Les Présidents des conseils régionaux (PCR) du pays sont réunis depuis ce lundi 17 juin à Bobo-Dioulasso pour un atelier national de renforcement des capacités initié dans le cadre du programme Voix pour le changement (V4C). Au menu de cette rencontre de 72 heures, les questions de l’accès durable des populations aux énergies renouvelables de qualité ; à une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable et à un élevage transhumant apaisé au Burkina Faso.
«Rôle des Collectivités Territoriales pour un accès durable des populations aux Energies Renouvelables de Qualité, à une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable et à un élevage transhumant apaisé au Burkina Faso».
C’est le thème de l’atelier national de renforcement des capacités qui réunit depuis ce lundi à Bobo-Dioulasso, organisations de la société civile (OSC) engagées dans le programme Voix pour le changement (V4C), leurs partenaires ministériels et les Présidents des conseils régionaux du 13 régions du pays.
Initiative inédite saluée à l’ouverture des travaux par les différents officiels : de l’Abbé André Toé, secrétaire exécutif de l’OCADES Dédougou à Eric Tiemtoré, président de l’Association des régions du Burkina Faso en passant par Célestin Koussoubé, président du Conseil régional des Hauts Bassins et Didier Coulidiati, représentant du coordonnateur du programme Voix pour le changement.
L’objectif global du présent atelier est de favoriser une meilleure prise en compte par les conseils régionaux, des préoccupations des populations en matière d’accès aux matériels et services d’énergies renouvelables de qualité, de sécurité alimentaire et nutritionnelle, et de gestion apaisée des ressources et zones pastorales.
Après la phase officielle, place été faite au déroulement des travaux sous la présidence de Dieudonné Sanou, SANOU Dieudonné, expert planificateur et coordonnateur du Programme de développement intégré de l’OCADES Dédougou et la modération de Samuel Bacye, communicateur à l’Organisation néerlandaise de développement.
Plusieurs communications
Les communications livrées au cours de cette première journée de l’atelier portent sur les énergies renouvelables. Plusieurs communicateurs se sont succédé à la tribune. Dieudonné Sanou pour présenter la Coalition CNPDER-BF, ses actions depuis sa création le 3 août 2017 ; les nombreuses études réalisées en vue de soutenir son plaidoyer pour un meilleur accès des populations aux services et équipements énergétiques de qualité et pour exhorter les présidents des conseils régionaux à s’impliquer sur la question.
Kibsa Issaka Nong-Noogo, directeur de l’énergie solaire au ministère de l’énergie pour présenter la politique gouvernementale en matière de développement des énergies renouvelables, notamment l’énergie solaire qui présente un grand potentiel. M. Nong-Nogo a évoqué la centrale solaire de Zagtouli et les autres en construction et à venir qui participent de la volonté du gouvernement de mettre en valeur le potentiel énergétique endogène.
Des représentants de l’Agence nationale des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ANEREE) ont assuré une communication. Ils ont décliné les missions de l’ANEREE qui est en quelque sorte le bras armé du ministère de l’énergie en matière de mise en œuvre et d’opérationnalisation de la politique du ministère en matière de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique dans le pays.
L’ANEREE régule le secteur, veille à la qualité des équipements, forme, prend des initiatives pouvant concourir à l’essor du secteur. L’ANEREE envisage par exemple une formation de 5 000 personnes cette année sur l’ensemble du territoire national.
Formation technique et professionnelle en ER
Autre communications intéressantes au cours du premier jour d’atelier, celles Solange Compaoré/Traoré, directrice générale de l’enseignement technique et professionnelle au Ministère de l’enseignement nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales ; et de Rachel Yé/Sawadogo, consultante. Solange Compaoré/Traoré a évoqué la question de la formation technique et professionnelle dans le pays en général et celle en rapport avec les énergies renouvelables en particulier.
A l’écouter, des efforts sont faits par le gouvernement en matière de formation technique et professionnelle mais beaucoup restent à faire et de solliciter l’engagement des présidents des conseils régionaux. Au niveau des énergies renouvelables, le BAC professionnel sera opérationnel l’année scolaire à venir mais des actions sont en cours pour le BEP et autres formations qualifiantes.
