On ne l’a appris que tard cette nuit. Après des tentatives infructueuse de convaincre l’intéressée de rester dans le gouvernement dont elle était l’un des piliers, le Président du Faso a finalement accepté ce samedi 31 mars 2018 vers 22 h la lettre de démission de Rosine Sori-Coulibaly, excédée par les allégations portées contre elle par les syndicats de son ministère dans le cadre de l’affaire des fonds communs qui continue de défrayer la chronique.
Malgré les problèmes sécuritaires, avec notamment la récente attaque terroriste du 2 mars, le gouvernement Paul Kaba Thiéba III semblait tenir le cap jusqu’en principe en 2020. Mais, finalement, c’est l’affaire des fonds communs au ministère de l’économie, des finances et du développement qui va ouvrir la première brèche au dispositif Thiéba III jusqu’ici jugé compact et équilibré dans ses différents compartiments. Avec notamment la démission acceptée de la ministre Rosine Sori-Coulibaly un peu tard (vers 22 h) ce samedi 31 mars 2018. Alors que beaucoup de fidèles chrétiens, y compris l’intéressée, étaient dans les églises pour la messe pascale.
La prière de Rosine Sori Coulibaly exaucée
Selon des sources bien introduites, la ministre de l’économie, des finances et du développement avait fini par en avoir marre des allégations portées contre elle par les syndicats de son ministère qui soutiennent qu’elle fait partie des gros bénéficiaires des fonds communs. Le chiffre de 23 millions est même avancé dans certains milieux.
Ainsi, piquée au vif, la ministre aurait déposé dès vendredi midi sa lettre de démission au cabinet de la Présidence du Faso. Informé de la situation, le président Roch Kaboré aurait appelé la ministre et la même rencontrée 30 mn plus tard en présence du Premier ministre Paul Kaba Thiéba pour la convaincre de rester au gouvernement dont elle était l’un des piliers. La rencontre n’a pas donné les résultats escomptés et une autre rencontre devrait avoir lieu ce samedi à Kosyam à 20 h.
A 15 mn du rendez-vous, alors que le Chef de l’Etat et le Premier ministre étaient déjà sur place, la ministre Coulibaly leur envoi un SMS leur signifiant qu’elle était désolée de ne pas pouvoir être là, qu’elle était déjà à l’église pour la messe pascale. Le président Kaboré et le PM Thiéba qui avaient renoncé à leur messe de cette nuit pour tenter de sauver la situation, sont parvenus à la conclusion que la ministre Coulibaly était vraiment décidée à partir, qu’ils ne pouvaient plus rien faire pour la retenir contre son gré. C’est alors que la tête de l’exécutif burkinabè a accepté la démission de Rosine Coulibaly dont on pourrait dire que la prière a été exaucée.
L’absence de Rosine va beaucoup peser dans la balance
Bien de bonnes choses ont été dites sur Rosine Sori Coulibaly, considérée comme une pièce maîtresse de l’équipe gouvernementale.
En effet, avant d’être nommée, le 13 janvier 2016, ministre de l’économie, des finances et du développement dans le gouvernement Thiéba I, Rosine Coulibaly (60 ans) était déjà créditée d’une riche et longue expérience dans la gestion des affaires aussi bien au plan national qu’international au point même qu’elle avait été pressentie dans un premier temps pour être la locataire de la Primature. Elle, qui a d’abord travaillé en sa qualité d’économiste au ministère de la planification et du développement économique et au Conseil économique et social du Burkina Faso.
Par la suite, Rosine sera nommée, le 5 mai 2011par l’ex- secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, aux postes de représentante spéciale adjointe du Bureau des Nations Unies au Burundi (BNUB), coordonnatrice résidente des Nations Unies, représentante résidente et coordonnatrice humanitaire au Burundi.
Au gouvernement, Rosine Coulibaly aura confirmé tout le bien qu’on disait d’elle. Pour toutes ces raisons, son absence du gouvernement va beaucoup peser dans la balance. Il faudra absolument trouver la perle rare pour la remplacer.
D’autres démissions ?
Beaucoup se demandent après ce départ surprise de la ministre de l’économie, s’il y aura d’autres démissions au sein du gouvernement, d’autant plus que Rosine Coulibaly n’est pas le seul membre du gouvernement indexé par les syndicats comme étant de gros bénéficiaires des fonds communs. Même le Premier ministre Thiéba n’est épargné. Ses revenus des fonds communs, à en croire certains syndicalistes, dépasseraient les ‘’23 millions’’ supposés de la ministre démissionnaire. Autant dire que cette affaire tombe mal pour le chef du gouvernement burkinabè qui est en pleine préparation pour son prochain examen de passage devant la Représentation nationale : sa déclaration sur la situation de la Nation. En principe, cette déclaration est prévue pour le 10 avril. Avril : nous y voilà déjà ! Et c’est justement à cette occasion que notre rédaction a bien voulu vous concocter ce gros poisson encore fumant d’avril. BON APPETIT !
La Rédaction
Burkina Demain