Le procès du putsch a déjà franchi le cap d’une année. Dans cette compilation de faits et gestes du pan important de ce procès historique, Hermann Bado nous fait revivre les points chauds, les petites phrases, les grandes déclarations, les passes d’armes lors du passage à la barre de Djibrill Bassolé. Retour sur une semaine d’audition inoubliable du Général Bassolé.
«PROCES DU PUTSCH DU CND – PASSAGE DU GENERAL DJIBRILL BASSOLE A LA BARRE- RESUME D’UNE SEMAINE D’AUDITION : RETOUR SUR LES POINTS CHAUDS ; LES PETITES PHRASES ; LES GRANDES DECLARATIONS ; LES PASSES D’ARMES ! … CHACUN SE FERA SON OPINION
DEBUT : Mercredi 19 Décembre 2018
Demande de report du début de l’interrogatoire du Général BASSSOLE, par ses avocats (pour après les fêtes). Afin de permettre à tous les avocats de l’accusé de se réunir et compte tenu du calendrier des fêtes. Refus du parquet militaire et la partie civile. Echanges Houleux entre les parties.
-« Pour quelle raison on va accorder une suspension pour permettre à Djibrill BASSOLE de mieux préparer sa défense » : Me Pierre YANOGO de la partie civile.
-« Même si on ne respecte pas le Burkina, respectons la justice » : Me Guy Hervé KAM
Puis intervention du Général BASSOLE :
»Mr le Président, Commencez immédiatement mon interrogatoire, je suis là pour ça. Je serai plus à l’aise » : Général Djibrill BASSOLE
Le Président laisse les échanges se poursuivre…
Le président Tranche à la fin : place à l’interrogatoire et aux débats.
Le Président : Reconnaissez-vous les faits qui vous sont reprochés ?
– »Je ne reconnais pas les fais, je plaide non-coupable »: Général Djibrill BASSOLE
Le président donne la parole à l’accusé, sur ce qui s’est passé le 16 sept et jours suivants.
– « Je ne serai pas long, car à l’époque, mon emploi de temps n’était pas en lien avec les faits qui me sont reprochés » : Général Djibrill BASSOLE
– « le 16 septembre, j’ai reçu un message m’informant qu’il y a des arrestations qui se faisaient à la présidence. Mon tout premier réflexe a été de quitter Ouagadougou, pour ma résidence à Koudougou »
[Selon l’accusé, il a eu Le président Nigérien au Tél. C’est à la fin de la semaine de ces événements qu’il est venu prendre l’avion pour Niamey, sur demande du président nigérien Mamadou Youssoufou. Les échanges ont porté essentiellement sur la crise au Burkina.
Le lendemain, il est rentré à Ouagadougou où il est parti directement au domicile du général Gilbert Diendéré pour lui faire le compte rendu de son voyage à Niamey. En substance, le président nigérien a invité le général Gilbert Diendéré à accepter la résolution de la CEDEAO.
Après ce tête-à-tête avec Diendéré, l’accusé a confié qu’il est reparti à Koudougou.
Le 25 septembre 2015, constatant une amélioration de la situation sur Ouagadougou, Djibrill BASSOLE est rentré.
Le 28 septembre, c’est avec « stupéfaction et déception » que l’accusé déclare avoir appris le communiqué du gouvernement de la Transition qui l’a accusé de complicité à la résistance du RSP et aux groupes djihadistes. Ce même jour, il a su que sa résidence est encerclée par les forces de l’ordre. Le lendemain 29 septembre 2015, Djibrill BASSOLE est arrêté à son domicile.]lefaso.net
Questions du président du Tribunal, réponses de l’accusé :
[Avez-vous apporté une aide au Général Diendéré ?
-Général Djibrill BASSOLE : Non pas du tout. Lui-même n’avait pas besoin d’une quelconque aide. Nous sommes promotionnaires. S’il avait dans son agenda de perpétrer un coup d’État, il m’aurait informé. Je savais qu’il y avait une tension au sein du RSP depuis la mutinerie de 2011. Pour moi ce n’était qu’une énième crise.
Avez-vous soutenu financièrement le RSP pour passer à l’action ou consolider le coup de force ?
– Général Djibrill BASSOLE : Pas du tout. Certes ma fille (Fatouma Diawara, ndlr) m’a demandé de venir en aide aux familles des soldats du RSP, mais j’ai perçu cela comme une action sociale. Et c’était après la dissolution du RSP qu’elle m’a fait la demande. Mais je n’ai pas donné de suite favorable.
Et les 5 millions de francs CFA remis à Ismaël Diendéré ?
-Général Djibrill BASSOLE : Il m’a dit qu’ils ont des problèmes à la maison et que le vieux (Gilbert Diendéré, ndlr) a des problèmes. Par précaution, j’ai appelé sa mère. J’ai fait remettre la somme de 05 millions mais je n’ai pas informé le Général Diendéré.
A la barre, le Sergent-chef Koussoubé Roger a dit qu’il y avait trois (03) clans au sein du RSP dont le vôtre.
– Général Djibrill BASSOLE : C’est quoi un clan ? Sur le plan militaire, il n’y a pas de nomenclature appelée « clan ». Je n’en sais strictement rien. J’ai des connaissances au RSP, à la police et à la gendarmerie, mais je n’ai jamais fonctionné sur la base de clans. En dehors de votre question, j’ai lu dans la presse que j’étais le cerveau du putsch et que le Major Badiel Eloi est mon homme de confiance. Le Major Badiel, je ne l’ai connu qu’à la MACA.
