La crise post-électorale au Kenya vient d’entrer dans une autre phase ce mardi avec la prestation de serment de l’opposant Raila Odinga comme président du peuple kenyan. Il , c’est Uhuru Kenyatta qui prêtait serment comme président du même Kenya.
Aussi symbolique soit-elle, cette prestation serment ce mardi de Raila odinga comme président du Kenya pourrait revêtir plusieurs enjeux. Elle permet avant tout à l’opposant historique d’occuper l’espace de communication. Cela fait des jours que l’on ne parle que de ça. Devant cette campagne médiatique tous azimuts, les autorités kényanes n’ont pas pu retenir leurs nerfs et ont procédé hier à la coupure de fréquences de chaînes supposées proches de l’opposition.
En revanche, les forces de l’ordre ont fait preuve de retenue, ce qui a permis à de nombreux partisans de l’opposant de toujours, d’assister à la prestation de serment.
Détermination du leader de la NASA
Même si la valeur juridique de la prestation de Odinga pose problème, Uhuru Kenyatta déclaré vainqueur de la présidentielle ayant déjà presté serment, l’initiative exprime en elle-même la détermination du leader de la NASA à ne pas laisser son rival gouverner tranquillement le pays. Deux présidents investis pour un seul pays : le Kenya.
Une situation qui fait penser à la crise post-électorale en Côte d’Ivoire en fin 2010, avec deux présidents : Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Il a fallu finalement l’épreuve de force pour qu’un camp l’emporte sur l’autre. Au Gabon, Jean Ping, dans sa bravade contre le pouvoir Bongo, s’était lui aussi autoproclamé président du pays de Léon MBa.
Même s’il n’est pas allé jusqu’à se faire investir chef de l’Etat, il est depuis lors étroitement surveillé par le pouvoir de Libreville. Il y a quelques semaines, il a été interdit de quitter le territoire gabonais.
Que va faire le pouvoir Kenyatta ?
Maintenant que Raila Odinga s’est fait investir deuxième président du Kenya, que va faire le pouvoir Kenyatta ? Va-t-il se contenter de limiter la portée médiatique de l’activisme politique de Odinga ? La réponse du pouvoir kényan serait vraisemblablement fonction du comportement de Odinga. Jusque-là, le pouvoir semblait avoir relevé la présente initiative de l’opposant au rang de non-évènement. Mais, s’il se montre plus entreprenant ou plus «agaçant», ce n’est pas sûr que les autorités kényanes continuent d’observer le même attentisme. En tous les cas, l’on semble s’acheminer vers une nouvelle zone de turbulence pour le pouvoir Kenyatta.
Martin Philippe
Burkina Demain