Le Maréchal et président Idriss Déby dont on pleure aujourd’hui la disparition, faisait incontestablement partie des dirigeants africains qui savaient joindre l’acte à la parole. Il détestait l’immobilisme, la passivité de ses pairs africains. Son accession à la présidence de l’Union africaine le 30 janvier 2016 à l’occasion du 26e sommet, allait lui donner l’occasion de leur cracher en face ses sentiments, sa vérité.
Ce 30 janvier 2016, alors qu’il venait de prendre la succession du président Robert Mugabe du Zimbabwe à la tête de l’organisation continentale, Idriss Déby lance à ses pairs, tous réunis dans l’immense salle de conférence Nelson Mandela à Addis Abeba : «Nous nous réunissons trop souvent, nous parlons toujours trop, mais nous n’agissons pas assez et parfois pas du tout».
Dans son discours offensif et porté sur l’action de nouveau président de l’Union africaine ; Déby annonçait en même temps la création d’un comité des chefs d’Etat pour la Libye, une instance qui était soutenue par l’ONU pour parachever à l’époque les efforts de l’envoyé spécial Martin Kobler, dans l’optique de réconcilier les Libyens et les gouvernements rivaux.
Idriss allait être encore plus incisif et ferme le lendemain lors de la clôture du 26e sommet de l’Union africaine.
Personnage politique africain incontournable en cette année 2016
En cette année 2016, Idriss Déby faisait figure de personnage politique le plus puissant et incontournable du continent. En effet, au moment où il prenait le 30 janvier 2016 les rênes de l’Union africaine en tant que président en exercice ; il était déjà président de la Communauté des Etats sahélo sahariens (CEN-SAD) et du G5 Sahel qui regroupe la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, Niger et le Tchad.
Véritable guerrier, Idriss Déby se définissait avant tout par l’action. Pour lui, il était inconcevable de se réunir autour d’un problème et de se lever sans décision. Chez lui, l’action primait sur toute autre considération.
Cette propension à l’action chez Déby s’est encore vérifiée lors du septième sommet des chefs d’Etat du G5 Sahel tenu le 15 février 2021 à N’Djamena, au Tchad. Septième sommet au cours duquel d’importantes résolutions ont été prises dont celle de l’envoi de 1 200 soldats tchadiens dans la région des trois frontières Mali-Burkina-Niger.
Idriss Début est mort pour le Tchad. Il est mort dans la défense de l’intégrité territoriale du Tchad. L’Afrique perd un dirigeant actif et engagé.
Grégoire B. BAZIE
Burkina Demain