Au cours de la dernière rencontre de son Cadre de concertation tenue le 12 novembre, le du Chef de file de l’Opposition politique s’est penchée sur la situation sécuritaire du pays, cela au lendemain de la meurtrière attaque de Boungou. Compte-rendu de réunion.
«Compte-rendu de la rencontre CFOP du 12 Novembre 2019
(Mis à jour le 13 Novembre 2019 par le Cadre de Concertation du CFOP)
Le Cadre de concertation du Chef de file de l’Opposition politique (CC/CFOP) a tenu une réunion ordinaire le mardi 12 novembre 2019 à Ouagadougou. La rencontre, présidée par le Chef de file de l’Opposition, M. Zéphirin DIABRE, portait sur l’ordre du jour ci-après :
- -la crise sécuritaire,
- -les démembrements de la CENI à l’extérieur,
- -divers.
I – Au titre de la crise sécuritaire
Au titre de la crise sécuritaire que vit notre pays, les participants sont revenus sur l’attaque lâche et criminelle de Boungou, qui a causé de très nombreux morts, une douleur sans pareil dans de nombreuses familles, et un émoi qui a dépassé de loin nos frontières.
Une fois de plus, l’Opposition politique présente ses condoléances les plus attristées aux familles éplorées, et ses vœux de prompt rétablissement aux blessés.
L’Opposition tient aussi à saluer l’engagement et la bravoure de nos Forces de défense et sécurité (FDS), qui paient chaque jour que Dieu fait le prix du sacrifice suprême pour protéger le Burkinabè.
Les participants ont procédé à un examen approfondi du contexte sécuritaire général de notre pays, sous l’angle de considérations bien précises évoquées ci-après.
- L’échec patent et la responsabilité historique du MPP et de ses alliés
Depuis 2016, date de l’arrivée au pouvoir du MPP, la situation sécuritaire de notre pays est en dégradation constante avec une multiplication des attaques terroristes. Graduellement, les forces du mal ont réussi à pénétrer notre territoire national, à y créer des sanctuaires, puis à se propager sur toute son étendue.
Nous vivons un drame national qui nous interpelle tous en tant que Burkinabè, mais il convient de savoir en situer clairement la hiérarchie des responsabilités.
C’est le MPP, parti au pouvoir, et ses alliés qui sont les premiers et principaux responsables de cette débâcle historique de notre pays face à l’hydre terroriste.
C’est à eux que les Burkinabè ont confié, en toute liberté, la gestion du pays. C’est le MPP et ses alliés politiques qui gèrent le pays et personne d’autre. Partant de ce fait, ce sont eux les responsables de la situation du pays. Si le pays se portait bien, ils allaient à bon droit s’enorgueillir, s’en prévaloir pour solliciter les nouveaux suffrages et jamais ils n’associeraient quelqu’un d’autre à leur succès. Le peuple les féliciterait, et ce serait normal.
Dans la même logique, ils sont les premiers responsables de la mauvaise santé actuelle de notre pays aujourd’hui. Ce sont eux les responsables, et personne d’autre. Ils doivent accepter d’être indexés.
Pour notre malheur à tous, le MPP et ses alliés ont échoué dans la gestion de notre sécurité à tous. Et rien n’indique qu’ils feront mieux dans les temps à venir.
En effet, depuis le premier acte d’envergure signé par ces criminels, avec l’attaque du café Cappucino en Janvier 2016, on n’a vu nulle part une démarche, une stratégie mise en œuvre qui stabilise ou renverse la tendance. Au contraire, on a assisté à une approche par tâtonnements et par improvisation.
Depuis janvier 2016, on note que trois ministres de la défense (y compris le Président du Faso lui-même) et trois ministres de la sécurité se sont succédé sans qu’il n’y ait le moindre indice d’une amélioration de la situation. En dépit de déclarations péremptoires qui ont accompagné leur arrivée aux affaires, tout ce beau monde a étalé une incompétence notoire et une incapacité à nous faire voir autre chose qu’une lente descente aux enfers du pays.
Là où les Burkinabè attendaient une amélioration, ils ont vu une dégradation constante.
