Le présidium à l'ouverture de la réunion. Le directeur du Bureau sous- régional de la CEA, Dimitri Sanga (micro) souhaitant la bienvenue aux experts

Du Maroc, qui a livré son dernier match du mondial russe de 2018 soldé par un score nul avec l’Espagne (2-2) ;  il en a été également beaucoup question ce lundi 25 juin à Cotonou où s’est ouvert une réunion ad-hoc de 48 heures du groupe d’experts du bureau régional ouest-africain de la Commission économique des Nations pour l’Afrique. Sur le thème : «Les implications du potentiel élargissement de la CEDEAO et la zone de libre-échange continental africaine (ZLECA)».

Le présidium à l’ouverture de la réunion. Le directeur du Bureau sous- régional de la CEA, Dimitri Sanga (micro) souhaitant la bienvenue aux experts. A sa droite Ruffino D’Almeida du Ministère béninois du plan et du développement

On le sait, depuis, il y a plusieurs mois, des pays de l’Afrique du Nord comme le Mauritanie, la Tunisie et surtout le Maroc ont manifesté leur intérêt de rejoindre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

Tout est parti de la 51e session ordinaire du sommet des chefs d’Etat de juin  2017 à Monrovia. Sommet à l’issue duquel les chefs d’Etat ont donné leur accord de principe pour l’adhésion du Maroc à l’organisation sous- régional, commanditant dans la foulée une  étude devant permettre de trancher définitivement à leur prochain sommet de décembre 2017 d’Abuja. Entre-temps, c’est la Tunisie et la Mauritanie, ancien membre de la CEDEAO, qui manifestent également leur intérêt pour intégrer l’organisation régionale.

A leur sommet de décembre 2017, les chefs d’Etat suite à des résistances internes, notamment nigérianes, n’ont pas été capables d’aller plus loin sur ce dossier de l’adhésion du royaume chérifien, commanditant une étude complémentaire. Dans le même temps, ils se disent favorables à un retour de la Mauritanie dans la famille CEDEAO et confèrent à la Tunisie un statut d’observateur.

Impacts non-maîtrisés de l’adhésion du Maroc et des autres pays

Mais, jusqu’à présent, tous les impacts potentiels de l’adhésion de ces trois pays à la CEDEAO sont encore loin d’être cernés et maîtrisés.

Et c’est pour mieux cerner toutes ces questions que le Bureau sous- régional pour l’Afrique de l’Ouest de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, organise du 27 au 29 juin 2018 à Cotonou, en collaboration avec le gouvernement du Bénin, la 21ème session du Comité intergouvernemental d’experts (CIE21) de la région sous le thème : «Intégration régionale en Afrique de l’Ouest : nouveaux défis et perspectives».

Cette 21ème session du CIE21 est précédée d’une réunion ad-hoc de 48 heures du groupe d’experts du bureau sous- régional Afrique de l’Ouest de la CEA dont l’ouverture est intervenue ce lundi 25 juin 2018 à Cotonou en présence de, Ruffino D’Almeida, directeur de cabinet du ministre béninois du plan et du développement et du ministre sierra leonais du plan.

«Parler librement en experts»

«Les implications du potentiel élargissement de la CEDEAO et la zone de libre-échange continental africaine (ZLECA)». C’est le thème de l’atelier qui devrait permettre d’apporter les clarifications nécessaires à même de permettre aux décideurs politiques de prendre les mesures qui s’imposent en bonne et due forme, dans l’intérêt  bien entendu de la région. Dans son mot d’ouverture, M. D’Ameilda a exprimé la joie de son pays d’abriter la réunion souhaitant que les bonnes réponses soient apportées aux préoccupations posées.

Pour sa part, Dr Dimitri Sanga, directeur du Bureau sous- régional pour l’Afrique du CEA a relevé l’importance de la présente réunion des experts avant de les inviter à aller dans le fond des problématiques en tant qu’experts indépendants et non en tant que représentants des Etats pouvant avoir des positions à défendre. Et apparemment, ses attentes pour la première journée ont été comblées par la qualité, la franchise et la profondeur des interventions.

«Qu’est-ce qui les font courir ?»

Au nombre des préoccupations abordées figuraient les motifs du Maroc, de la Tunisie et de la Mauritanie à vouloir adhérer à la CEDEAO.  «Qu’est-ce qui les font courir ?», s’est interrogée une experte. A écouter les développements faits sur le sujet, l’on retient en autres raisons, le fait que l’espace CEDEAO est un vaste marché de 350 millions de consommateurs. Une situation qui attire le Maroc, désireux de commercer davantage avec la région où ses exportations ont accru ses dernières années pour atteindre 60% de ses exportations vers l’Afrique sub-saharienne.

Le bien-être augmenterait au Burkina avec le Maroc

Une étude menée sur la question des implications de ces adhésions montre  par exemple que l’adhésion éventuelle du Maroc et de la Tunisie aurait des effets contrastés sur les pays de la CEDEAO.  Morceaux choisis dans le rapport de ladite étude : «En matière de flux commerciaux, la CEDEAO augmenterait de façon non négligeable ses exportations vers les deux pays candidats, certes dans une moindre mesure que les exportations de ces derniers à destination de la CEDEAO. En outre, contrairement au Maroc, à la Tunisie, les pays de la CEDEAO devraient observer un léger détournement de commerce, une détérioration  modeste de leurs termes de l’échange ainsi qu’une baisse modérée des recettes douanières. Si le PIB augmenterait de façon modeste pour toutes les parties à l’exception du Maroc dans l’hypothèse de l’Union douanière, le niveau de bien-être par contre devrait reculer légèrement dans les pays de la CEDEAO, à l’exception du Burkina Faso».

Implications au-delà des échanges commerciaux

Pour certains experts, l’on devrait aller  au-delà des échanges commerciaux lorsque l’on aborde les demandes d’intégrations des pays comme le Maroc à la CEDEAO.

«Si le Maroc  veut intégrer la zone, cela suppose qu’il devrait être disposé aussi  à ratifier le protocole de la CEDEAO portant sur la libre circulation des personnes et des biens, le droit d’établissement des ressortissants des pays ouest-africains au Maroc et vice-versa», fait remarquer un autre expert.  L’on devrait ainsi prendre en compte les dimensions juridiques, historiques, culturelles  ou la question de la mise en place de la zone de libre-échange continental, ZELECA. Nous y reviendrons.

Grégoire B. BAZIE

Burkina Demain

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