Par mesure de sécurité, nous étions deux par cellule. Au début, je partageais ma cellule avec le Colonel Bamba Mamadou. Quand il a été mis en liberté provisoire, j’étais avec le Capitaine Dao Abdoulaye. Après lui, on m’a envoyé le Major Badiel. S’il y avait collusion, le Régisseur ne l’aurait pas mis dans la même cellule que moi. Même dans notre cellule, il ne m’a jamais dit ce qui s’était passé. C’est un homme réservé. En tant que Officier, je suis flatté que des officiers et sous-officiers me portent en admiration.
Avez-vous eu un entretien téléphonique avec Sidi Lamine Omar ? (Membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad, il est accusé d’incitation à la commission d’attentat à la sureté de l’Etat)
-Général Djibrill BASSOLE :-Je ne crois pas avoir eu d’entretien téléphonique avec Sidi Laminé Omar. Après les pourparlers de paix au nord Mali, il s’est avéré nécessaire que les mouvements signataires de l’accord de paix viennent rester à Ouagadougou pour suivre l’évolution. C’est une mission qui a été faite avec l’accord express de la CEDEAO qui a supporté les frais. Je n’ai jamais eu à travailler avec Sidi Lamine. C’est à la MACA que je l’ai connu.
Le Gouvernement de la Transition a pensé que Djibrill Bassolé, ancien ministre des affaires étrangères et médiateur est en train d’organiser des forces étrangères et groupes djihadistes. Ce que Sidi ne vous a pas dit, c’est qu’il lui a été demandé expressément de dire ses connexions avec moi pour conforter la position du Gouvernement dans ses accusations.
Avez-vous eu des conversations téléphoniques avec le Président de l’Assemblée Guillaume SORO ?
– Général Djibrill BASSOLE : Affirmatif ! Avec Guillaume Soro, d’abord d’une manière générale, nous nous appelons régulièrement lorsqu’il y a une situation en Côte d’Ivoire ou au Burkina. On échange sur ce qu’il faut faire pour trouver la solution.]lefaso.net
– »J’ai eu plusieurs entretiens téléphoniques avec G. SORO. Je ne peux pas de mémoire vous dire exactement le nombre d’appels » : D. BASSOLE
– »G. SORO a eu des appels téléphoniques avec tous les acteurs à l’époque, y compris M. ZIDA, et c’est d’ailleurs par G.SORO que j’ai connu M. ZIDA » : D BASSOLE
Est- ce que lors de vos échanges avec G. SORO, il a été question de mobiliser des forces extérieures pour déstabiliser le Burkina ? » Demande le président.
» Non, Mr le Président » D. BASSOLE. Et d’ajouter »A la date supposée où j’aurais voulu selon le gouvernement de transition et l’accusation, faire mobiliser des forces extérieures, les autorités de transition étaient de nouveau en place, avec un conseil des ministres tenu, le RSP était déjà dissous, et le Général DIENDERE avait baissé les armes. Quel aurait été l’intérêt en ce moment, d’une telle entreprise périeuse ? » D.BASSOLE
– »Qu’on arrête de tromper le peuple, en lui faisant croire qu’on a mis entre les mains du tribunal, un dossier propre, alors qu’il est sale » : Me Dieudonné Bonkoungou (Avocat BASSOLE)
– » Cette procédure est totalement entachée de faux »: Me Dieudonné Bonkoungou (Avocat BASSOLE)
– »Les pièces du dossier ont fait l’objet de soustraction et de manipulation » : Me Dieudonné BONKOUNGOU
– »Ce n’est pas une interception d’une écoute téléphonique » : Me Dieudonné BONKOUNGOU
– »Si on ne tourne pas en round, ce Mr devant vous, ne fera pas plus de 03heures à la barre » : Me Dieudonné BONKOUNGOU
– »Le juge d’instruction n’était pas libre dans cette procédure. Il était une victime » : Me Dieudonné BONKOUNGOU
– »Si on nous pousse à bout, vous verrez »: Me Dieudonné BONKOUNGOU
Lundi 07 Janvier 2019 et jours suivants :
Parquet militaire au Général Djibrill BASSOLE : vous avez dit la dernière fois, que les écoutes étaient fabriquées, manipulées. Et qu’elles ne proviennent pas d’interception téléphonique. Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer cela?
Général Djibrill BASSOLÉ :
Monsieur le Président ;
Monsieur le Conseiller ;
Monsieur le Général et messieurs les officiers supérieurs, juges assesseurs militaires ;
Qu’il me soit permis avant d’entrer dans le vif du sujet, de vous présenter à vous et aux membres de votre juridiction mes vœux de bonne et heureuse année. Je formule le vœu que la nouvelle année vous arme davantage de sagesse et de lucidité pour dire le droit dans toute sa pureté.
Je souhaite aux magistrats du parquet militaire, à l’ensemble du personnel de la justice militaire ainsi qu’au personnel d’appui de la gendarmerie nationale, une bonne année paisible et prospère.
Pour les parents des personnes décédées au cours des évènements du 16 septembre et jours suivants ainsi que les personnes blessées, que la nouvelle année leur donne l’occasion de tout savoir, de faire leur deuil et surtout de bénéficier d’une juste réparation des préjudices qu’ils ont injustement et sévèrement subis. En tout état de cause, je voudrais leur exprimer mes condoléances et toute ma compassion.
A leurs avocats (les avocats des parties civiles), je souhaite une année de persévérance et de réussite dans leur délicate et exaltante mission.
Aux avocats de la Défense, j’exprime mon admiration pour avoir eu le courage de se constituer aux côtés des accusés de ce procès, malgré un environnement hostile à bien des égards. Je souhaite que la nouvelle année voit leurs efforts couronnés de succès, en particulier celles et ceux qui, avec courage et abnégation, se sont engagés à défendre mes droits fondamentaux et à faire entendre ma cause.
Je présente mes vœux de bonne et heureuse année à mes parents et amis ici mobilisés et ailleurs pour me témoigner leur estime et leurs soutiens multiformes.
