De longues files d'attente à Ouaga 2000 ce 27 février à l'ouverture du procès du putsch

Comme annoncé, le procès du putsch manqué du 16 février 2015 a débuté ce mardi 27 février 2018  dans la salle des Banquets de Ouaga 2000. Jusqu’à la mi-journée, le procès tant attendu de la République était alors d’avoir franchi la phase préliminaire, compte tenu notamment des enjeux et du nombre et de la diversité des parties prenantes.

De longues files d’attente à Ouaga 2000 ce 27 février à l’ouverture du procès du putsch

On peut parler véritablement de procès de la République pour désigner celui qui a débuté ce mardi 27 février 2018 à la salle des Banquets de Ouaga 2000, tant toutes les couches de la société burkinabè sont concernées.

Sur la longue liste des parties civiles (plus de 300) figurent toutes catégories de citoyens et de professionnels : gardiens, cultivateurs, photographes, étudiants, professeurs, enseignants, ministres, notamment la plupart des membres du gouvernement de la Transition.

La liste des accusés est aussi longue (84) et sa composition également diversifiée : politiques, militaires, juristes, journalistes.

Ce qui fait qu’une bonne partie de cette matinée a été consacrée à la vérification de la présence des différentes parties prenantes. Ainsi quatre accusés manquaient à l’appel, sans oublier les fugitifs.

Plusieurs hauts gradés récusés

L’on a également perdu beaucoup de temps au moment du tirage des juges assesseurs devant faire partie du tribunal à ce début de procès qui s’annonce véritablement comme un marathon judiciaire. Tour à tour, les généraux de division Brice Bayala, Ibrahim Traoré ou Ali Traoré ont été récusés du fait qu’ils sont cités comme témoin par le Général Gilbert Diendéré, l’un des principaux accusés du putsch manqué. Kouamé Lougué, même non cité, n’aura pas plus de chance de faire partie du tribunal. Il a été lui aussi accusé parce que l’épouse de Lougué aurait  accusé le Général Diendéré d’être derrière ce qui est arrivé à son époux qui s’était retrouvé avec une jambe fracturé au moment des évènements. Seul le Général Tenga Robert Djiguemdé remplissait les conditions requises pour être juge assesseur. Après avoir épuisé la liste des généraux de division à même de juger selon le Code de justice militaire les prévenus généraux, le tribunal s’était retrouvé devant une situation il fallait procéder par une ordonnance pour désigner des officiers subalternes, des colonels comme juges assesseurs pour juger les généraux prévenus.  Et c’est en ce moment précis que les avocats de la défense ont fait feu de tout bois pour tenter de remettre en cause la légalité du tribunal. Ils assurent que le tribunal n’étant pas légal, il n’est habileté, à leur sens, à prendre une ordonnance pour permettre à des officiers subalternes de l’intégrer. En outre, ils ont considéré leurs interventions sur ce point comme des observations préliminaires, pas même d’exception. Et c’est  justement là que les avocats des parties civiles vont contre-attaquer avec en tête Maître Prosper Farama. Ils assurent que s’il ne s’agit que d’observations préliminaires, cela n’a aucune valeur en droit et cela ne devrait pas empêcher le procès de poursuivre son cours. Pour les avocats des parties civiles, la question de la légalité du tribunal ne se pose pas.’’Si les avocats de la défense le trouvaient vraiment illégal, ils n’étaient pas tenus d’être là’’. Pour Me Hervé Kam, avocat de la partie civile, les avocats de la défense semblait faire dans le dilatoire pour empêcher le procès de progresser. Et c’est sur ces entre-faits que l’audience a été suspendue à la mi-journée. Le tribunal s’est retiré pour statuer.

Mises en garde du président du tribunal contre les perturbations du procès

Comme il fallait s’y attendre, la salle des Banquet s’est révélée très vite petite pour accueillir tous ceux et toutes celles qui voulaient assister à ce procès historique. Même le dispositif d’accueil à l’extérieur sous des tentes s’est montré insuffisant. Beaucoup n’ont pas pu entrer et ont dû rentrer chez eux. Sur place, dans la cour ou à l’extérieur de la salle des Banquets, les forces de l’ordre veillaient au grain. Les fouilles à l’entrée étaient systématiques. Il était impossible d’entre avec un ordinaire ou un téléphone portable.

Beaucoup parmi  ceux qui ont pu entrer, avaient manifestement des partis pris. Ainsi, quand les avocats de la défense déroulaient leurs argumentaires, des citoyens qui approuvaient laissaient transparaître leurs joies soit par des cris, soit par des applaudissements. Quand les avocats des parties civiles sont montés au créneau, l’on a observé la même situation, ce qui perturbait et agaçait du côté du président du tribunal qui a dû appeler plusieurs fois les uns et les autres à la retenue. «Personne n’a le droit d’exprimer ses approbations ou désapprobations ici», a-t-il rappelé à maintes reprises. Il a même menacé d’usager la manière forte si cela devait continuer puisque le tribunal peut recourir si nécessaire à la force publique pour assurer la sérénité dans le déroulement du procès.

Joachim Batao

Burkina Demain

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