L’ambassadeur du Burkina Faso auprès de l’Irlande, Son Excellence Madame (S.E. Mme) Jacqueline Marie Zaba/Nikiéma a présenté ses lettres de créance au président de l’Irlande Michael Daniel Higgins, jeudi 19 avril 2018, au Áras an Uachtaráin, le palais présidentiel situé au nord de Dublin, la capitale.
C’est fait ! S.E. Mme Jacqueline Marie Zaba/Nikiéma peut désormais exercer ses fonctions d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso auprès de l’Irlande. Cette possibilité s’est ouverte suite à la présentation de ses lettres de créance au président de l’Irlande Michael D. Higgins intervenue ce jeudi 19 avril 2018. La cérémonie en elle-même, sobre mais empreinte d’une grande solennité s’est déroulée dans l’après-midi d’un temps ensoleillé rendant toute sa splendeur au Phoenix Parc, le deuxième plus grand parc européen où est situé l’Áras an Uachtaráin (la maison du président, en irlandais), le palais présidentiel.
L’ambassadeur du Burkina Faso a été la première personnalité parmi trois nouveaux ambassadeurs à se présenter au président Higgins avant ses homologues philippin et Thaïlandais.
S.E. Mme Jacqueline Marie Zaba/Nikiéma a transmis au cours de l’entretien qui a suivi la réception de ses lettres de créance par le président Higgins, le message d’amitié et d’estime du président Roch Marc Christian Kaboré à son homologue irlandais. Accueillant le troisième ambassadeur accrédité par le Burkina Faso auprès de son pays, le président Higgins y a vu un signe du renforcement des relations d’amitié et de coopération entre les deux pays. Il a félicité le nouvel ambassadeur pour sa désignation et lui a souhaité un plein succès dans sa mission lui assurant de son soutien dans ses nouvelles fonctions.
Les deux personnalités ont ensuite évoqué les questions d’intérêt commun liées notamment à la lutte contre les changements climatiques pour laquelle l’Irlande est assez engagée. Dans le domaine de la sécurité mondiale notamment de la lutte contre le terrorisme, le pays d’Oscar Wilde ne ménage pas non plus ses efforts puisqu’il a déployé une vingtaine de ses soldats au sein des Casques bleus des Nations Unies au Mali où le Burkina Faso présente le plus gros contingent avec deux bataillons et des officiers d’état-major portant l’effectif de sa présence militaire à près de 2000 hommes. Les deux personnalités ont également évoqué des questions sociales portant notamment sur la lutte contre l’insécurité alimentaire et des questions sociétales liées à la lutte contre les mutilations génitales féminines pour laquelle le Burkina Faso est très engagé jusqu’au plus haut sommet de l’Etat au niveau national mais aussi fait preuve de leadership sur la scène internationale.
Avant de présenter ses lettres de créance a proprement parlé au président Higgins, S.E. Mme Zaba avait remis la veille, mercredi 18 avril au matin, les copies figurées desdites lettres à M. Feilim McLaughlin, le chef du protocole au ministère irlandais des Affaires étrangères et du Commerce.
Plaidoirie pour un accord-cadre
Au cours de son séjour, S.E. Mme l’ambassadeur s’est appesantie sur le renforcement des relations bilatérales entre le Burkina Faso et l’Irlande qui sont modestes à ce jour. En effet, cette jeune relation établie le 1er mai 2007 avec la signature d’un accord d’amitié et de coopération bilatérale n’a pas encore été soutenue par un vrai accord-cadre de coopération. Pour rehausser justement le niveau des relations, S.E. Mme Zaba a rencontré plusieurs hauts fonctionnaires du département des Affaires étrangères et du Commerce. Outre M. McLaughlin, elle s’est entretenue avec Frank Smyth, le directeur de la Cellule de coordination pour les Nations Unies. Le renforcement des relations entre les deux pays au niveau multilatéral a été au centre des échanges. Il s’est agi notamment de plaider pour un appui de l’Irlande aux Forces armées et de défense et à la Force Conjointe du G5Sahl (FC-G5S) dans le cadre de la lutte antiterroriste. A ce niveau, l’Irlande est déjà engagée pour la formation des Casques bleus et soutiendra une campagne de formation de soldats onusiens parmi lesquels des Burkinabè prévue à Vancouver au Canada. En plus, l’Irlande en tant qu’important membre de l’Union européenne (UE) apporte sa contribution au financement de la FC-G5S dans le cadre du soutien européen à cette force multinationale formée par cinq pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad). L’UE a, en effet, été la toute première institution à apporter un soutien de 50 millions d’euros puis 100 millions d’euros supplémentaires lors de la Conférence de haut niveau sur le financement de la FC-G5S tenue à Bruxelles le 23 mars dernier.
