Mohamed Bazoum a été investi ce dimanche 31 mars candidat à la présidentielle de 2021

C’est officiel. C’est le tout-puissant Mohamed Bazoum qui représentera le parti au pouvoir nigérien à la présidentielle de 2021. L’homme d’Etat a été investi ce dimanche 31 mars à Niamey.

Mohamed Bazoum au cours du congrès extraordinaire d’investiture

Le 12 avril prochain, cela fera exactement 3 ans que Mohamed Bazoum le poste stratégique poste de ministre d’Etat,  ministre de l’intérieur, de la sécurité publique, de la décentralisation et des affaires coutumières et religieuses. Eh bien !, depuis ce dimanche, il fait officiellement office de candidat déclaré de la majorité présidentielle à l’élection présidentielle de 2021. Il a en effet investi ce 31 mars à l’issue d’un congrès extraordinaire du PNDS, parti au pouvoir.

Ancien professeur de philosophie, Mohamed Bazoum est présenté comme un ‘’socialiste de conviction’’,  syndicaliste et homme politique ‘’proche du peuple’’ et ‘’engagé ‘’ pour les bonnes causes au plan national et international dont les plus mémorables sont  la conquête démocratique à la conférence nationale (1991) et les luttes contre le recul démocratique en 1996 et  la prolongation anticonstitutionnelle du mandat du président Tandja (2009).

Né en 1960 à Bilabrine (Diffa, Est) dans une communauté nomade, Bazoum semble nourrir de grandes ambitions pour le Niger.

Bazoum sait d’où il vient et où il va avec le Niger

Mohamed Bazoum a été investi ce dimanche 31 mars candidat à la présidentielle de 2021

A la lecture de ce discours de clôture du candidat investi, l’on peut dire que Mohamed sait d’où il vient et où il va.

«Discours de clôture devant les délégués au congrès d’investiture du PNDS

Chers Camarades,

C’est avec une grande émotion que j’ai suivi la lecture des résolutions des fédérations, des coordinations des sections de l’extérieur, de l’OFT et de l’OJT ainsi que les mots particulièrement gentils du discours du camarade Foumakoye.

Cette émotion est d’autant plus grande que bien qu’engagé en politique depuis 1978, alors que j’étais en classe de 1ère au Lycée Amadou Kouran Daga de Zinder et que depuis lors la politique a habité comme sa doublure consubstantielle tout ce que j’entreprenais, ce qui m’avait amené à un moment donné à prendre de vrais risques, jamais je n’ai imaginé qu’un jour je serais en état d’assumer une responsabilité telle que celle dont vous venez de m’investir. Pour certains jeunes de ma génération, l’engagement en politique procédait d’un sentiment de devoir irrépressible intimant littéralement au sacrifice. Ainsi le chemin qui nous était assigné loin de laisser entrevoir les portes du pouvoir nous orientait vers des objectifs de combats pour lesquels nous étions prêts à tout donner, même notre liberté et certainement notre vie. La politique nous portait vers le haut, exaltés que nous étions sinon d’escalader le ciel comme disait le révolutionnaire Français Saint Just, du moins de réaliser quelque chose qui y ressemble, sous les espèces d’une société combinant égalité, liberté, prospérité et justice absolues en même temps.

Au départ de mon engagement, il y avait donc ce grand rêve et les sacrifices qu’il commandait, puisque dans ces années-là, au Niger du Conseil militaire suprême, il fallait tout conquérir.

