A l’instar des autres pays engagés dans la lutte pour l’élimination à l’horizon 2030 des Mutilations génitales féminines (MGF), le Burkina Faso a commémoré ce 6 février 2018 à Ouagadougou, la Journée internationale tolérance zéro aux MGF. C’était au cours d’une grande cérémonie, co- patronnée par l’épouse du chef de l’Etat, Sika Kaboré et la présidente de la Cour de justice de l’UEMOA Joséphine Suzanne Ebah.
«Mettre fin aux Mutilations Génitales Féminines est une décision politique». C’est le thème de la Journée internationale tolérance zéro aux des Mutilations génitales féminines (MGF) commémorée ce 6 février 2018 par le Burkina Faso. L’évènement était placé sous le co- patronage de l’épouse du chef de l’Etat, Sika Kaboré et la présidente de la Cour de justice de l’UEMOA Joséphine Suzanne Ebah. Et sous le co-parrainage du président de l’Assemblée nationale Bala Sakandé et du ministre de la justice, des droits humains et de la Protection civique, garde des sceaux, Bessolé René Bagoro.
Au cours de la cérémonie qui a eu lieu au CENASA, l’on a assisté à un ballet des intervenants : du gouverneur de la région du Centre à l’épouse du président du Faso en passant par la ministre de la femme, de la solidarité nationale et de la famille ; présidente de la Cour de justice de l’UMOA, le 1er vice-président de l’Assemblée nationale, la représentante résidente de l’UNFPA.
Beaucoup touchés par l’atrocité des images, des données projetées par la secrétaire permanente du Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision (CNLPE) Rachel Badolo/Kando, au cours de son plaidoyer, les un(e)s et les autres ont exprimé leurs engagements personnels ou ceux de leurs institutions dans la lutte contre le phénomène «humiliant et dégradant» et aux conséquences néfastes des MGF en général et de l’excision en particulier.
L’épouse du président du Faso a exprimé l’espoir que l’ambition de Zéro tolérance aux MGF soit effectivement une réalité en 2030. Au niveau national, il s’agit de tenir l’engagement d’aboutir à une réduction de 20% du taux de prévalence de l’excision, estimé en 2015 à 67% chez les femmes de 15 à 49 ans.
Vers un durcissement de la législation
La présidente de la Cour de justice de l’UMOA Joséphine Suzanne Ebah a salué l’exemplarité du Burkina Faso qui n’a jamais manqué une célébration de la Journée internationale tolérance zéro aux MGF. Le Burkina est en train d’explorer la voie d’un durcissement de sa législation afin de réprimer sévèrement auteurs d’excision.
Mais, pour la ministre de la femme, de la solidarité nationale et de la famille Helene Marie Laurence Ilboudo/Marchal, au-delà de la législation, le plus important reste la prise de conscience et la décision personnelle ou collective de rompre définitivement avec la pratique.
A ce niveau, les choses semblent bouger du côté des élus locaux du Centre représentés à la cérémonie. Ils ont même pris l’engagement écrit de prendre en compte la problématique de la lutte contre l’excision dans les plans communaux de développement, comme l’a souhaité la SP du CNLPE qui a évoqué le cas d’excision en septembre 2017 à Ziniaré où était impliqué un conseil municipal, alors qu’en février 2014, 356 maires du pays s’étaient engagés à combattre le phénomène dans les communes.
Autres contraintes à la lutte contre les MGF
Au-delà du manque de conviction de certains leaders d’opinion, d’autres contraintes ont été évoquées sur cette question de lutte contre la pratique de l’excision et les MGF au Burkina Faso.
Il s’agit, selon Rachel Badolo/Kando, des difficultés relatives à la mobilisation des ressources pour la mise en œuvre efficace et efficiente du plan stratégique national de promotion de l’élimination des Mutilations Génitales Féminines au Burkina Faso (PSN-MGF) 2016-2020 ; à la clandestinité de la pratique de l’excision, au rabattement de l’âge des filles excisées et surtout à la pratique transfrontalière de l’excision.
C’est pourquoi, les différents orateurs à la présente commémoration ont souligné la nécessité de tous, y compris les hommes qui doivent cesser d’être des complices de la pratique de l’excision dans le pays. «Si les hommes s’engageaient à ne pas prendre pour épouse une fille mutilée, c’est sûr, l’on aura franchi un grand pas dans la lutte contre l’excision car personne, encore moins une mère ou un père, ne permettra l’excision de sa fille», ont-ils soutenu plus d’un officiel au cours de la cérémonie.
Mariam Dené
Burkina Demain