Devenu pays pétrolier depuis bientôt huit ans, le Niger nourrit déjà de grandes ambitions. Le pays prévoit de passer de 20 000 barils raffinés actuellement à 500 000 barils raffinés à l’horizon 2025-2030. On en sait un peu plus sur les ambitions de Niamey dans le secteur pétrolier au détour de la dernière sortie à Jeune Afrique du président Mahamadou Issoufou.
Parlant du Niger, beaucoup se félicitent déjà à l’idée d’une alternance pacifique à la tête de l’Etat avec la décision de l’actuel président,Mahamadou Issoufou, de ne pas se représenter en 2021, lui qui a porté son choix sur Mohamed Bazoum comme dauphin.
Qu’elle se fasse avec Bazoum ou une autre personnalité nigérienne, l’alternance politique à elle seule, ne suffira pas à assurer un avenir radieux aux 22 millions de Nigériens. Il faudra aussi que le successeur de Issoufou relève le défi de l’exploitation des immenses ressources naturelles du pays, en particulier celle du pétrole qui semble cristalliser tous les espoirs.
La question a été abordée par Mahamadou Issoufou dans son dernier grand entretien à Jeune Afrique. Entretien dans lequel le président nigérien réaffirme les ambitions du pays en matière d’exploitation pétrolière.
«Les perspectives du Niger en matière de production pétrolière sont ambitieuses (…) Vers 2025-2030, notre capacité devrait passer à 500 000 barils par jour, ce qui nous permettra d’envisager sérieusement notre adhésion à l’Opep».
L’aboutissement d’un long processus
La question du pétrole au Niger ne date pas de maintenant. Son exploitation depuis novembre 2011 est le résultat d’un long processus géré avec stratégie et prudence. Les autorités nigériennes n’ont guère voulu brader cette ressource naturelle en veillant à la préservation des intérêts du pays.
En effet, après sa découverte en 1969 par la société Texaco, l’or noir nigérien est resté longtemps inexploité car, le pays conditionnait son exploitation à la construction d’une raffinerie. Ce qu’ont longtemps refusé des compagnies pétrolières, arguant que la raffinerie n’était pas rentable, jusqu’à ce que la China National Petroleum Corporation accepte en 2008 cette condition du pouvoir nigérien.
La raffinerie de Zinder est alors construite et gérée par la Société de raffinage de Zinder (SORAZ). La SORAZ est une coentreprise comprenant la China National Petroleum Corporation (CNPC) qui détient 60 % du capital, et l’Etat nigérien qui en détient 40 %.
L’exportation vers les pays voisins
Avec la raffinerie de Zinder, le Niger arrive à satisfaire ses besoins internes estimés à quelques 7 000 bbl/j. Ceci étant, l’objectif de la SORAZ, c’est d’exporter le reste de la production vers les pays voisins. Mais, il faut de gros investissements pour réaliser les infrastructures devant permettre d’acheminer le pétrole vers les pays voisins.
Dans ce cadre, le gouvernement nigérien a déjà validé un accord permettant la construction d’un oléoduc reliant la zone des champs pétrolifères d’Agadem dans l’extrême nord-est du pays, au port de Cotonou au Bénin. L’objectif, c’est de relier l’oléoduc tchado-camerounais et favoriser véritablement les exportations du pétrole nigérien.
Grégoire B. BAZIE
Burkina Demain