A ce cinquantenaire du FESPACO se joue aussi l’avenir du cinéma africain. Ainsi, c’est autour du thème «Confronter notre mémoire et forger l’avenir d’un cinéma panafricain dans son espace, son économie et sa diversité», que cinéastes, hommes et femmes de culture, intellectuels planchaient le mardi dernier à la salle de conférence du CBC, dans le cadre du colloque international. Parmi les orateurs qui se seront fait remarquer figure Aminata Traoré, ancienne ministre du Mali et célèbre militante altermondialiste.
Ancien ministre d’Alpha Oumar Konaré entre 1997 et 2000, Aminata Dramane Traoré a saisi l’opportunité de ce colloque international organisé en marge du cinquantenaire du FESPACO pour réaffirmer ses convictions sur l’Afrique à l’ère de la mondialisation. Les pays africains, assure-t-elle sont «perdants» dans cette mondialisation qui profite aux pays occidentaux car, n’ayant pas les moyens de tirer de ce système imposé et qui est à l’origine des difficultés que vivent les masses africaines. A l’écouter, c’est les Programmes d’ajustement structurel (PAS) imposé à nos Etats par les institutions de Brettons Wood qui sont à l’origine de la paupérisation des masses africaines.
Venant de sa part, c’est loin d’être une surprise. Certains même pourraient même parler d’attaque en règle contre les occidentaux car la position de Dame est connue depuis longtemps.
Sur l’avenir du cinéma africain et la possibilité des cinéastes africain de contribuer à sortir les Africains de l’ornière, Docteur Aminata Dramane Traore reste dubitative, surtout quand elle regarde les conditions de la production cinématographique africaine aujourd’hui, encore tributaire des financements des pays du Nord.
Ces financements conditionnés ne vont pas toujours, note-t-elle, dans le sens des intérêts des Africains. Ce qui fait que les cinéastes sont souvent obligés de s’aligner sur les priorités des bailleurs qui ne sont pas toujours celles des populations africaines. Les cinéastes gagneraient plus, assure-t-elle, à mettre en valeur les potentialités africaines. Elle a pris l’exemple du coton qui est beaucoup produit dans son pays le Mali mais peu transformé sur place.
Martin Philippe
Burkina Demain