Et pour terminer monsieur le Président, je formule de bons vœux à mes co-accusés et codétenus civils ou militaires, particuliers ou politiquement engagés. Au moment d’entamer cette quatrième année de procédure pénale et de privation de liberté, je voudrais leur témoigner mes sentiments de solidarité face à l’épreuve que nous traversons. Que la nouvelle année 2019, loin d’affecter leur moral, consolide plutôt leur foi et leur confiance en Dieu. Puissent-ils élever leurs regards vers lui dans les circonstances particulièrement difficiles. De la haut, Dieu voit tout. Il entendra nos supplications et nous soulagera des souffrances injustes qui ont si souvent jalonné nos chemins.
Bonne et heureuse année à tous !!!
Général Djibrill BASSOLE: « Mr le Président, les » écoutes », la seule pièce dont dispose l’accusation, ont été imposées dans le dossier, dans le but de m’accabler et de m’amener devant vous. »
- BASSOLE : « Si on vous accuse d’avoir comploté au Tel. On s’attendrait à ce que l’accusation détient l’original de ces prétendues écoutes. »
-D. BASSOLE : « si ce sont de vraies écoutes, dites qui a enregistré ! Dites-le aux Burkinabè, si vous le savez. Peut-être même que vous l’ignorer vous-même ».
-D.BASSOLE : « Nous ne sommes qu’au début de mon interrogatoire. Mais le moment venu, nous dirons tout. Nous dirons d’où ça vient. Comment vous avez eu ces prétendus écoutes, ces éléments fabriqués. Tout cela parce qu’il y a un homme à abattre. »
-Général Djibrill BASSOLE: l’expert, votre expert vous dit qu’il n’est même pas capable de dire qu’il s’agit d’une interception d’écoutes téléphonique.
-Djibrill BASSOLE : « dites devant le peuple d’où ça vient. Au nom de la transparence, dites d’où ça vient. »
Réponse PARQUET : « on a déjà discuté de cela devant la chambre de contrôle de l’instruction. »
-Le PARQUET : « Si ces d’éléments sonores là, ont été fabriqués ou manipulés, à la fin du procès, ce sera au tribunal d’apprécier. »
-D. BASSOLE : « Voici des éléments sonores dont on ignore l’origine. Qui ont surgi de nulle part. Et dont votre propre expert vous dit, que ces éléments ne respectent pas les standards l’appels téléphoniques connus ».
Réponse PARQUET : « ce n’est pas l’avis du parquet. Ce n’est pas parce que les fréquences de l’élément sonore ne respectent pas les standards téléphoniques qu’il y a eu manipulation. »
(Morceaux choisis)… :
-Le PARQUET, dans une longue lecture (plus de 20 minutes), d’un document technique, ponctuée par des : canal A,… Spectromètre, canal B,… Acoustique,… Conclu par : donc vous voyez, il n’y a pas eu manipulation. Et demande, qu’est-ce que le Général BASSOLE en pense?
RÉPONSE BASSOLE: Je ne suis même pas sûr, que vous-même, avez compris ce que vous avez lu.
- BASSOLE : « je veux que les Burkinabe sachent tout, s’agissant de la fiabilité de ces prétendues écoutes ».
- BASSOLE : « le juge d’instruction a entendu tout le monde pendant 02 ans d’instruction, et a rendu son rapport. Et il y dit clairement, que BASSOLE n’est pas impliqué dans le coup. C’est vous le parquet qui vous êtes opposés ».
- BASSOLE : « Les officiers de police judiciaire, ont tout perquisitionné chez moi. Ils sont montés sur le toit de ma mère, pour voir si je ne cachais pas des armes. Ils ont même démonté les interrupteurs pour voir. Ça n’a absolument rien donné.
Je veux qu’on note pour l’histoire, que moi BASSOLE je n’ai jamais accepté de travailler dans l’irrégularité. »
Général D. BASSOLE au PARQUET, sur les »écoutes »: « C’est vous qui dites que C’est SORO qui a parlé. Est-ce que SORO vous a dit que c’est lui qui a parlé ?
-Mr le Président, le PARQUET sur le dossier, n’a que cet élément sonore, dont ils sont incapables de dire d’où ça vient.
..(Pour l’authentification), Même la comparaison des voix, demandé par le juge n’a pas été faite. Même moi qui suis détenu ici, la comparaison de ma voix n’a pas été faite. Encore moins la voix du Président SORO.
-Je vous demande de revenir sur le terrain du droit et de la Vérité »
- BASSOLE : « C’est vous qui m’avez dit que SORO a dit. Et vous me demandez à moi ce que j’en pense de ça? Mais franchement ! »
-Général D. BASSOLE : « Je vous ai fait la démonstration que ces éléments sonores n’ont aucune fiabilité ».
-D. BASSOLE : « Je suis devant vous Mr le Président. Et cela fait 04ans que je suis détenu, et je pense que le moment est venu de dire de façon précise au peuple Burkinabè ce qui m’est reproché. Qu’on me dise sur le chef d’accusation d’attentat à la sûreté de l’Etat par exemple, ce que le parquet détient comme éléments de preuves contre moi. »
-Le PARQUET, a procédé à la lecture successive et sans interruption, pendant plus de 02heures de retranscriptions de ce qu’il dit avoir comme »écoutes » de BASSOLE. Et demande à la fin questionne: Qu’est-ce le Général BASSOLE pense de ces » écoutes »? Sont-elles conformes aux faits?