Il est important que cet échec soit souligné et admis, avant même de parler d’autre chose. Et les supporters du régime doivent l’admettre. Or, il s’en trouve qui, par ignorance ou par malhonnêteté politique, cherchent à semer la confusion, soit en voulant trouver des excuses, soit en voulant parler d’une responsabilité commune à l’opposition et au pouvoir.
Pour expliquer ou excuser leur échec, le pouvoir du MPP et ses supporters aiment à nous dire soit que c’est l’ancien régime qui leur met les bâtons dans les roues, soit que le phénomène du terrorisme est mondial et que le Burkina Faso n’est pas le seul pays touché.
Sur le premier argument, celui de l’implication présumée de l’ancien régime, l’Opposition politique dit que si tel est le cas, elle ne comprend pas pourquoi le pouvoir ne montre pas les preuves dont il dispose et pourquoi il ne traduit pas les personnes concernés en justice.
Le deuxième argument, celui de l’universalité du terrorisme, s’il est vrai dans la forme, ne saurait constituer une excuse pour justifier un échec. Le terrorisme frappe beaucoup de pays, mais tous les pays ne réagissent pas de la même manière. Il ya des différences de résultats dans les réactions. Dans notre sous-région, jusqu’à l’arrivée du MPP au pouvoir, c’est uniquement du Mali, et dans une moindre mesure du Niger, qu’on parlait. Comment les autorités du Burkina ont-elles laissé leur pays s’ajouter dans cette liste ? Aujourd’hui, la gravité de notre situation a dépassé celle du Niger pour atteindre, voire même dépasser celle du Mali. Dans la forme de mondialisation que nous vivons actuellement, tous les problèmes que rencontrent les pays sont universels. Mais la différence entre pays réside dans la manière dont les dirigeants gèrent ces problèmes. Le sida est une pandémie mondiale, mais le Burkina Faso a pu mieux le contenir que le Botswana, quand on compare les taux de prévalence. Les dirigeants du Burkina sont donc plus compétents que ceux du Botswana dans ce domaine. Le chômage est un mal mondial qui frappe tous les pays capitalistes, mais les Etats Unis sont proches du plein emploi tandis que la France atteint les 10% de chômeurs.
Face au terrorisme, notre gouvernement fait beaucoup moins que les autres, et ce sont les Burkinabè qui payent le prix de leur incompétence.
Aux uns et aux autres, il convient de rappeler que l’Opposition politique n’est nullement consultée et encore moins associée à la gestion des affaires de l’Etat. Ce n’est pas elle qui nomme les responsables aux différents postes de l’Etat et son avis n’est pas demandé. Ce n’est pas elle qui décide des allocations budgétaires comme le budget de l’Armée. Ce n’est pas elle qui définit la stratégie de guerre. Ce n’est pas elle qui organise l’Armée. Ce n’est pas elle qui décide quel armement acheter et à qui. On ne peut donc pas, à moins d’être de mauvaise foi, lui imputer une quelconque responsabilité dans la situation chaotique du pays.
Les Burkinabè ont choisi en toute liberté leur pouvoir. Ils sont maintenant en mesure de constater les conséquences de leur choix.
Ils ont confié la destinée du pays à un pouvoir incompétent, totalement incapable d’assurer leur sécurité. C’est lui le premier responsable des malheurs de notre pays.
- La question de l’union sacrée
L’incompétence du pouvoir du MPP et de ses alliés serait risible, s’ils ne présidaient pas aux destinées de notre pays. Cette incompétence face au terrorisme met tout le monde en danger. C’est historique, car rien de ce qui nous arrive aujourd’hui n’a de précédent dans notre histoire.
Parce que la menace est nationale, la cause est nationale. L’union sacrée des fils et filles du Burkina est donc plus que jamais nécessaire, et l’Opposition politique y adhère totalement. Pour elle, cette union sacrée doit se faire autour de la nation et de nos FDS.