L’ambassadeur Zaba a saisi l’occasion pour solliciter le soutien de l’Irlande à la candidature de notre compatriote Brahima Sanou qui postule comme sous-secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT) pour laquelle l’élection est attendue en octobre prochain à Dubaï dans les Emirats arabes unis (EAU).
Avec Mme Fionnuala Gilsenan, la directrice de la Division Afrique du ministère irlandais des Affaires étrangères, les deux parties ont évoqué les questions liées à la protection et à la promotion des droits humains pour lesquels l’Irlande y attache du prix mais aussi le soutien à l’éducation pour laquelle l’Irlande dit apporter son appui dans le cadre du Partenariat global pour l’éducation. Pour le Sahel, l’Irlande est pour une solution holistique qui prenne en compte la résolution militaire de la crise dans la région mais aussi des solutions sur les questions de l’environnement, du climat, de la lutte contre le chômage juvénile bref de développement afin de dissuader certaines personnes à s’engager dans ces activités terroristes et criminelles. C’est d’ailleurs pour cela que le pays est très actif et soutient les organisations internationales humanitaires ou d’appui au développement comme OCHA, l’UNICEF, le PNUD ou encore l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il a été aussi question des futures négociations sur l’avenir des relations entre l’Union européenne et les pays du Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) dont l’accord de coopération arrive à terme en 2020. L’Irlande est fortement impliquée dans les préparatifs des négociations prévues en août prochain et souhaite une coopération étroite avec le Burkina Faso qui est membre d’une des équipes techniques de négociation du post-Cotonou.
Lors de sa rencontre avec le sous-secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, M. Bobby McDonagh a indiqué l’intérêt grandissant de l’Irlande pour l’Afrique. Dublin, a indiqué le haut responsable souhaite d’ailleurs établir de nouvelles ambassades sur le continent notamment dans certains pays francophones où elle est complètement absente. Les échanges ont également porté sur le Brexit, la sortie de la Grande Bretagne de l’Union européenne qui aura des implications très importantes pour Dublin à cause de la frontière avec son voisin nord-irlandais. En effet, l’Accord du Vendredi Saint de 1998 qui instaura la paix en Irlande du Nord et l’entrée à l’Union européenne avaient quasiment résolu les problèmes de frontière entre les deux pays. Mais avec le Brexit, aucune solution pour l’instant n’a été trouvée dans les négociations préliminaires entre Londres et Bruxelles. Pour le gouvernement du Premier ministre britannique Teresa May, qui tient aussi grâce au soutien du Democratic Unionist Party (DUP) de l’Irlande du Nord, la clarification sur les modalités opérationnelles de contrôle sur cette frontière devrait se reporter après le retrait formel de la Grande Bretagne prévue en mars 2019. Mais pour les brexiteers (les partisans du Brexit), sortir du triptyque structures politiques/marché unique/union douanière qui fondent l’essence de l’UE, est une condition sine qua non, voire idéologique. L’UE naturellement rejette clairement la proposition britannique de reporter cette épineuse question de frontière.
L’ambassadeur Zaba s’est aussi entretenu avec l’association des exportateurs d’Irlande du «Irish Exporters Association» qui, comme son nom ne l’indique pas en français, s’occupe aussi des investissements irlandais dans le monde. Les deux parties ont exploré ensemble les différents secteurs d’investissements au Burkina Faso et les produits d’exportation dont dispose le «pays des hommes intègres». A l’issue des entretiens, il a été convenu de mettre en relation les deux chambres de commerce et éventuellement d’organiser une mission exploratoire au Burkina Faso pour y saisir les opportunités d’affaires.
Le nonce apostolique, doyen du corps diplomatique accrédité à Dublin, l’Archevêque d’origine nigériane Jude Thaddeus Okolo a accordé une audience au nouvel ambassadeur du Burkina Faso nouvellement accrédité. S.E. Mme Jacqueline Marie Zaba/Nikiéma est venue lui présenter ses civilités et s’enquérir des méthodes de travail des diplomates en poste dans ce pays profondément et majoritairement catholique et naturellement sollicité l’entregent du doyen pour un meilleur accomplissement de sa mission.
Une cinquantaine de burkinabè au pays de la Guiness
Lors d’un entretien avec l’ambassadeur de France à Dublin, S.E. M Stéphane Crouzat, les échanges ont porté particulièrement sur la protection des intérêts burkinabè en Irlande. En l’absence d’un consulat honoraire, c’est l’ambassade de France qui délivre, pour l’instant, en vertu d’un accord de coopération de 1961, les visas d’entrée aux étrangers souhaitant venir au Burkina Faso à partir de l’Irlande. Mais les Irlandais eux-mêmes n’ont pas droit de demander lesdits visas sur place. Ils sont redirigés vers Bruxelles, où est établie l’ambassade du Burkina Faso qui couvre l’Irlande ou, beaucoup plus proche, Londres où le Burkina Faso dispose d’un consulat honoraire.