-Réponse D. BASSOLE : « Cette lecture fastidieuse est franchement inutile. C’est justement ce genre d’exercices inutiles dont je parle. Tout ça est sur internet. Tout le monde est au courant. C’est cette même confusion, auquel le parquet se livre depuis mon attestation, afin d’induire en erreur une certaine opinion. »
-D. BASSOLE : « Même au début, vous disiez, BASSOLE n’est pas impliqué dans le coup, Mais il y a les écoutes ! Vous n’avez que ça. Mais le moment venu, nous, nous dirons aux Burkinabè où ça été fabriqué »
-Le PARQUET Militaire: « Qu’est-ce qui est falsifié dans les écoutes ? »
-Réponse BASSOLE : « Tout est mauvais. Même votre expert vous dit que votre affaire vient d’Internet. Vous voulez que moi je vous dise quoi ? Tout est mauvais dans ce que vous lisez. »
-D. BASSOLE : « Il ne s’agit pas d’écoutes autorisées par le juge d’instruction, mais d’enregistrements copiés sur Internet. Des enregistrements produits et mis sur Internet par on ne sait qui. C’est là l’énigme. »
-D. BASSOLE : « Concernant ces enregistrements sauvages, ne me demandé pas de commenter ça avec vous, parce que là, nos chemins vont se séparer »
-Le PARQUET : En réalité Le Général BASSOLE a tenté de faire un coup d’état, dans le coup d’état !
-D. BASSOLE : « Moi-même je suis embrouillé maintenant ! Je ne sais vraiment plus où vous voulez en venir. »
-Le PARQUET: « Avant la date du 25 septembre, on n’avait rien à reprocher au Général BASSOLE. Mais pour lui, tout a commencé à partir du 25 septembre. »
-D. BASSOLE : « Jamais, aucun des sous- officiers, ni BADIEL, Ni Rambo, Ni Nion, ne peuvent dire que moi BASSOLE, J’ai été en contact avec eux, pour les inciter à quoique ce soit. Au grand Jamais. »
-Le PARQUET : Vous dites qu’aucun des co-accusés ne vous a cité. Et pourtant le sergent-chef Koussoube (Touareg), a bien parlé de clans de BASSOLE au RSP. Qu’en dites-vous ?
-Réponse D. BASSOLE : « la notion même de clans m’est totalement inconnue. Le Touareg, reviendra à la barre vous pourrez lui demander plus d’explications. Mais je note que quand le sergent-chef Koussoube parlait ici, vous le Parquet, étiez les seuls à être intéressés. Et vous vous disiez certainement, ENFIN ! On a quelque chose à se mettre sous la dent, contre le fameux Général BASSOLE ! »
Incident au Tribunal Militaire : le Président demande à la sécurité d’évacuer la partie de la salle à sa gauche ! Explications :
Me Prosper Farama, 30 minutes avant la pause de 13h, commence à raconter une histoire, autour des Américains ! Il dit avoir entendu de la défense, que les écoutes ont été fabriquées par les Américains ! Il reparle, insiste. Il dit que ce sont les conseils du Général BASSOLE qui l’ont dit! Puis il demande au Général BASSOLE, Si à l’époque où il était ministre de la sécurité, ils avaient recours à des pays étrangers, pour faire des écoutes ?
-D. BASSOLE : « Je vois où vous voulez en venir. C’est justement ce genre de dérives complètement inutiles, loin du sujet, qui font que justement je suis prudent et refuse de répondre à certaines questions. Qui ici a parlé des Américains ? Qui? Si vous voulez parler d’Américains, c’est votre affaire ! Mais moi, je ne répondrai Pas. (Fortes acclamations d’une partie à gauche de la salle !)
-Le PRÉSIDENT : sécurité, évacuez la salle à ma gauche ! Vous pourrez revenir après la pause.
Face au refus du Général de commenter les ‘’écoutes’’ :
-Le PARQUET Militaire: « Si le Général BASSOLE a oublié, c’est humain ! On ne peut pas en vouloir à un homme d’avoir oublié. »
-Réponse BASSOLE : « ne vous y trompez pas. Si je refuse de répondre à certaines questions, ce n’est pas une question de mémoire, c’est une question de principe. »
-Avocat D. BASSOLE : « La recherche de la condamnation à tout prix, ne permet pas tout. La fin ne justifie pas les moyens. »
-Avocat D. BASSOLE : « dire: si BASSOLE ne montre pas que ces écoutes sont faux c’est qu’elles sont vraies, cela revient à demander à Mr BASSOLE de démontrer son innocence et cela est intolérable. C’est au ministère public de prouver la culpabilité. Et là, il y a 03 questions simples, auxquelles le ministre public ne sait pas répondre:
1- Ces éléments sonores sont-ils des conversations téléphoniques ? L’expert Kunzen, dit que ces éléments sonores ne sont pas des conversations effectuées avec un téléphone. … Normalement, l’officier de police judiciaire qui aurait réalisé ces prétendues écoutes, devait être là devant vous, pour le dire sous serment.
2-Les personnes sur ces éléments sonores sont-ils ceux qui sont ici? Comment voulez-vous que l’accusé de prononce sur des éléments sonores, alors même que le ministre public est incapable d’en établir la nature ? Il appartient au parquet d’établir de façon certaine qu’il s’agit bien d’écoutes téléphoniques et pas autres choses.
3-A quelle date ces éléments sonores ont-ils été réalisés ? Il n’y a aucune date. J’ai cherché, il n’y a aucune date. »
-Me KAM Hervé, demande à introduire une nouvelle pièce. Vue l’épaisseur de la pièce, Me THIAM (Avocat D. BASSOLE), demande une pause d’01Heure, pour en prendre connaissance. Le président accorde 30min.