Rachel Yé/Sawadogo s’est appesantie pour sa part, sur l’expérience de la coopération autrichienne qui participe à la formation professionnelle dans le pays depuis de nombreuses années. Elle a abordé notamment le projet de formation professionnelle en énergies renouvelables initiée par la coopération autrichienne lancée en 2018 et dont la première phase s’achève en 2021. Deux autres phases de 3 ans chacune vont suivre. Une opportunité à saisir pour le développement de la formation professionnelle en énergies renouvelables au Burkina Faso.
«Tout le monde doit comprendre aujourd’hui que faire de l’enseignement technique et professionnel, ce n’est pas une façon de rattraper sa vie, mais de gagner sa vie. Mieux, de mieux gagner sa vie», a plaidé Solange Compaoré/Traoré.
Energies renouvelables, un domaine nouveau pour les PCR
De façon générale, les communicateurs et les participants ont souligné nécessité de changement de mentalités pour favoriser le développement de la formation technique et professionnelle dans le pays, y compris en matière d’énergies renouvelables.
Pour beaucoup de présidents de conseils régionaux, c’est la première que leur parlait véritablement d’énergies renouvelables. Ils ne savaient pas à quoi cela rimait. Au sortir de ce premier jour d’atelier, ils le savent désormais. Mieux, après avoir appris que la loi 014 du 20 avril 2017 leur confère de lourdes responsabilités en matière de promotion des énergies renouvelables du pays, ils souhaitent être davantage impliqués par l’Etat central dans ses initiatives. A écouter certains, ils n’ont jamais été associés.
Les OSC en ER dans le cadre de Voix pour le changement les ont invités dans cet atelier de plaidoyer pour leur demander de s’impliquer sur les questions des énergies renouvelables dans leurs régions. Après les échanges mutuellement enrichissants, c’est eux qui aimeraient que le plaidoyer soit fait pour qu’ils soient davantage impliqués. Comme quoi, le message des organisateurs de l’atelier est bien passé auprès des présidents des conseils régionaux sur la question des énergies renouvelables. Les échanges se poursuivent ce mardi matin sur la définition d’une feuille de route.
V4C, une initiative du ministère néerlandais des Affaires étrangères
Voix pour le changement (V4C), faut-il le rappeler, est une initiative du ministère néerlandais des Affaires étrangères (DGIS), à travers la SNV (Organisation néerlandaise de développement) et IFPRI (International Food Policies and Research Institute). Ce programme, de 5 ans-2016-2020- vise à créer un cadre de renforcement des capacités des OSC en plaidoyer et lobbying afin de permettre à celles-ci d’exprimer plus efficacement des points de vues alternatifs ou dissidents dans un contexte dynamique et de plus en plus global.
Le rôle du plaidoyer étant essentiel pour amener les décideurs politiques et les entreprises à plus de responsabilité et de redevabilité. Pour la mise en V4C au Burkina, 9 OSC de développement ont été sélectionnées sur 3 thématiques, à savoir les énergies renouvelables, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et la résilience pastorale.
Au niveau des énergies renouvelables, les 3 OSC concernées sont l’Association centre écologique Albert Schweitzer (CEAS Burkina), l’Association de gestion des ressources naturelles et de la faune de la Comoé-Léraba (AGEREF/CL) et l’Organisation catholique pour le développement et la solidarité /Dédougou (OCADES Caritas Dédougou). Au niveau de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, sont parties prenantes la Fédération des professionnels agricoles du Burkina (FEPAB), la Fédération nationale des groupements naam (FNGN), l’Union nationale des producteurs de riz du Burkina (UNPRB) et la Coopérative de prestation de services agricoles-Coobsa (COPSAC). Et au niveau de la résilience pastorale, il y a l’Association pour la promotion de l’élevage au Sahel et en Savane (APESS) et la Plate-forme d’actions pour la sécurisation des ménages pastoraux (PASMEP) qui sont concernées.
Au niveau international, «Voix pour le changement» est mis en œuvre dans 6 pays à savoir le Burkina Faso, le Ghana, le Rwanda, le Kenya, le Honduras et l’Indonésie.
Victor Karama/ Bobo
Burkina Demain