Le Renaissance sera le plus grand barrage hydroélectrique de l'Afrique

Pour paraphraser le célèbre dicton de  Pierre Prud’hon «la route développement passe par le développement de la route» ; l’on pourrait avancer avec certitude  aujourd’hui que la voie du progrès passe par celle de la réalisation des infrastructures sans exclusive. La Chine populaire qui a inauguré ce mardi le plus long pont maritime au monde, l’a bien compris, elle qui est devenue en l’espace de quelques décennies la deuxième économique mondiale, grâce notamment à ses investissements massifs dans les infrastructures. De quoi inspirer véritablement sur le continent des Etats désireux de suivre ce modèle progressiste de l’empire du milieu.

La Renaissance sera le plus grand barrage hydroélectrique de l’Afrique

La réalisation du  plus long pont au monde, inauguré ce mardi 23 octobre 2018 en Chine, a duré presqu’une dizaine d’années et a coûté quelques 20 milliards de dollars. La réalisation de la pharaonique infrastructure aura coûté la vie à une vingtaine d’ouvriers. Après l’inauguration officielle, ce gigantesque pont, long de 55 km, sera ouvert ce mercredi à la circulation. Selon les projections, l’ouvrage pourrait accueillir jusqu’à 29 000 véhicules par jour à l’horizon 2030.

Pas rentable à court terme mais investissement précieux

Le président chinois, à l’inauguration ce mardi 23 octobre du..

A court terme, le pont ne sera pas rentable. Mais, il constitue un précieux investissement pour l’avenir. D’autant plus que l’initiative intègre un plan beaucoup plus global, la «Grande Baie», chère au président  Xi Jinping. Il s’agit d’intégrer les territoires semi-autonomes de Hongkong, centre financier international, et Macao, capitale mondiale des jeux d’argent. On le voit, l’ambition des autorités chinoises, c’est d’accélérer le développement économique d’une zone d’environ 68 millions d’habitants, en facilitant les déplacements de personnes et de marchandises, ainsi que la coopération au sein de secteurs comme la finance, le tourisme ou la haute technologie.

… plus long pont maritime au monde Hong Kong-Macao-Chine continentale

Le pont Hongkong-Macao-Chine continentale est loin d’être une exception en Chine, tant les autorités de ce pays ont compris l’importance des investissements massifs dans les infrastructures pour assurer le développement. En Chine, les mégaprojets déjà réalisés sont légion.

C’est le cas du  barrage des Trois-Gorges,  situé au cœur de la Chine, sur le Yangzi Jiang, dans la province du Hubei. Mis en production par étapes de 2006 à 2009, avec une retenue de 600 km, c’est la plus grande centrale hydroélectrique au monde. Trois-Gorges, c’est une puissance installée de 22 500 MW, soit une production annuelle de 98 TWh par 34 turbines.

La Chine, partenaire stratégique majeur de l’UA sur les infrastructures

Chaleureuse poignée de main entre le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat et le président Xi Jinping lors du dernier sommet sino-africain de Pékin

Les infrastructures constituent un axe majeur de la coopération entre la Chine et l’Afrique dont le développement est tributaire des infrastructures. Et de facto, Pékin est devenu depuis quelques années un partenaire stratégique majeur de l’Union africaine, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de son ambitieux Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA).

Et sur ce point, le président Xi Jinping a été on ne peut plus clair lors du troisième sommet sino-africain de Pékin en septembre 2018. «La Chine a décidé de lancer avec l’UA l’élaboration d’un plan de coopération Chine-Afrique dans le domaine des infrastructures. Elle soutiendra la participation des entreprises chinoises à la construction d’infrastructures en Afrique sous diverses formes comme celle de l’investissement-construction-exploitation, et le renforcement en priorité de la coopération dans les domaines de l’énergie, des transports, de l’informatique, des télécommunications et des ressources en eau transfrontalières, et exécutera avec l’Afrique des projets prioritaires d’interconnexion. Elle appuiera le développement du Marché unique du transport aérien africain et ouvrira des liaisons aériennes directes supplémentaires entre la Chine et l’Afrique. En outre, la Chine fournira des facilités à l’émission des obligations en Chine par des pays africains et leurs institutions financières, et, dans le respect des règles et des procédures multilatérales, elle soutiendra un meilleur recours des pays africains aux ressources comme celles de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, de la Nouvelle Banque de développement et du Fonds de la Route de la Soie », avait soutenu à l’occasion le leader chinois.

Ethiopie, Côte d’Ivoire, Sénégal

Le barrage hydroélectrique de Kaléta en Guinée, l’un des projets réalisés dans le cadre du PIDA

Mais, déjà sur le continent, il y a ces pays qui ont opté d’investir sans grands calculs dans  les infrastructures. Ces pays que l’on pourrait qualifier de meilleurs élèves de Pékin. L’on peut citer la Guinée Conakry qui a réalisé le barrage de Kaléta (270  MW avec un coût financier de 526 millions de dollars)  avec le soutien technique et financier de la République populaire de Chine. La Côte d’Ivoire qui a réalisé le Barrage hydroélectrique de Soubré (275 MW, 504 millions d’euros) avec toujours le concours de Pékin.

Le Sénégal où le président Xi Jinping a été reçu au mois d’août dernier pour parler de réalisation d’infrastructures avec son homologue Sénégalais, Macky Sall. Et enfin, pour ne citer que ces pays, l’Ethiopie qui a multiplié ces dernières années, à l’image de la Chine, la réalisation des grandes infrastructures, notamment le barrage de la renaissance, le plus grand hydroélectrique de l’Afrique et  qui a souvent suscité des tensions avec les voisins Egyptiens et soudanais. D’une capacité de production électrique attendue de 6 000 MW, le barrage de la renaissance dont le directeur Simegnew Bekele a été retrouvé mort en fin juillet dernier, sera le  plus grand barrage hydroélectrique du continent une fois achevé. Coût estimatif  du mégaprojet : 4,8 milliards de dollars US.

Mais, en Ethiopie, il n’y a pas que le barrage de la renaissance. En  décembre  2016, Addis-Abeba procédait à l’inauguration du plus haut barrage d’Afrique (250 m), le barrage «Gibe III » d’une capacité de 1 870 MW portant déjà à l’époque, la puissance installée du pays à 4. 200 MW.

Au moins 6% de croissance économique par an

Le pont Henri Konan Bédié à Abidjan en Côte d’Ivoire

L’Ethiopie, c’est aussi la ligne ferroviaire  Addis Abeba –Djibouti en service depuis le 1er janvier 2018 ; le tramway d’Addis en service depuis septembre 2015 et à même d’assurer  le transport d’environ 60.000 passagers par jour à une vitesse maximum de 70km/heure. La Côte d’Ivoire a aussi son pont autoroutier à péage reliant les communes de Cocody et de Marcory à Abidjan. Fonctionnel depuis décembre 2014, l’ouvrage ultramoderne permet de désengorger la circulation dans la capitale économique ivoirienne, souvent en proie à des embouteillages monstres.

Comme la Chine, ces pays africains qui ont fait l’option de réalisation tous azimuts des infrastructures l’ont nettement ressenti sur leur croissance économique. Comme l’ont indiqué dans leurs récents rapports des institutions de développement comme la Banque mondiale, des pays comme l’Ethiopie, la Côte d’Ivoire, le Kénya, le Sénégal, le Rwanda, etc. ont accru en l’espace de quelques années leur rythme de croissance économique (au moins 6% l’an) ces dernières années, grâce notamment à ces investissements massifs dans les infrastructures.

Grégoire B. BAZIE

Burkina Demain

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