Charles Didace Konseibo, président de la CNPDER-BF, à la clôture de la SEERA 2019

La troisième édition de la Semaine des énergies et énergies renouvelables d’Afriques (SEERA) 2019 a fermé ses portes le 6 avril 2019 à Ouagadougou. L’objectif de cette édition était de réfléchir à des politiques et innovations pour une transition énergétiques réussie. Dans cette  interview à nous accorder à la clôture de cette SEERA 2019, Charles Didace Konseibo, président de la Coalition des organisations de la société civile (OSC) pour la promotion des énergies renouvelables, l’accès à l’énergie durable et l’efficacité énergétique au Burkina Faso (CNPDER- BF) tire le bilan, aborde les actions du gouvernement et les  efforts déployés par la société civile, notamment la CNPDER-BF dans le sens de la sensibilisation des populations et du plaidoyer pour des énergies renouvelables de qualité dans le pays. Entretien exclusif !

Charles Didace Konseibo, président de la CNPDER-BF, à la clôture de la SEERA 2019

Burkina Demain : Nous venons d’assister à la clôture de la troisième Semaine des Energies et Energies Renouvelables d’Afrique. Quelle est votre appréciation globale de cet évènement ?

Charles Didace Konseibo : Nous sommes très contents de cette semaine-là qui a marqué une différence avec les éditions passées. Cette édition s’est bien passée.

La Coalition nationale des OSC a pris part activement à cette semaine des énergies renouvelables. Nous avons tenu un stand. Nous avons eu un Side Event. Nous avons fait une salle comble de participants pour exprimer un peu notre point de vue par rapport aux énergies renouvelables dans notre pays.

Ces derniers temps, le gouvernement est engagé en faveur des énergies renouvelables. En tant qu’OSC intervenant dans le domaine, comment appréciez-vous cet engagement ?

Vraiment, nous avons constaté que le gouvernement fait beaucoup d’efforts. Nous avons vraiment apprécié. Et à notre Side Event hier nous avons apprécié cet engagement du gouvernement à faire des énergies renouvelables un vrai tremplin  pour le développement des énergies au Burkina Faso.  Malheureusement, en tant qu’OSC,  nous ne voyons pas encore la répercussion au niveau des masses populaires. Il y a des lois,  tout est pris le gouvernement travaille. Mais, au niveau des populations à la base, pour le moment on ne ressent pas cet effet-là, cet effet coordonné qui devrait permettre de sortir définitivement de cet assujettissement  au manque d’énergie. Il reste encore beaucoup à faire. Dans un premier temps, cela passe par la sensibilisation parce que les populations ne connaissent pas encore les énergies renouvelables. Pour ce faire, il faut des prestataires de proximité, des techniciens de niveau intermédiaire qui puissent faire des installations de qualité au profit des populations.  Sinon, on risque de ternir l’image des énergies renouvelables et à la longue, cela ne va pas porter fruit. Il y a quelque donc quelque chose à faire dans ce sens. Ce qui implique une formation professionnelle adaptée et appropriée aux populations. Ensuite, il faut vraiment que le gouvernement permette qu’il y  ait une règlementation. Il ne faut pas qu’il y ait un peu de fourre-tout au Burkina au niveau des énergies renouvelables. Il faut que les équipements qui rentrent soient certifiés, que les prestataires soient certifiés. Ainsi, on pourra assainir un peu le milieu des énergies renouvelables au Burkina Faso. A l’occasion de cette SEERA,  en tout cas, nous lançons encore un appel vibrant au gouvernement. Nous les encourageons, nous apprécions vraiment ce qu’ils font mais nous voulons ressentir cet  impact-là au niveau des  populations.

Parlons-nous brièvement de votre Coalition, son action  sur le terrain, son organisation…

La CNPDER-BF est un regroupement de 19 OSC qui travaillent dans le domaine des énergies renouvelables. C’est un groupe qui a ressenti le besoin de se mettre ensemble pour être en fait le porte-parole des plus pauvres vers les gouvernants. Très souvent les gouvernants voient macro. Les lois qu’ils votent, c’est très grand. Les populations à la base, ne connaissent pas ces lois-là.  Quand on les met en œuvre, ils ne les ressentent pas. Vous avez des moments on va installer un lampadaire solaire dans un village et puis les villageois ne sont pas au courant, c’est arrivé comme cela. Il faut bien leur expliquer, il faut bien  sensibiliser ces populations-là.  Et nous, nous voulons être cette courroie de transmission. Toutes ces 19 OSC membres sont d’accord pour faire cette transmission.

Vous avez dans notre Coalition des organisations internationales telles l’Organisation Néerlandaise de Développement (SNV) qui nous apporte un appui inestimable. C’est d’ailleurs avec le financement  d’un de ses projets dénommé Programme Voix pour le changement (V4CP) que nous avons participé à cette SEERA 2019. Ce programme accompagne quatre (4) OSC qui sont dans le domaine des énergies renouvelables, ce qui permet de donner une certaine dynamique à notre coalition. En plus dans la CNPDER-BF, il y a un  groupe d’experts qui regroupe des représentants de sept (7) OSC dont le rôle est de réfléchir aux stratégies d’approches, de plaidoyer, et de mise en œuvre des projets de la  Coalition.

Quelles sont vos actions futures ?

Pour le futur, nous envisageons beaucoup d’actions. Il faut dire que notre plaidoyer est collaboratif. Nous pouvons sortir à travers des conférences de presse pour exprimer notre vision, nous élaborons des Policy Brief, des notes de position que nous rendons publiques pour faire connaitre à la population notre position sur le développement des énergies renouvelables. Nous allons continuer dans ce sens, pour approcher dans un premier temps le gouvernement, le Premier ministère, le MINEFID, l’ANEREE, la direction générale des énergies pour qu’on alloue plus d’argent à ce secteur. Nous voulons aussi que le Ministère de l’enseignement, de la Jeunesse puissent faire la promotion des métiers des énergies renouvelables, d’où la formation professionnelle. Nous savons que le plaidoyer, c’est durable dans le temps, nous espérons rendre forte la coalition pour qu’elle puisse perdurer dans le temps pour que les énergies renouvelables  puissent rayonner au Burkina Faso.

Au regard de ce qui est fait, le Burkina Faso n’est-il pas un bon élève dans la transition vers les énergies vertes en Afrique ?

Dire que le Burkina Faso  n’est pas un bon élève, serait un peu trop. Disons que nous n’avons pas suffisamment des moyens pour aller trop vite comme les gens le veulent. Mais, qu’au niveau des lois, des stratégies et des politiques qui sont votées, l’Afrique essaye d’aller vers cette transition énergétique. La thématique de cette SEERA est une transition énergétique réussie au niveau du Burkina. Nous saluons l’engagement des différents gouvernements au niveau de la CEDEAO, il y a des bonnes politiques qui sont prises, mais c’est la traduction lente de ces politiques au niveau national qui pose problème. Nous aujourd’hui, ce qu’on voudrait, c’est  de permettre d’accélérer la mise en œuvre  de ces politiques  convenues aussi bien au niveau régional que national. Le Burkina envisage de produire près de 300 MGW en 2020, ce qui permettra d’accroitre l’offre de l’électricité. En tant qu’OSC, nous ne revendiquons pas pour revendiquer, mais nous demandons au gouvernement d’accélérer le rythme pour permettre à la majorité de la population d’avoir accès à l’électricité, à l’énergie propre dans le pays. C’est cela notre préoccupation principale.

Interview réalisée par Ousmane Bichara Tichero

Burkina Demain

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.