Le problème c’est que le pouvoir du MPP, qui appelle à l’union sacrée, n’a jamais dit en quoi doit consister concrètement cette unions sacrée. Le sait il lui-même ? On peut en douter puisque depuis 4 ans qu’il utilise cette rengaine, il n’a jamais proposé une série d’actions supposées rentrer dans le cadre de cette union sacrée. Or c’est aussi sa responsabilité. Pour rassembler les Burkinabè, on ne peut pas se limiter à une formule lapidaire. On doit définir les taches appelées par l’urgence nationale.
En attendant que le pouvoir du MPP ait l’intelligence de tracer la voie, l’Opposition nationale fait de son mieux pour soutenir notre nation en guerre :
- depuis le début, elle a systématiquement condamné et fustigé l’action des terroristes,
- elle a toujours apporté son soutien et ses encouragements aux FDS,
- elle a réalisé des collectes d’argent pour soutenir l’action des FDS,
- dans le cadre du Dialogue politique, et à l’occasion de rencontres avec le pouvoir, elle a présenté ses opinions, et ses propositions ;
- Elle a toujours répondu présente à toutes les manifestations organisées par le pouvoir ou les forces sociales et rentrant dans le cadre de la lutte contre le terrorisme,
- elle n’a eu de cesse d’exhorter nos populations à la résistance,
- elle a constamment mis en garde les populations sur les dangers qui menacent notre vivre-ensemble, et mis en garde les populations contre l’ethnicisme et le communautarisme ;
- Elle a toujours joint ses prières à celles de tous les Burkinabè pour souhaiter le retour à la paix ;
- elle a distribué des vivres aux personnes déplacées pour cause d’insécurité terroriste,
Parce que le Burkina doit être un et indivisible, l’Opposition politique est prête à prendre part à toute initiative entrant dans le cadre de cette union sacrée, pour peu qu’on lui en présente une.
Mais elle ne se prêtera pas au jeu du MPP pour qui l’union sacrée implique qu’il faut que l’Opposition arrête de critiquer les mauvaises décisions du pouvoir du MPP.
L’Opposition n’acceptera pas non plus que le pouvoir du MPP utilise le terrorisme comme un fonds de commerce pour se victimiser, et présenter toute critique à son endroit comme un manquement à l’union sacrée.
Enfin, alors que le pouvoir en place ne perd jamais une occasion pour organiser ses troupes et aller battre campagne sur le terrain (même les lancements de 04 ou 2Okms de route mobilisent le Chef de l’Etat), elle instrumentalise ses supporters pour dénoncer tout rassemblement de l’Opposition comme étant un acte de campagne en période d’insécurité. C’est un piège dans lequel l’Opposition ne tombera jamais. Pour nous ce pouvoir incompétent n’apportera rien à notre pays. Il faut donc le changer. En tant qu’Opposition républicaine, nous ne voyons aucun moyen de le changer que de le battre démocratiquement. Il nous faut donc préparer notre victoire électorale, en allant sur le terrain.
- La question de l’enrôlement des volontaires
Les participants ont examiné la décision du Chef de l’Etat de faire recruter des volontaires de défense. Dans le principe, l’Opposition politique burkinabè n’est pas contre cette initiative qui permet aux citoyens de participer directement à la défense de la patrie. Toutefois, l’Opposition souhaite obtenir du Gouvernement que des zones d’ombre soit levées :
-Pourquoi a-t-on besoin de recruter des volontaires de la défense, au lieu de militaires et paramilitaires en plein temps?
-Notre Armée connait-elle des problèmes d’effectifs ?
-Qui va recruter les volontaires, les former, les équiper, les payer ?
-Qui contrôlera les actions de ces volontaires, et qui s’assurera leur désarmement une fois la guerre terminée ?
-Pourquoi ne rappelle-t-on pas les éléments de nos FDS qui sont dans les missions onusiennes ?
-Que fait-t-on des policiers et militaires radiés qui connaissent déjà le métier des armes, surtout que leur reprise dans la Fonction publique avait été envisagée?
-Quid des réservistes, des FDS à la retraite ?
-Les officiers supérieurs et les officiers généraux à Ouagadougou ne pourraient-ils pas fortifier le front par leur présence?