Toutefois, ce qui va caractériser ma démarche intellectuelle par la suite c’est d’avoir vite compris que pour sublime qu’elle soit, la cause pour laquelle j’étais engagé avait besoin pour se réaliser de passer par des médiations prosaïques, assignant des servitudes très ordinaires. C’était de là que découle le sens de notre engagement syndical, mes camarades de l’époque et moi, plus précisément au sein du Syndicat national des enseignants du Niger(SNEN). Les syndicats étaient alors les seuls cadres organisés où le principe d’une relative liberté d’expression était toléré. Il fallait les investir pour commencer. Ce n’est pas par hasard que le thème du congrès du SNEN organisé en 1989 à Tahoua, qui était la coordination où je militais, va porter sur l’Etat de droit, concept plutôt nouveau, imposé par l’actualité internationale littéralement marquée par la chute du mur de Berlin. Ce n’est nullement non plus par hasard que l’Union des syndicats des travailleurs nigériens (USTN) va exiger au cours de l’année 1990, d’abord le multipartisme, ensuite la Conférence nationale.

 

Chers camarades,

À partir d’un certain moment, les choses vont s’accélérer pour moi à une vitesse inimaginable. En effet, venu en juillet 1991de Maradi à la Conférence nationale dans la délégation de l’USTN, pour mettre sens dessus dessous l’ordre politique en place, je me verrai à l’issue de cette belle subversion, solliciter par le Premier Ministre nouvellement élu de faire partie de l’équipe gouvernementale de transition appelée à gérer le champs de ruine politico-institutionnel tenant lieu d’Etat. Cette sollicitation à contretemps et à contrechamps, m’a totalement surpris et pris de court. Mon parti, comme il l’a fait avec d’autres camarades m’a néanmoins demandé d’accepter l’offre qui m’était ainsi faite. Depuis lors, notre parti a véritablement pris date en décidant de renoncer définitivement à un certain angélisme qu’il aurait pu d’autant plus cultiver qu’il était capable de le couvrir de la rhétorique radicale nécessaire pour le dissimuler. Le PNDS venait ainsi de décider qu’il n’entendait pas demeurer un groupuscule radical appelé à jouir de sa conscience de soi d’un parti de la vérité, aux mains toujours propres, exempté de toute forme de reddition de compte.

Nous avons ce faisant décidé d’être coupables de l’action à laquelle n’échappent que ceux qui n’ont rien à offrir.

Sous le leadership exceptionnel de notre chef, Issoufou Mahamadou, nous avons accepté de nous confronter à la réalité, dans ce qu’elle a de dur et âpre à la fois. Je serai en première ligne de tous les combats que nous mènerons par la suite sur le long et escarpé chemin qui finira par nous conduire au pouvoir en 2011. Pour autant, je ne me suis jamais imaginé porter un jour le lourd fardeau dont vous venez de me poser la charge. C’est donc avec beaucoup d’humilité que j’accepte votre décision qui me touche au plus profond de mon cœur. En ce moment crucial, ma pensée va avant tout au Président Issoufou. Si les choses se passent telles qu’elles sont, c’est à lui que je dois cela au premier chef. Je suis fier d’être investi sous son regard et avec son fraternel et amical soutien. Je lui suis infiniment reconnaissant de l’estime qu’il me témoigne par ce geste d’adoubement. En agissant ainsi, il est resté égal à lui-même: loyal, sérieux, méthodique et farouchement résolu. Il sera pour moi la lumière dans le long chemin vers l’Idée que nous avons toujours portée ensemble autant qu’elle nous a portés. Cette Idée, c’est le Niger tel que nous en avons rêvé et tel que nous essayons de le construire.

Ma pensée va à vous tous, chers camarades. Notre parti a eu un destin fabuleux parce que par un concours de circonstances exceptionnelles, il fut le lieu de confluence des âmes parmi les meilleures que comptait notre pays. Nous nous étions retrouvés pour construire et nous avons été de bons architectes. Notre secret, vous le savez, c’est la loyauté que nous nous sommes due, les uns, les autres et ce à tous les niveaux. C’est pourquoi votre choix porté aujourd’hui sur ma personne, l’eût été vis-à-vis de quiconque aurait été à ma place. J’ai eu la chance d’être le Président du parti par votre volonté unanimement exprimée d’abord au Congrès de décembre 2013 puis réitérée au Congrès de mars 2018.

