Les présidents Omar El-Bechir et Idriss Deby Itno sont arrivé au pouvoir presqu'à à la même période (1989 et 1990)... la chute de l'un entraînera celle de l'autre ?

Depuis le début de la contestation populaire au Soudan, commencée il y a de cela près de quatre mois, il y a un pays qui suit très attentivement le déroulement des faits. Ce pays, c’est le Tchad d’Idriss Deby Itno, qui partage avec le Soudan près de 1080 km de frontière et qui a plusieurs liens séculaires sur le plan culturel, social et linguistique. Le président Tchadien Idriss Deby était le dernier chef d’Etat à avoir rendu visite au président à l’ex président El-Bechir, le 4 avril dernier à Khartoum, soit 6 jours avant sa destitution par l’armée. C’est dans ce contexte que s’ouvre ce samedi à N’Djamena un sommet extraordinaire des chefs d’Etats et de gouvernement des pays membres de la Communauté des Etats sahélo-sahariens.

Les présidents Omar El-Bechir et Idriss Deby Itno sont arrivé au pouvoir presqu’à à la même période (1989 et 1990)… la chute de l’un entraînera celle de l’autre ?

Cette proximité entre le Soudan et le Tchad d’une part et entre le président déchu soudanais Omar El-Béchir et le président tchadien Idriss Deby Itno fait que certains observateurs n’écartent pas le phénomène de contagion.

Arrivé au pouvoir il y a 29 ans en lançant une offensive à partir du Darfour au Soudan, le président Deby et son homologue soudanais ont eu des relations très tendu à un moment donné avant d’observer une période de désescalade à partir de 2009.

Béchir en 1989 et Deby en 1990

Tout comme Omar El-Béchir arrivé au pouvoir lors d’un coup d’état militaire en 1989, Deby a pris le pouvoir en décembre 1990, en renversant Hussein Habré par une offensive lancée à l’Est du Tchad, frontalier avec le Darfour soudanais.

Le président Idriss Deby a été le dernier président en exercice à avoir rencontré El-Béchir avant sa destitution. C’était le 4 avril dernier. Mais, selon les informations recueillies par des témoins sur place, les deux chefs d’états n’ont évoqué au cours de cette visite que la question sécuritaire à leur frontière commune.

D’après un haut cadre de la Direction des services de sécurité de l’Etat (DGSSIE), (Ndlr, la garde prétorienne chargée de la sécurité présidentielle) : « nous observons de près ce qui se passe à Khartoum, cela pourrait avoir des répercussions immédiates même au sein de la DGSSIE), confie cette source qui requière l’anonymat.

Le Tchad craint une recrudescence des conflits à la frontière

Le Tchad partage plus de 1000 km de frontière avec le Soudan. A cause de la porosité de cette frontière source de plusieurs trafics notamment des armes et la contrebande des produits alimentaires, le Tchad et le Soudan ont mis en place une unité chargée de la surveillance de la frontière depuis 2010.

Cette force mixte Tchad-Soudan est forte de près de 3000 hommes à part égale entre les deux pays. Avec le départ de Omar El-Béchir, plusieurs observateurs craignent que cette force ne puisse pas jouer son rôle à cause d’un afflux des milices Djandjawids (Ndlr, milices armé par El-Béchir et responsables des crimes de guerre au Darfour) vers l’Etat du Darfour, frontalier du Tchad. Le départ de leur mentor ne sera certes pas sans conséquence sur ces milliers des milices qu’entretenait l’ex président soudanais. Selon les analystes, à défaut d’avoir des financements par les services de renseignement soudanais, ces milices pourraient regagner les maquis pour pouvoir survivre.

Selon le porte-parole du ministère des affaires étrangères du Tchad, Béchir Issa Hamidi, sur Tweeter assure qu’il : « suivait avec attention la situation au Soudan… » Et avant d’ajouter : « Nous souhaitons que la volonté du peuple soudanais connaisse un dénouement pacifique… ».

Sommet extraordinaire de la SEN-SAD

Un sommet extraordinaire des Chefs d’Etats et de gouvernement des pays membres de la Communauté des Etats sahélo-sahariens s’ouvre ce 13 avril 2019 à Ndjamena, dans la capitale tchadienne. Selon un diplomate tchadien contacté par Jeune Afrique, les Chefs d’Etats évoqueront sans nul doute, la crise libyenne et la situation récente au Soudan, deux pays frontaliers du Tchad… »

Sur les réseaux sociaux, les internautes tchadiens ne cachent pas leurs sympathies avec les contestataires soudanais. Plusieurs d’entre eux ont repris sur leurs profils et statuts, l’icône des manifestants au Soudan. La photo d’une jeune étudiante soudanaise est devenue le symbole de la contestation contre le régime d’El-Béchir et très vite virale sur les réseaux sociaux.

Aussi, plusieurs internautes tchadiens prédisent que prochainement c’est le tour de Deby, qui règne au Tchad près de 29 ans sans partage. Sur une autre photo, très viral sur les réseaux sociaux, nous voyons la lettre S (Soudan) et la lettre T (Tchad) se suivent, tout comme les chiffres 1989 (Arrivé au pouvoir de El-Béchir) et 1990 (Arrivé au pouvoir de Deby). En tout cas, les analystes sont anonymes pour dire que c’est une phase 2 du printemps arabe qui s’ouvre, et les dirigeants de l’Afrique centrale seront les plus sensibles aux mouvements populaires.

Ousmane Bichara Tichero

Burkina Demain    

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