Dans quelles conditions les Ouagalais passent-ils ce dernier jour de 2018 qui se déroule dans un contexte particulier marqué par la cherté de la vie, le problème sécuritaire. C’est ce que nous avons voulu savoir en faire le tour de quelques endroits de la capitale. Le moins que l’on puisse dire, c’est que tous ne sont logés à la même enseigne. Pendant les uns crient «ça ne va pas du tout», d’autres par contre, se frottent les mains, tellement leurs affaires marchent. Reportage.
ll était 12h quand nous entamâmes notre périple en cette journée du 31 décembre 2018, histoire de prendre le pouls des affaires dans le capitale avant le passage à la nouvelle année 2019. Première escale dans un salon de couture 100% masculin au marché Nabi Yaar. Le patron des lieux de nous souhaiter la bienvenue en ces termes : « Non, je n’ai pas quelque chose à te dire ». Mais après insistance, il va laisser entendre qu’il coud les habits sur la base d’un programme bien déterminé et préétabli. «Pour les habits de fête, nous n’avons pas assez de préoccupations». Il continue en indiquant qu’ils n’y a que cinq (5) personnes dont leurs habits ont été cousus pour la fête.
«Dans l’ensemble, ça ne va pas»
« Le marché n’est aussi bon qu’on l’espérait», lâchera-t-il plus tard un autre couturier. A l’écouter le marché est morose par rapport aux années précédentes. En effet, pour lui, l’on pouvait dans les années précédentes travailler jusqu’à 23h, voire 00 h. Mais cette année, c’est complètement le contraire. Les gens préfèrent maintenant s’acheter de vêtements prêt-à-porter.
Certains sont venus lui donner, dit-il, leurs pagnes à coudre mais c’était trop tard. «J’ai néanmoins pris quelques- uns pour travailler. Sinon dans l’ensemble, ça ne va pas ».
Une cliente sur les lieux, d’ajouter avec fermeté : «ça ne va pas du tout. Sinon pourquoi je serais ici pour réparer un ancien pantalon déchiré pour mon fils».
« Je reçois beaucoup de clients»
Pour Oussou, puisqu’il se fait appeler ainsi, vendeur de vêtements prêt-à-porter, cette année le marché est bon par rapport à l’an précédent. «Moi, en tout cas, je reçois beaucoup de clients surtout dans la soirée».
Dans les salons de coiffures aussi, c’est le même chant «ça ne va pas» qui est entonné. « Des refrains comme rien ne va » se faisait entendre. « Depuis matin je suis assis seulement, pas de visiteurs». « Ça ne va pas ».
Bousculades à ’Katré yaaar’’
Mais, un peu plus loin, au quartier ‘’Katré yaaar’’, il fallait braver les bousculades pour pouvoir s’approvisionner en condiments et autres. Approchée, une vendeuse de condiments, Samira Bouda, dit recevoir chaque jour des clients jusqu’au point où elle dort même là-bas. Car, « il y a trop de condiments et je ne peux pas les amener à la maison et les ramener le lendemain».
Mais, il inutile d’oublier que tout le monde est autorisé à fêter. Pour ce faire, selon le propos de Samira Bouda, un voleur vient se ravitailler en condiments frais chaque nuit chez elle.
«Marché acceptable»
Autre coin visité, le marché ‘’noonse yaare’’ ou marché de poulet. A en croire le vendeur de poulets et autres oiseaux de la basse-cour, Désiré Compaoré, le marché est acceptable cette année parce qu’il peut vendre plus 5000 poulets par jour. Avec un sourire aux lèvres, il soulignera qu’il y a vraiment de clients qui viennent. Le nombre de ses clients -là était tel que nos échanges ont été à maintes reprises interrompues afin qu’il puisse s’occuper de ses clients. On l’aura compris, tous n’étaient logés à la même enseigne. Ainsi vont les affaires.
Nicolas Bazié
Burkina Demain