-Me KAM : « Est-ce que Le Général BASSOLE connaissait le Commandant DAMIBA ? »
-Réponse Général BASSOLE : « Me KAM est-il l’avocat de quelle partie ? »
-Réponse Me KAM: « Cela n’a aucun intérêt »
-Réponse BASSOLE : « Alors je ne vois aucun intérêt à répondre à vos questions. »
…
-Me KAM: « Le Général BASSOLE a distribué des millions au moment du coup, cela prouve qu’il a soutenu le RSP ! »
… Me KAM : « – Le Général parle d’écoutes, sauvages, illégales, manipulées, fabriquées. Je veux savoir, parce qu’une écoute sauvage, illégale, n’est pas forcément fabriquée. »
-Me KAM : « Dans une plainte à la CEDEAO, le Général BASSOLE, par ses conseils, s’est plaint que sa Vie privée a été violé. Et donc il reconnaît qu’il a été écouté!
Quelqu’un qui reconnaît qu’il a été écouté, est ce que si c’est sa voix ou pas, est ce que si c’est à telle date ou pas, cela n’a plus d’importance. »
-Me KAM: « La technologie aujourd’hui peut tout faire. On peut prendre votre voix, et vous faire dire ce que vous n’avez pas dit. Vous auriez dû demander une contre-expertise. »
-Me KAM : « l’expert au grand jamais, ne dit pas que les éléments sonores viennent d’Internet, ont été copiés sur internet. Au grand jamais ! Ça c’était en cours de procédure. Il dit juste qu’il ne connaît pas la Source de l’audio.
Et l’expert dans une lettre précise qu’il a bien dit, que c’est une communication via internet ! »
-Me Prosper FARAMA : « Nous ne sommes qu’à la phase de l’instruction et à la plaidoirie, nous reviendrons à la fiabilité des écoutes.
– Vos conseils ont insinué à la CEDEAO que les écoutes constituent une immixtion dans votre vie privée. Quels commentaires faites-vous? »
Réponse D.BASSOLE : « Revenir sur ces éléments sonores, je ne souhaite vraiment plus entretenir une quelconque polémique autour de ces éléments sonores. »
-Me Pierre YANOGO (Partie Civile) : « Pourquoi vous laissez la hiérarchie de notre armée, et vous vous adressez à des étrangers ? Raison pour laquelle la CEDEAO est venue ici ! »
-Réponse D. BASSOLE : « Mais franchement, au nom de quoi, je devrais parler à un tel et pas à tel autre ? On est libre de parler avec qui on veut, non? »
-Partie Civile : « est-ce que vous étiez au courant de crises au RSP ? »
-D. BASSOLE : « je suis ici pour répondre de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, le 16 sept. et jours suivants. Si les questions peuvent intéresser ce point précis, ce serait bien. »
-Partie Civile : « Donc vous n’avez pas vue venir ce qui s’est passé le 16 sept. ?
-Réponse D. BASSOLE : « J’étais en disponibilité, j’étais engagé en politique, je n’étais pas dans le commandement pour voir venir quoique ce soit. »
-Partie Civil: « on vous sait très informé Mon général. Avec toutes les informations dont vous disposiez, comment n’avez-vous pas pu voir venir, ce qui s’est passé le 16sept. et jours suivants ? »
-Réponse D.BASSOLE : « Bon D’accord, je n’étais pas parfait ! Je n’ai pas vu, mais c’est arrivé. »
-Partie Civile : « Quel rôle avez-vous joué au Burkina dans votre carrière ? »
-Réponse BASSOLE : « c’est une question intéressante. Hors procès, en d’autres circonstances, pour la postérité, et si Dieu nous donne de vieux jours, on pourra écrire des mémoires. Mais là, non! »
Lors de l’audience du 08 Janvier 2019, certaines informations ont été données par les avocats de la défense. Il a été dit:
(Morceaux choisis) :
-Les soldats qui ont fait mouvement vers Ouagadougou, c’était 05 corps de notre armée, sur 12.
-Ceux des chefs qui n’ont pas fait mouvement (Pô, Doris, 02 Corps à Bobo, …) ont été convoqué pour s’expliquer, alors que la hiérarchie leur a dit qu’il n’y avait pas d’ordres.
-Le Commandant DAMIBA (aujourd’hui Lieutenant-col), à l’époque Chef de Dori, au début Suspect dans le dossier, a bénéficié d’un non-lieu. Il est juste maintenant attendu à la barre comme témoin à charge du Parquet.
-A l’instruction, le Général BASSOLE, a demandé une confrontation avec le Commandant DAMIBA. Refus du juge d’instruction.
-Il a été dit que le Col-Major KERE aurait, du 16 au 27 septembre, reçu Six mille cent dix-huit (6.118) appels.
-D. BASSOLE (parlant de sa Liberté Provisoire …) : « je ne fuirai jamais. Un Général ne fui jamais. Même devant un peloton d’exécution. C’est vrai que j’aurai aimé aller me soigner et revenir, et ça n’aurait gêné personne. »
SÉQUENCE INTENSE, ENTRE LE PARQUET MILITAIRE ET LE GÉNÉRAL BASSOLE – Le 09 Janvier 2019:
-Le PARQUET : « Ce matin, dans vos pistes de solutions vous avez dit qu’après le putsch manqué, que si vous aviez un pouvoir quelconque au sein de la hiérarchie militaire, si vous deviez en décider, vous n’auriez pas engagé de poursuites, pour un procès sous ce format. Pour une personnalité aussi importante de ce pays, je m’étonne qu’il tienne de tels propos Mr le Président. Mais il est libre de s’exprimer.
Je ne sais pas si le Général veut réagir ? Est-ce que vous pensez aux victimes ? »
-Réponse Général BASSOLE : « Ok. Merci. Je pense justement que pour réaliser les droits des victimes, il n’y a pas mieux que l’État lui-même pour les dédommager. Moi Je l’aurais fait depuis l’an-N°1. D’ailleurs la CEDEAO, avait proposé de l’argent, beaucoup d’argent pour les victimes.