Je vous promets de ne jamais oublier la dignité de votre comportement. Je vous promets de marcher dans les sillons tracés par Issoufou Mahamadou, de garder le même cap, d’être la mémoire de nos engagements et de ne jamais oublier ce qui fait la valeur de nos souffrances et de nos joies communes. Je n’oublierai jamais les épreuves que nous avons endurées. Je n’oublierai jamais la dureté de l’épreuve des élections de l’année 2004. Nos adversaires avaient voulu nous détruire. Ils pensaient même l’avoir fait. Ils n’avaient pas compté avec notre solidité de roc. Issoufou Mahamadou était resté debout et nous tous derrière lui, combatifs, intrépides, jamais résignés.

Chers camarades

Depuis son accession à la tête de l’Etat en 2011, le Président Issoufou a stabilisé notre pays, malgré un contexte régional des moins favorables. Il a en cela stabilisé les institutions de la République, assuré l’intégrité de notre territoire national, garanti la paix et la sécurité par une guerre implacable et efficace contre le terrorisme. Rien que cela eût été suffisant pour que nous soyons fiers de son bilan. Malgré les nombreuses ressources consacrées à la sécurité, des investissements importants ont par ailleurs été réalisés dans différents secteurs tels que l’agriculture, l’hydraulique, les infrastructures routières, aéroportuaires, énergétiques, et des télécommunications ainsi que dans les secteurs sociaux comme l’éducation et la santé ou encore dans la modernisation des villes dont la transformation littérale de Niamey constitue le symbole.

Sur le plan plus spécifiquement économique, le Président de la République a mis en place une politique qui a permis de maintenir la stabilité macroéconomique couplée à une croissance moyenne annuelle de 6% et de renforcer la résilience de l’économie face aux chocs exogènes auxquels elle a été confrontée.

Chers camarades,

Si Dieu et le peuple nigérien me font la faveur de m’élire à la tête de l’Etat, les actions réalisées par le Président Issoufou sur le plan politique seront poursuivies par la consolidation des institutions de la République et le renforcement des capacités institutionnelles et opérationnelles des forces de défense et de sécurité. la lutte contre le terrorisme se poursuivra de façon à davantage améliorer la paix, la sécurité et la stabilité.

Sur le plan économique mon engagement est de consolider les acquis réalisés par le Président Issoufou à travers la préservation de la stabilité du cadre macroéconomique consistant notamment dans la transformation de notre tissu économique en vue de favoriser une réduction drastique de la pauvreté et la création de nombreux emplois pour les jeunes. A cet effet le rythme de l’assainissement des finances publiques sera accéléré en vue de l’amélioration du niveau des recettes internes et de la qualité de la dépense publique avec comme objectif prioritaire le financement de grands projets d’investissement dans les infrastructures sociales.

Notre pays sera exportateur de pétrole brut à l’horizon 2022. Cette donne aura un impact décisif sur les paramètres fondamentaux de notre économie. Mon engagement est de faire en sorte que le pays tire le maximum de profit de cette opportunité, en mettant en œuvre une gouvernance à même de nous éviter les effets pervers courants en pareilles circonstances et de nous permettre de financer des projets structurants, créateurs d’une croissance forte et inclusive.

Quelques défis particuliers, parmi les très nombreux auxquels nous sommes confrontés méritent que je leur fasse une mention spéciale. Le premier, c’est celui de l’éducation qui est la pierre angulaire du développement. Les statistiques actuellement disponibles mettent en évidence un décalage important entre le niveau des ressources engagées et les résultats obtenus. Cela est révélateur de dysfonctionnements bien précis sur lesquels il faut commencer par agir. Mais à l’évidence, nous avons besoin de repenser radicalement notre système éducatif pour le rendre plus efficient afin qu’il joue son rôle de premier levier pour le développement.