-Comment expliquer le fait que l’Armée n’arrive pas à absorber le budget à elle allouée, alors que les FDS manquent de matériels de combat ?
Pour revenir à la question des volontaires, l’Opposition estime qu’on doit éviter à tout prix que cette opération ne donne lieu à la création de milices politiques et partisanes, régionalistes ou communautaires hors du contrôle de l’Etat, ce qui pourrait ouvrir les portes d’une guerre civile au Burkina Faso.
En outre, ces questions sur le sort réservé aux volontaires se justifient par la manière dont le Gouvernement gère déjà certaines questions liées au bénévolat: cas des Volontaires adjoints de sécurité (VADS), des professeurs du Programme emplois-jeunes pour l’Education nationale (PEJEN), des agents communautaires de santé, et des agents de recensement dans une moindre mesure.
Enfin, on a la nette impression que cette mesure a été annoncée sous la contrainte de l’émotion née de l’attaque de Boungou, un peu comme si le Président du Faso se croyait obligé d’annoncer une mesure phare lors de son adresse à la nation, pour contrer les critiques. Et, le compte-rendu du Conseil des ministres du 13 novembre vient confirmer l’improvisation : le Gouvernement y annonce qu’il y aura un travail législatif et réglementaire pour encadrer le recrutement des volontaires de défense. Les charrues ont été mises avant les bœufs !
Par ailleurs, la lenteur mise dans l’opérationnalisation de la mesure a permis à des personnes sans foi ni loi de devancer les services de l’Etat et de se présenter comme recruteurs dans certains zones. Le ministre de la défense a été obligé de publier un communiqué pour mettre les uns et les autres en garde. Si l’idée avait été murie, son opérationnalisation aurait été immédiate et ces profiteurs auraient eu du mal à opérer. Tout cela révèle une certaine improvisation qui n’incite pas à l’optimisme !
- La question du financement de la guerre
La question du financement de la guerre a été examinée par les participants. Depuis la montée en puissance des attaques terroristes, des collectes de fonds sont organisées ici et là pour soutenir nos FDS. Lors du Dialogue politique, l’idée d’une contribution patriotique pour financer l’effort de guerre a été adoptée. Suite à la dernière attaque, certains leaders politiques ont fait des propositions allant dans le même sens.
L’Opposition politique redit ici que sur le principe, elle n’est pas opposée à ce que nos compatriotes soient invités à contribuer à un effort de guerre. Mais cette contribution doit être volontaire pour tenir compte des difficultés que rencontrent les ménages.
De plus, pour être crédible en cette matière, le Gouvernement devrait faire preuve de plus de transparence dans la gestion des fonds de l’Armée, si on se réfère aux récentes déclarations du Contrôleur général d’Etat, M. Luc Marius IBRIGA.
C’est pourquoi l’Opposition politique demande au Gouvernement la levée du secret défense sur le contrôle du budget de l’Armée. Les structures étatiques de contrôle devraient pouvoir s’assurer que l’argent destiné à l’Armée va effectivement à l’Armée, et que les marchés concluent au profit de l’Armée (achats d’armes, équipements, formations, infrastructures) respectent la règlementation et sont bien exécutés. Cela renforcera la confiance, d’une part au sein de l’Armée, d’autre part entre l’Armée et le Gouvernement, et galvanisera nos troupes au front.
II – Au titre des démembrements de la CENI à l’étranger
Au chapitre des démembrements de la CENI à l’extérieur, le Chef de file de l’Opposition a fait le point de la participation des partis d’opposition à ces instances. Les membres du Cadre ont fait des observations et formulé des propositions allant dans le sens d’une meilleure participation de la diaspora burkinabè à l’élection de 2020.
III – Divers
En divers, le Chef de file de l’Opposition, par ailleurs Président de l’UPC, a remercié ses pairs qui ont envoyé des représentants à la cérémonie de prière et de recueillement organisée par son parti le 09 novembre dernier à Abidjan. Les participants, eux, ont félicité l’UPC pour la grande mobilisation et pour le succès de l’activité.
Ouagadougou, le 13 novembre 2019
Le service de communication du Chef de file de l’Opposition»