Ce n’est un secret pour personne, la décision du nouveau ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Ville, Bénéwendé Stanislas Sankara de suspendre les opérations immobilières afin d’y mettre de l’ordre faisait déjà grincer les dents chez des acteurs du secteur. Certains ont même commencé à donner de la voix contre cette mesure qui semble porter préjudice à leurs affaires. Mais, ce vendredi, face à la presse, le ministre Sankara est resté droit dans ses bottes. Pas question, à l’entendre, de changer d’un iota la nouvelle stratégie gouvernementale dans le domaine, assénant ses vérités qui font vivement penser à la période révolutionnaire où le logement était avant tout un droit social.
Aujourd’hui, bien plus qu’hier, le logement est devenu avant tout un business lucratif. Tous ceux qui rêvaient de faire fortune, évoluent dans le secteur. Les opérateurs immobiliers ont poussé comme des champignons. Dans un tel contexte, la récente décision du nouveau ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Ville, Bénéwendé Stanislas Sankara de suspendre les opérations immobilières afin d’y mettre de l’ordre, passe difficilement chez certains qui ont crû bon de donner de la voix dans l’espoir de faire changer la donne.
Mais, Me Sankara, en sankariste averti et désireux de faire prévaloir l’ancienne bonne méthode révolutionnaire qui faisait avant tout de la question de l’accès au logement un droit social, n’entend reculer. Face aux journalistes ce 26 février, il a été on ne peut plus clair quant à la nouvelle politique du logement qu’il entend mener avec la mission reçue des plus hautes autorités.
«Quand j’ai rencontré les promoteurs immobiliers, je leur ai dit : quand on crée une société commerciale, c’est pour faire du profit, du business, ce n’est pas pour faire du social. C’est clair ! Ce sont des capitalistes, ils aiment l’argent ; plus ils en ont, plus ils en prendront». Sankara met ainsi les points sur les ‘’i’’ quant à sa détermination d’aller jusqu’au bout de son initiative.
Retour à l’orthodoxie foncière d’antan ?
A écouter le ministre Sankara, le pays s’achemine vers une nouvelle façon de gérer les affaires foncières. «Jadis, on ne vendait pas la terre. Nos arrières grands parents ne vendaient pas la terre au Burkina. Mais aujourd’hui, la terre est devenue un instrument de thésaurisation », rappelle le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Ville.Est-ce le retour à l’orthodoxie foncière d’antan ? Rien n’est moins sûr. Cette nouvelle politique va bien dans le sens des aspirations de la majorité des Burkinabè. Et de ce fait, elle pourrait bénéficier d’un soutien populaire à même de contribuer à sa mise en œuvre effective.
Mais, il reste que la nouvelle politique gouvernementale du logement telle qu’annoncée va évidemment à l’encontre des gros intérêts détenus par des puissants. Comment vont-ils réagir ? Quoi qu’il en soit, le ministre Sankara aura besoin de la ténacité dont il a fait preuve pendant ses longues années d’opposition sous le régime du président Blaise Compaoré. Bien plus encore, il aura besoin du soutien sans faille des plus hautes autorités, le président Roch Marc Christian Kaboré et du Premier ministre Christophe Dabiré.
Si l’un ou l’autre décide à un moment de faire le jeu des puissants de l’immobilier, c’est sûr que Sankara aura du mal à appliquer la nouvelle politique gouvernementale du logement. Sans engagement politique fort au plus haut niveau de l’Etat, cette nouvelle politique, risque, tôt ou tard, d’accoucher d’une souris.
Martin Philippe
Burkina Demain