Le Premier ministre ( PM) Paul Kaba Thiéba était face à la représentation nationale le jeudi 12 avril 2018 pour prononcer son discours sur la situation de la nation. Un exposé sur l’état des lieux des différents secteurs du pays que l’on ne finira pas de décortiquer de sitôt. Mais, que faut-il retenir globalement de ce grand oral du chef du gouvernement burkinabè ? A-t-il abordé les vraies préoccupations de ses compatriotes ?
Paul Kaba Thiéba a exposé pour la troisième fois consécutive, en sa qualité de chef de gouvernement depuis l’arrivée du président Roch Kaboré au pouvoir, la situation de la nation à l’hémicycle.
« Mon message central devant vous ce matin est un message de confiance en l’avenir de notre peuple car le Burkina nouveau est en marche ». Le premier ministre affichait ainsi son optimisme quant au contenu de son message devant les élus nationaux.
Il a fait le diagnostic national secteur par secteur, les avancées et les perspectives en cours.
Union sacrée autour de la patrie
Sur la question sécuritaire, il a invité les burkinabè à l’union sacrée pour défendre la mère patrie. A ce sujet, il a déclaré que « nous devons transcender nos émotions, nos différences partisanes pour préserver l’essentiel, à savoir, la liberté, la démocratie, l’amour de la patrie, notre souveraineté ».
Selon Paul Kaba, le peuple burkinabé n’a jamais fléchi devant l’adversité, et le combat de tous c’est de travailler à ce qu’il ne fléchisse jamais. Il a affirmé que la nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme mise en place par son gouvernement repose sur deux piliers à savoir une approche purement sécuritaire et une approche centrée sur la lutte contre la pauvreté. Le mot d’ordre est « zéro sanctuaire pour les terroristes au Burkina Faso », a-t-il lancé pour terminer.
68 milliards pour faire face à la crise alimentaire
Face à la représentation nationale, le Premier ministre a déclaré que le Burkina Faso est « sur la voie de l’émergence » car notre économie nationale affiche une performance de 6,7% en 2017. De ce fait, et à l’en croire, le taux de croissance de l’économie nationale devrait s’amplifier en 2018, en 2019 et en 2020 avec l’opérationnalisation du PNDES.
Sur le plan agricole les nouvelles sont peu reluisantes. La campagne agricole 2017/2018 n’a pas été bonne, ce qui a entrainé une baisse de la production définitive avec un bilan céréalier qui enregistre un déficit brut global estimé à 477 448 tonnes. En conséquence, la situation de l’insécurité alimentaire pèse sur bon nombre de provinces et de régions (83 communes).
La réponse du gouvernement dira le PM est d’allouer un montant de plus de 68 milliards de Francs CFA pour soutenir plus de 2,6 millions « de personnes exposées à l’insécurité alimentaire sous stress », et plus de 900 milles « personnes exposées à une crise alimentaire ».
A cela il faut ajouter, l’augmentation du nombre de boutiques témoin qui devrait passer de 138 à 250, l’augmentation du stock céréalier national de sécurité à 41 799,7 tonnes d’ici fin mars 2018, et la construction de 54 magasins de stockage des produits agricoles.
Résorber le déficit énergétique
L’un des gros défis du pays dira le PM, c’est son déficit énergétique. Et nos objectifs cette année, annonce-t-il, c’est de mettre fin au déficit énergétique du pays (50 MW) dont le taux d’accroissement annuel est de 15%, ensuite accroître la compétitivité de l’économie en réduisant le coût du KWH qui varie actuellement entre 125 FCFA et 130 FCFA, et enfin, accroître le taux d’accès à l’électricité de 21% actuellement à 45% en 2020.
On note que le nombre total de ménages raccordés au 31 décembre 2017 est de 662 108, dont 34 559 ménages en milieu rural.
En matière d’exploitation minière, le Burkina Faso compte une douzaine de mines en production avec une production de 45,8 tonnes d’or en 2017. Ce qui rapporte au budget de l’Etat un montant de 226 milliards de FCFA.
Forte évolution des dépenses en personnels
Se prononçant sur le secteur de la santé, le PM a déclaré que l’année 2018 est celle de l’opérationnalisation de l’assurance maladie universelle. Aussi, la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans connaitra une amélioration significative cette année.
Au niveau de l’administration publique le PM a expliqué que l’analyse des données révèle une forte évolution des dépenses en personnel depuis quelques années. Elles sont passées ainsi de 332,34 milliards en 2012 à 618 milliards en 2017, soit une variation de près de 86%.
En tenant compte de la hausse des prix, il ressort que les dépenses en personnel ont augmenté à un taux annuel de 11,72% entre 2012 et 2017. Or, sur la même période, la richesse nationale en termes réels mesurée par le PIB réel n’a augmenté en moyenne que de 5,4% par an. Selon Paul Kaba «on peut pas se développer avec une telle consommation ».
Inscription en ligne pour tous les concours
En ce qui concerne les concours de la fonction publique 2018, le PM a annoncé qu’il est prévu, l’adaptation de la plate-forme du guichet virtuel, pour permettre l’inscription en ligne de tous les concours directs de niveau supérieur au baccalauréat et d’au moins 50% des concours de niveau baccalauréat.
En ce qui concerne la culture et le tourisme, le PM a dit reconnaitre que l’insécurité a porté un coup dur à notre culture en général et au tourisme en particulier.
Toutefois, il a félicité l’abnégation des acteurs de la culture et du tourisme qui selon lui ont su développé des initiatives innovantes pour continuer à inciter les visiteurs du monde entier à privilégier la destination Burkina Faso.
Joachim Batao
Burkina Demain