Ce n’est pas utile pour ma défense, mais je souhaite faire des précisions: Vous savez, les rancœurs dans notre armée étaient très fortes depuis la crise de 2011. Le reste de l’armée en voulait au RSP pour les avoir combattus et désarmés en 2011. Ces rancœurs sont restées tenaces. Et au moment de l’insurrection, le risque d’affrontements entre le RSP et le reste de l’armée était total. Le Général Nabere TRAORÉ est venu me voir de 05h à 07h du matin, je l’ai persuadé de laisser la place au Lieutenant-col ZIDA, afin d’éviter un affrontement fratricide entre le RSP et les autres corps. Parce que les éléments des autres corps menaçaient eux aussi et refusaient que le Général TRAORE lâche l’affaire. Je l’ai donc persuadé que c’était la meilleure chose.
C’est plus tard que les choses ont dégénéré.
Le lieutenant-col ZIDA n’ayant pas réussi à soumettre le RSP à sa dévotion, a décidé de les démettre.
Mr le Président, c’est l’Etat du Burkina lui-même, qui est allé se mettre entre les mains du RSP. Pourquoi aller mettre nos affaires entre les mains du RSP, et quand une bagarre éclate au RSP, on crie à l’attentat à la sûreté de notre Etat ?
Vous savez pour vous dire les choses, Ce procès à un effet dévastateur sur notre armée. Toute la fine crème de notre armée est concernée par ce procès. Toutes les générations de notre armée sont représentées à ce procès. Et Cela fait 01an que le procès dure et la procédure depuis 4ans. C’est vrai, moi je suis au trou, mais je suis au courant et je peux vous dire que toute l’armée est suspendue à ce procès, et n’est plus concentrée sur sa mission première.
Parce que je peux vous dire que cette menace au nord du pays, n’est pas hors de portée de notre armée. Non.
Mais il y a beaucoup de méfiance actuellement dans notre armée. Et aussi vis à vis des ex-RSP. Toute la journée, on montre des éléments de l’ex-RSP, (attention à lui !), Ou va-t-on avec ça ? C’est cela la conséquence aussi de ce procès. L’armée a besoin de cohésion surtout dans le contexte actuel.
Loin de moi de vouloir promouvoir l’impunité, de toute façon c’est trop tard, on est dans le procès, on va aller jusqu’au bout, je souhaite juste que le parquet prenne cela en compte.
… Si je devais décider, et je ne sais pas ce qui prévue dans la procédure en cours en la matière, mais j’aurais depuis longtemps autorisé un forfait important pour les parents des victimes et les blessés, pour les soulager en attendant. »
-Le PARQUET : « vous voulez réduire tout à l’argent, vous pensez qu’avec l’argent on peut tout faire ? »
-Réponse D.BASSOLE : « Je ne dis pas qu’il faut tout réduire à l’argent. Je me dis juste que c’est des choses qu’on peut régler rapidement en attendant. Je pense que si un blessé reçoit 10millions aujourd’hui en attendant, il sera content! Ça peut le soulager.
Plutôt que de venir ici, écouter un français qu’il ne comprend peut-être même pas. »
…
-D. BASSOLE : « depuis que j’ai commencé à parler ici, je dors bien! Je me sens soulagé. »
-Me Dieudonné. BONKOUNGOU (avocat D. BASSOLE) : « Pendant l’instruction, on était prêt de le libérer Mr le Président. Mais on a dit à Mr BASSOLE, toi et tes partisans là, parlent trop. S’ils continuent comme ça tu ne seras jamais libre. »
-Me D. BONKOUNGOU (avocat de D. BASSOLE): « Mr BASSOLE est victime de sa prétention d’être Président de ce pays. »
-Le PARQUET militaire: « parlant de la procédure, tout n’est pas négatif Mon Général ! Comme c’est une œuvre humaine, on n’a pas la prétention de dire que tout est parfait ! »
-Le PARQUET : « Vous nous demandez à nous le parquet de faire venir ici les Officiers de Police judiciaire (il s’agit des gendarmes qui ont emmené les éléments sonores à la justice), en violation des textes, pour nous dire l’origine des écoutes ? Comment ils les ont eu ces éléments ? Mais il y a le secret professionnel ! Nous ne pouvons pas faire ce que vous nous demandez!
Oui, l’expert à bien dit qu’il est possible que l’appel est été fait via internet. D’autres experts pourront peut-être mieux nous l’expliquer. Mais le travail de l’expert, nous, nous suffit. »
-Réponse BASSOLE : « Parlant de secret professionnel, j’étais loin d’imaginer entendre ça. Mr le Président, devant vous, nous sommes obligés de discuter contradictoirement. Comme on dit chez nous »le jour de l’accouchement, il n’y a plus de honte ». Ces éléments sonores là tout le monde le sait déjà, ça y est sur internet ! Il est où le secret ? (Au parquet) Vous êtes mal placé pour nous parler de secret aujourd’hui. Soyons transparent, soyons Claire.
Et je vous le dit, ne mêlez pas les Officiers de police judiciaire (OPJ) de la gendarmerie nationale à votre affaire. Les pauvres, ils n’y sont pour rien ! Les OPJ n’ont trouvé ça nulle part. On est venu le leur donné (sur une clé). Si non dites devant le peuple, Voici les éléments de preuves, voici comment on l’a obtenu ! »
-Réponse PARQUET : « Le Général dit qu’on est venu le leur donné. Nous ne pouvons pas dire le contraire. Mais devant la chambre de contrôle, cela a été amplement discuté ! »
-D. BASSOLE (au parquet): « l’état-major particulier de la présidence, les principaux responsables des renseignements sont ici dans cette salle. Je vous dis, Ils n’ont pas fait ces écoutes. On va vous le démontrer, on va vous le prouver, ne vous inquiété même pas. »
-Général D. BASSOLE : « Mr le Président, vous savez, par les temps qui courent, je suis gêné que moi un Général, je sois obligé de dire ici comment les services de renseignements de mon pays fonctionnent. »
-Le PARQUET Militaire: « Au moment de l’insurrection, vous dites avoir parlé avec les acteurs. Pourquoi alors vous n’avez pas dit au Général DIENDERE, de dire à ZIDA, de retourner en caserne ?