Afin justement de parer à ces difficultés et surtout renforcer les liens d’amitié entre les peuples irlandais et burkinabè, l’ambassadeur a mis à profit son séjour pour explorer les possibilités de nomination d’un consul honoraire du Burkina Faso en Irlande en remplacement du tout dernier disparu il y a déjà quelques années. Ce consul honoraire aura en charge aussi de protéger et défendre la petite communauté burkinabè forte d’une cinquante de personnes régulièrement établie en Irlande, un pays que de nombreux burkinabè, adeptes de Bacchus explorent tous les jours, sans le savoir peut-être, via sa célèbre bière brune : la Guiness.
L’Irlande est la seule République dans laquelle Mme Jacqueline Marie Zaba a présenté ses lettres de créance dans les cinq pays que couvre sa juridiction établie à Bruxelles. En effet, ce pays qui a pris son indépendance de la Grande Bretagne suite à une guerre d’indépendance appelée Cogadh na Saoirse en irlandais (1919-1921) est une république. Mais le chef de l’Etat, qui est commandant en chef des armées y joue un rôle protocolaire, l’essentiel des pouvoirs étant dévolus au Premier ministre, appelé là-bas Taoiseach. Actuellement, c’est Léo Varadkar, médecin de formation du parti Fine Gael qui est le Taoiseach. Selon la Constitution du pays, il est désigné par le Dáil Éireann, la chambre basse du Parlement qui compte 166 membres et nommé par le président. L’actualité irlandaise est actuellement dominée par un référendum sur la libération de l’avortement. Dans un pays majoritairement catholique –le Pape François y est attendu les 25 et 26 août pour, ironie du sort, la Rencontre mondiale de la famille -, le débat est passionné et toute les rues sont pavoisées d’affiches publicitaires pour ou contre l’avortement. Dans ce pays qui a donné naissance à l’un des plus célèbres James Bond, Pierce Brosnan, l’avortement y est interdit sauf en cas de «risque mortel pour la mère». Le viol, l’inceste ou la malformation du fœtus ne sont pas des raisons légales d’avorter, et une telle intervention constitue un crime passible d’une peine de 14 ans de prison au pays de Paul David Hewson dit Bono, le lead vocal des U2.
Nommée le 14 septembre 2016, comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, S.E. Mme Jacqueline Marie Zaba/Nikiema, ancienne fonctionnaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont elle a été la représentante en Guinée a déjà présenté ses lettres de créances en Belgique, à l’Union Européenne, aux Pays-Bas, à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et au Luxembourg chronologiquement le 7 décembre 2016, le 7 avril 2017, le 19 avril 2017, le 12 octobre 2017 et le 10 novembre 2017.
La juridiction de l’ambassade du Burkina Faso en Belgique couvre plusieurs royaumes et une seule république à savoir : le Royaume de Belgique, le Royaume des Pays-Bas, le Grand-Duché de Luxembourg, le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord et l’Irlande.
Mme Jacqueline Marie Zaba/Nikiéma est également représentante du Burkina Faso auprès de l’Union européenne (UE) et des institutions comme le Groupe des Etats d’Afrique des Caraïbes et du Pacifique(ACP), l’Organisation mondiale des douanes (OMD) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) toutes basées à Bruxelles.
A La Haye aux Pays-Bas, la mission diplomatique du Burkina à Bruxelles couvre la Cour internationale de justice(CIJ), la Cour pénale internationale (CPI), la Cour permanente d’arbitrage (CPA), l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), la Conférence de la Haye de droit international privé et le Fonds commun pour les produits de base (Common fund for commodities, CFC), une institution financière intergouvernementale autonome destinée au financement sous forme de dons, de prêts concessionnels ou d’appuis techniques de projets sur des produits de base comme le sésame, la mangue, le karité ou l’anacarde.
Après donc Bruxelles, La Haye, Luxembourg et maintenant Dublin, S. E. Mme Jacqueline Marie Zaba/Nikiéma fera la boucle à Londres pour y présenter ses lettres de créance à la plus célèbre et plus populaire des monarques de la planète : la Reine Elisabeth II d’Angleterre qui a fêté ses 92 ans ce samedi.
Romaric Ollo HIEN,
Ambassade du Burkina Faso à Bruxelles
Mission auprès de l’Union européenne