’autres infrastructures.
Les villes socialement équitables exigent également des pouvoirs publics pour aider les ménages à faible revenue à trouver un logement décent et un emploi. Les villes écologiquement durables nécessitent des politiques appropriées pour corriger les défaillances du marché causées par des externalités négatives.
“L’activité industrielle est particulièrement sensible à l’incapacité des gouvernements à intervenir dans l’urbanisme et l’aménagement du territoire, et ce pour trois raisons :
-les entreprises industrielles ont des exigences d’emplacement, exigences qui peuvent inclure l’accès à la main d’oeuvre, aux marches et aux ports, aux intrants, aux connaissances et aux idées,
-Certaines industries nécessitent des parcelles surdimensionnées pour éviter des utilisations conflictuelles ;
-la productivité et la compétitivité industrielles sont sensibles à l’existence d’infrastructures, en particulier l’électricité et les transports”.
Grégoire B. Bazié
Burkina Demain
Source : Rapport économique sur l’Afrique 2017 de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique