L’annonce a alimenté les conversations en fin février au Burkina Faso. Selon certaines sources, l’ANR, l’Agence nationale du renseignement, aurait mené des négociations ayant conduit à la libération d’une vingtaine de terroristes en 2020. Ce serait suite aux pourparlers avec Iyad Ag Ghali, chef du groupe de soutien à l’islam et aux musulmans que le gouvernement aurait procédé à la libération des terroristes. Évidemment, ces supputations ont entraîné une véritable volée de bois vert d’autant plus qu’elles battaient complètement en brèche la position officielle voire la « doctrine » du Burkina Faso en matière de rapports avec les groupes terroristes.
Il fallait donc rapidement une clarification. Elle sera faite le 03 mars par le ministre de la Communication, Ousseni Tamboura. Le démenti est formel : « Le gouvernement du Burkina Faso n’est pas en train de négocier avec des terroristes ».
Le 04 mars, en conférence de presse sur la réconciliation nationale dont il a la charge depuis la mise en place du nouveau gouvernement en janvier dernier, le ministre d’État Zéphirin Diabré renchéri : « Nous ne négocions pas et nous ne négocierons pas avec les terroristes ».
Puis d’ajouter :«Il est de notre devoir de ramener nos enfants à la maison, c’est ça qu’on va faire ».Zéphirin Diabré pense que la négociation n’est possible qu’avec les jeunes qui se sont laissés manipuler. Pas avec ceux qui se sont inscrits dans les grands mouvements de la sous-région.
Devoir de constance
La position du Burkina Faso en matière de lutte contre le terrorisme est constante. « Il n’est pas question de négocier avec les terroristes ». Le Président du Faso l’a à maintes reprises martelé au début des attaques terroristes et tout récemment pendant la campagne électorale. Avec cette position de principe, le Burkina Faso fait bloc derrière les pays de la sous-région et de leurs partenaires internationaux engagés dans la lutte contre le terrorisme à travers le G5 Sahel.
Le Burkina Faso ne saurait être membre du G5 Sahel et adopter des stratégies aux antipodes de celles édictées par cette coalition. Cela dit, le pays peut développer des initiatives tendant à limiter la radicalisation des jeunes ou à favoriser le retour au bercail de ceux à qui les groupes terroristes ont promis monts et merveilles et qui ont fini par prendre des armes contre la mère patrie. Cette stratégie produit des fruits puisque les groupes terroristes enregistrent de plus en plus des défections par les efforts conjugués des FDS, des VDP, des leaders religieux et coutumiers, des politiques qui œuvrent pour l’implémentation de projet structurants dans les zones délaissées,…
Pour parvenir à de tels résultats, il faut évidemment disposer de réseaux et de renseignements fiables. Dans ce registre, l’ANR, de notre point de vue, ne doit s’imposer aucune limite. Elle doit rechercher le renseignement utile où qu’il se trouve afin d’éclairer la décision des gouvernants. Il faut se rendre à l’évidence. La négociation avec les terroristes n’est pas forcement la panacée. Elle peut même apparaitre comme une solution de facilité là où il faut des réponses structurelles et originales.
Le Burkina Faso doit donc continuer de travailler d’arrache-pied afin d’offrir les meilleures perspectives aux jeunes qui sont les cibles privilégiées des terroristes lorsque tous les horizons semblent obscurcis pour eux.
Il est aussi impératif de solder tout le passif pour remettre le pays sur orbite. C’est en ce sens qu’il faut saluer le thème de la célébration de la fête nationale du 11 décembre 2021 qui aura lieu à Ziniaré : «Réconciliation nationale et cohésion sociale : devoir et responsabilité de tous pour un développement durable du Burkina Faso ».
Jérémie Yisso BATIONO
Enseignant Chercheur
Ouagadougou