-Réponse D. BASSOLE : « Si Quelqu’un prend les armes pour s’imposer, ce n’est pas une injonction qui peut le faire reculer. Quand le Lieutenant-col ZIDA, m’a appelé de le soutenir, moi après avoir parlé à certains camarades, je me suis dit que c’est au Général TRAORE que je devais parler, pour le persuader de laisser. Et comme cela s’est réglé, on s’est dit que les choses allaient normalement bien se passer.
Et à 02 reprises, rentrant de voyage je me suis entretenu avec le Lieutenant-col ZIDA. C’était important, surtout pour nous autres qui avons décidé de nous engager en politique.
On s’attendait vraiment à ce que à la fin de la transition, le Lieutenant-col ZIDA vienne voir la hiérarchie militaire, pour dire, voilà on a géré la transition, voilà ce qu’on a fait, nous souhaitons la cohésion de l’armée,…
Mais Vous voyez aujourd’hui, Tout le monde se cherche : les DIENDERE là sont en prison, les ZIDA là sont là-bas dehors, bon les BASSOLE là sont en prison ! (Éclats de rires dans la salle !), Voilà ! On ne peut pas dire qu’on est tiré profit de toute cette complication. »
-Général D. BASSOLE : « j’ai 40ans de services aujourd’hui. Cette armée que je connais, ce n’est pas des groupuscules qui circulent à motos et qui posent des mines, qu’elle ne peut pas arrêter. C’est qu’aujourd’hui, la fraternité d’armes a été totalement ébranlée. »
…
-Me Y. THIAM (avocat D. BASSOLE): « Quand on prend les fameuses écoutes, avec SORO, à supposer même qu’elles aient existées. Supposons. Et Quand on enlève les paroles de Celui qui se fait passer pour SORO, pendant la communication celui qui se fait passer pour BASSOLE, en 16minutes, ne fait que dire : Hum ; d’accord ; oui oui; oui c’est ça ; heouu; oui; tout à fait ; voilà ; ok. (Et ceux plus de 100 fois). Des oui, humm, ok, tout à fait, n’a jamais bâtis un Dossier solide ! Et c’est pas ici, au Burkina Faso que ça va commencer. »
-D. BASSOLE : « C’est par Guillaume SORO, que j’ai connu ZIDA. Guillaume de passage à Ouaga à sa résidence, je suis passé le voir. C’est là qu’il m’a présenté ZIDA. Un jeune, il était capitaine ou Commandant à l’époque. Et Guillaume m’a dit : lui là c’est mon frère, il est tout pour moi. »
-D. BASSOLE : « Les éléments sonores ont été fait et publié à la suite d’un deal raté, entre ZIDA et SORO »
-D. BASSOLE : « Jamais je n’ai fait plus de 03 à 06 minutes au téléphone avec SORO. Quand j’ai appris qu’un élément sonore circulait, la durée de 16 minutes publiées, m’avais beaucoup surpris. »
-D. BASSOLE : « Si on me demande, si j’ai parlé avec Guillaume ou avec Gilbert, je réponds par l’affirmative ! Mais dire, que j’ai eu un Appel ou même des appels avec X, ne veux absolument pas dire que ce que vous avez comme éléments sonores, ce sont les mêmes écoutes, et sont fiables. C’est aller trop vite en besogne. »
-D. BASSOLE : « Guillaume est un frère pour moi, nous sommes vraiment très proches. Quand j’étais en liberté, nous ne pouvons pas faire 01 semaine sans nous parler. »
-Général D. BASSOLE : « il y a comme une envie irrésistible de juger, l’ancien membre du régime COMPAORÉ, que je suis. »
-Me BARRY (avocate de D. BASSOLE): «la légalité est une question de pouvoir. L’apartheid était légal, la shoah, la colonisation étaient légales. C’est Celui qui a le pouvoir du moment qui dit ce qui est légal! »
-Me BARRY (Avocate D. BASSOLE): « Mr le Président, nous vous exhortons à ne pas céder à la pression politique. Les victimes réclament justice. Le parquet réclame justice. Nous aussi nous réclamons justice. »
-Me D. BONKOUNGOU. (Avocat de BASSOLE): « Mr le Président, comment se fait-il que le 25 septembre, Mr ZIDA dispose d’une écoute nommé BASSOLE- SORO, qu’il fait écouter à certains membre du gouvernement en réunion, alors que dans le Dossier d’accusation, l’appel date du 27 septembre? C’est là la manipulation. (Des ministres de la transition ont dit au juge d’instruction que le PM ZIDA leur a fait écouter en réunion des éléments sonores SORO-BASSOLE, dès le 25 sept) »
– Me A. OUEDRAOGO (Avocate D. BASSOLE): « l’administration de la preuve doit se faire sans ruse, de façon loyale, sans stratagème. »
-Me A. OUEDRAOGO (Avocate D. BASSOLE): « le juge d’instruction, a dit : il n’y a pas d’original (de l’élément sonore). »
-Général D. BASSOLE : « Reconnaissons donc, que ceux qui ont fabriqué ces éléments, ce sont les mêmes qui ont réussi à l’imposer au juge d’instruction, et vous vous utilisez ça comme éléments de preuves. Mr le Procureur, je sais qu’en d’autres circonstances, si c’était un autre accusé, ces éléments n’auraient jamais été reçus dans ces conditions. Mais comme il s’agit de BASSOLE, tout est permis, il faut l’accabler au maximum. Comme c’est le tribunal militaire face à BASSOLE, tout est possible, tout est acceptable. »
Après 02 tours de paroles, le parquet et la partie civile souhaitent à nouveau poser des questions. Incompréhension de la défense du Général. Tous les accusés avant le Général ont eu droit à 02 tours de parole maximum. Pourquoi un traitement spécial quand il s’agit de BASSOLE ? S’insurgent- ils D’autant que 02 des avocats hospitalisés ont forcé sortir de l’Hôpital, pour venir terminer l’audition et un autre à déjà confirmé son vole retour, pour d’autres engagements pensant que c’était la fin.