Le deuxième problème, dialectiquement lié au premier est celui de la croissance démographique. Avec le rythme actuel de l’accroissement de la population, quels que soient nos efforts de gouvernance dans les autres secteurs, nos résultats seront réduits à néant notamment dans l’éducation, la délivrance des services de santé et l’emploi des jeunes.

Le troisième défi est celui de l’emploi des jeunes justement, inséparable de la bonne gouvernance qui est la condition sine qua non de la promotion des investissements directs étrangers, de la modernisation du secteur privé national et de la rationalisation des investissements publics. La bonne gouvernance ne saurait se concevoir sans le renforcement de l’Etat de droit, gage de la sécurité des investissements et sans une lutte résolue contre le détournement des deniers publics, la corruption et l’impunité, auxquels je livrerai un combat implacable.

Chers camarades,

Je voudrais vous remercier une fois encore pour votre soutien. Je vis cet instant comme l’accomplissement de ma vie que j’ai très tôt dédiée, ainsi que je l’ai dit plus haut, à la politique. Vous m’avez choisi parce que vous pensez que je peux gagner le combat électoral mais aussi parce que je possèderais les vertus d’une personne digne de diriger tout un pays. C’est pour moi une très grande responsabilité. Je vous mentirais si je vous disais que je n’en suis pas intimidé. Mais dans la mesure où mon destin commande que je l’assume, je le ferai avec la force de la foi qui m’a toujours habité. Je le ferai avec d’autant plus de hardiesse que je serai toujours loyal et fidèle aux valeurs qui ont guidé notre parti. Je resterai toujours conforme à l’idée que vous avez de moi, d’un homme digne de succéder à Issoufou Mahamadou. Si je suis élu Président de la République, je serai d’une loyauté absolue vis-à-vis de mon pays et de ses intérêts. Dans la solitude nécessaire à la prise des décisions difficiles, je m’appuierai sur Allah Soubhanahou wa Taala et je n’aurai en vue que les intérêts du peuple nigérien. Mon devoir sera toujours de réunir les idées opposées, les intérêts divergents, les amis et les ennemis d’un jour, pour le bien collectif et le service de tous. Je mettrai en œuvre un projet rassembleur, porteur d’avenir qui ouvre notre horizon d’attente vers la réalisation de nos idéaux de progrès, de prospérité, de liberté et d’avenir radieux pour nous et pour nos enfants.

Pour terminer, je voudrais dire aux Leaders des partis politiques membres de la Majorité présidentielle qu’ils peuvent compter sur mon amitié et ma loyauté dictées par les sentiments de profonde gratitude que j’éprouve à leur égard. Les élections sont un épisode particulier de la vie politique, mais c’est un épisode passager. Le plus important c’est ce que nous avons fait ensemble et ce que nous ferons ensemble demain aussi. Je souhaite beaucoup de succès à chacun d’entre vous, chers amis.

S’agissant de nos frères de l’opposition, je voudrais leur lancer un appel pour que nous profitions de la chance que nous avons de disposer du meilleur code électoral que nous ayons jamais eu. Ce fait me paraît être une belle plate-forme pour une convivialité républicaine inédite basée sur un dialogue politique permanent. La transparence des élections de 2020 et 2021 est assurée par une loi électorale donnant des garanties à cet effet comme jamais cela n’avait été le cas auparavant. C’est une raison supplémentaire pour que nous nous concentrions ensemble sur l’essentiel.

Camarades, militants et sympathisants du PNDS-Tarayya,

Avec vous, et fort de votre confiance ainsi que de votre soutien, je suis convaincu que nous remporterons la victoire. Une fois élu Président de la République, je me porte garant de la réussite de notre beau, puissant et authentique projet politique. Je serai votre volonté et votre puissance pour le bien de tous les Nigériens et de toutes les Nigériennes.

Je vous remercie.»

Correspondance particulière Issa Diallo/ Niamey

Pour Burkina Demain

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