Dans les airs et sur terre s’est joué ce lundi 23 décembre 2019 un épisode crucial et pathétique de la marche de Guillaume Soro pour la conquête du pouvoir suprême dans son pays. Lui qui a déjà été ministre, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale.
Alors que l’homme était attendu à Abidjan par ses partisans après une absence de six mois, l’avion privé le transportant s’est à un moment dérouté sur Accra pour ensuite reprendre le vol pour une destination européenne, sinon espagnole à en croire certaines sources. Un épisode, qui pourrait porter un grand coup à l’échafaudage, la stratégie bâtie par Soro et ses hommes pour conquérir le pouvoir en 2020.
Menace d’arrestation réelle cette fois-ci
En début octobre dernier, le monde des réseaux sociaux faisait état d’une tentative d’arrestation à laquelle Guillaume Soro, ancien baron des régimes Gbagbo et Ouattara, avait échappé à Barcelone, en Espagne. L’info n’avait pas été confirmée par la suite, ni par Abidjan, ni par Lyon, siège d’Interpol.
Ce lundi 23 décembre, la menace de l’arrestation de l’ancien chef rebelle et déclaré candidat à la présidentielle de 2020 était imminente, réelle à Abidjan où le siège de son mouvement politique a été rapidement placé sous contrôle des forces de l’ordre et le terminal de l’aéroport Felix Houphouet Boigny, interdit d’accès à ses partisans. Ayant eu vent de la situation dans le ciel alors que son jet privé s’apprêtait à amorcer la descente sur la capitale, Soro s’est dérouté pour se poser d’urgence à Accra. Mais, là aussi son escale sera de courte durée. Puisque son avion redécollera pour une autre destination, apparemment loin de la Lagune Ebrié.
Et l’on reparle encore d’Espagne comme destination pour Guillaume. Pour Guillaume Soro la marche en 2020 vers la Présidence ivoirienne semble semée d’embûches, de «gendarmes couchés», comme on dit chez nous. Désormais, un mandat d’arrêt est officiellement lancé contre lui, accusé qu’il est de déstabilisation du pouvoir ivoirien et de détournement de deniers publics portant sur montant d’un milliard et demi de francs CFA.
A quelques dix mois de la présidentielle ivoirienne, les choses s’annoncent vraiment compliquées pour Soro. Jusque-là l’enfant terrible de Kofiplé, sous-préfecture de Diawala, avait réussi à se tirer d’affaire. En pleine cohabitation avec l’ancien président Laurent Gbagbo, Soro était sorti indemne de l’attentat contre son avion, un Foker 100, en fin juin 2007 à Bouaké.
De même, il avait su tirer son épingle du jeu après la crise post-électorale de 2011, lui qui occupera par la suite les fonctions de Premier ministre et de président de l’Assemblée nationale. Avec les évènements rocambolesques de ce lundi, Soro, le «guerrier», le «TGV ivoirien » va-t-il à à 47 ans, renoncer ses ambitions présidentielles pour 2020 ? Rien n’est moins sûr.
Affaire à suivre.
Christian Tas
Burkina Demain