Pour la partie civile et le parquet, aucun texte ne dit qu’on doit faire 01 tour de parole ou 02 tours et pas plus.
Face, aux exigences de l’accusation, Me BARRY (avocate de BASSOLE) demande dans ce cas au Président, de reporter l’éventuel 3ème tour de parole de quelques jours, le temps que les malades recouvrent la santé.
Le président accorde une suspension d’audience de quelques minutes, pour que les avocats concertent leur client. Au retour du tribunal, les avocats ne sont plus dans la salle. Le président constate, et demande à l’accusé de rejoindre sa place.
Nous recevrons plus tard le mot de fin du Général BASSOLE, que voici :
« Monsieur le Président ;
Monsieur le Conseiller ;
Monsieur le Général et ;
Messieurs les Officiers supérieurs, juges assesseurs militaires ;
Vous m’avez, pendant près de deux semaines qu’a duré mon interrogatoire, permis de m’expliquer sur les chefs d’accusation de complicité à la sureté de l’Etat, de meurtre, de coups et blessures volontaires et de trahison.
A mon humble avis, ce débat assez vif par moment ne fait que confirmer le constat que nous faisions à savoir qu’aucune constatation, aucun fait matériel n’établit ma culpabilité, pas plus qu’aucune déclaration de témoin ou de co-accusé ne me met en cause.
L’accusation, dans l’impossibilité d’administrer la moindre preuve se cramponne à des éléments sonores dont nous vous avons largement démontré le caractère illégal et les origines douteuses. Il est ahurissant qu’une justice puisse utiliser de tels enregistrements manipulés comme seul élément de preuve dans un procès pénal.
Au total, monsieur le Président, je clame mon innocence comme je l’ai fait dès le premier jour de mon arrestation et au début de l’acharnement politico-judiciaire dont je suis victime.
Qu’il me soit permis de témoigner ma grande satisfaction et ma reconnaissance :
✓ au Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire ;
✓ à la Cour de justice de la CEDEAO pour avoir décidé de me faire bénéficier de l’assistance de mes avocats étrangers que la justice militaire avait évincés ;
✓ à tous ceux qui se sont mobilisés à l’intérieur comme à l’extérieur du Burkina Faso pour m’apporter leur soutien et me soulager d’une privation de liberté dont, le caractère arbitraire ne fait plus l’ombre du moindre doute.
Monsieur le Président, au cours du débat, je me suis refusé de répondre à certaines questions uniquement pour des questions de principe. En effet, discuter de mes soit disant propos contenus dans des enregistrements sonores aux origines douteuses n’est pas convenable. J’ai préféré comme je l’ai fait tout au long de la procédure judiciaire, me démarquer d’une manœuvre irrégulière aussi flagrante.
Je me suis également abstenu de répondre aux questions des avocats des parties civiles pour éviter les propos passionnés à connotation fortement politique qui auraient inutilement surchauffé les esprits et dégradé la qualité de notre débat qui se veut strictement judiciaire.
Je voudrais néanmoins, réitérer toute ma compassion aux familles des personnes disparues ainsi qu’aux blessés. Je reste persuadé que la meilleure formule pour les soulager de leurs souffrances est que l’Etat qui est le premier responsable de l’ordre et de la paix publiques, répare les préjudices qu’ils ont subis en attendant que la procédure judiciaire, s’il y a lieu, identifie et punisse les responsables de meurtre, des coups et blessures volontaires et autres dégradation des biens qui les ont éprouvé ; indépendamment des poursuites relatives à l’attentat à la sureté de l’Etat.
Monsieur le Président, tout au long de ce débat, j’ai concentré mes efforts sur ma défense afin de vous démontrer que je n’ai en aucune manière commis les infractions qui me sont reprochées. J’ai aussi tenté avec votre indulgence de présenter mon analyse sur la situation politique et militaire qui a abouti au coup de force du 16 septembre et jours suivants.
Même en ces moments ultimes de procès pénal, je reste persuadé que la force du dialogue aurait permis de préserver la cohésion et le caractère opérationnel de notre armée au regard surtout de la situation de sécurité que connait le Burkina Faso. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Je formule le vœu que les différents protagonistes se retrouvent pour consolider le socle précieux de notre armée basé sur la discipline rigoureuse et la solidarité fraternelle.
En tout cas, pour tous mes co-accusés civils comme militaires qui sont essentiellement victime des turbulences politico-militaires et de leur règlement de compte, j’ai envie de dire ; quel gâchis !
Monsieur le Président et messieurs les membres du tribunal, je voudrais terminer en vous remerciant pour votre sens de l’écoute et votre patience. Je souhaite que vous demeuriez lucides et vigilants pour la suite. Puissent les vertus de la vraie justice anéantir les affres de l’intrigue et de la manipulation politicienne !!!
Djibrill BASSOLE »
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Ouagadougou le 28 Février 2019
Une Compilation faite par Hermann BADO
Email : Hermannbado1@gmail.com