La lutte contre le terrorisme implique nécessairement intelligence, stratégie et parfaite coordination entre les unités. Au regard de la spécificité de sa mission, le génie militaire joue un rôle déterminant dans le dispositif à un moment où les groupes terroristes font de plus en plus recours aux engins explosifs improvisés (EEI).
L’OTAN définit l’engin explosif improvisé (EEI)comme un «dispositif placé ou fabriqué de manière improvisée, incorporant des produits chimiques destructeurs, mortels, nocifs, pyrotechniques ou incendiaires et conçu pour détruire, neutraliser, harceler ou distraire», en précisant qu’«il peut comprendre des fournitures militaires, mais il est normalement conçu à partir de composants non militaires».
Les engins explosifs improvisés (EEI) demeurent l’arme de prédilection des terroristes en raison de leur facilité de fabrication, de leur emploi et de leur potentiel destructeur. Des recettes toutes faites existent à profusion sur Internet. Des arguments idéologiques y sont ajoutés dans le but de mobiliser des combattants dans le monde entier.
Le résultat est qu’aujourd’hui, n’importe qui peut fabriquer un engin explosif improvisé à partir de sa cuisine et mener une attaque assez sophistiquée. Au Burkina Faso, les EEI utilisés par les terroristes sont généralement fabriqués à base d’engrais utilisés par les paysans et d’autres accessoires couramment utilisés par les orpailleurs ou les sociétés minières. Les soldats l’appellent “l’arme du pauvre” car moins de 10 000 suffisent pour fabriquer un EEI. Ces engins sèment la mort tant dans les rangs des FDS que des populations civiles.
Les régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Nord, de l’Est, du Nord et du Sahel figurent parmi les plus touchées par les EEI.
En général, les engins explosifs improvisés comportent quatre éléments clés: une charge principale d’explosifs, un détonateur, une source d’énergie et un mécanisme de commutation. 80 à 90% des EEI sont faits pour être déclenchés par la victime. Depuis 2017, date du premier incident, les EEI ont causé la mort de plusieurs dizaines de Burkinabè.
Pour poser ces engins, les terroristes ont besoin de temps et sont obligés de remuer la terre sur les axes non bitumés. La détection et la neutralisation de ces engins n’est donc pas à la portée de tous.
Les FDS ont reçu plusieurs formations allant de la sensibilisation concernant les dangers liés aux EEI, à la Reconnaissance non-technique (RNT) en passant par la formation aux gestes de premiers secours. Au regard de ses compétences, le Génie militaire est régulièrement sollicité chaque fois qu’il est question d’EEI.
Unité avant-gardiste créée en 1965, le génie militaire contribue énormément dans la lutte contre le terrorisme au Burkina. Dans le domaine du combat, sa mission est double : l’appui au combat et l’aide au déploiement. L’appui au combat comprend l’appui à la mobilité (faciliter la manœuvre amie) et la participation à la contre-mobilité (entraver la manœuvre ennemie).
Ainsi, le génie favorise la progression rapide des troupes amies par diverses opérations telles que la réparation d’ouvrages endommagés, le déminage opérationnel des itinéraires, le franchissement d’obstacles, notamment des fleuves et des rivières. Parallèlement, il gêne la progression ennemie par la réalisation d’obstacles ou la destruction, partielle ou totale, des infrastructures de communication. En complément de ces missions, le génie exécute des actions hautement spécialisées : l’assaut d’ouvrages fortifiés, et la neutralisation d’engins explosifs.
Dans le domaine du service, le génie militaire est chargé de la gestion et de la conservation technique du domaine militaire, et de la réalisation d’infrastructures. Il participe au développement socio-économique du Burkina Faso. Grâce aux nombreux efforts déployés, le génie militaire arrive à neutraliser de nombreux EEI.
Le 07 octobre dernier, l’Unité spéciale de déminage du génie militaire (USDG) a bénéficié de détecteurs ultra-modernes. D’un coût global de 100 millions de F CFA, ce matériel, composé de quatre détecteurs, permet de détecter tout engin métallique ou non-métallique enfoui dans le sol.
Les populations doivent absolument continuer à dénoncer tout acte suspect sur les voies non bitumées aux FDS pour contribuer à amoindrir les effets dévastateurs des EEI au Burkina Faso.
Jérémie Yisso BATIONO
Enseignant chercheur
Ouagadougou