Alors que s’ouvre officiellement ce jeudi 22 avril, le sommet virtuel des dirigeants mondiaux sur le climat ; 101 Prix Nobel, dont Sa Sainteté le Dalaï Lama, l’Iranienne Shiri Ebadi ou la Libérienne Leymah Gbowee appellent dans une lettre adressée aux dirigeants mondiaux, à la coopération internationale afin de mettre fin à l’expansion des combustibles fossiles.
Le président américain Joe Biden, à l’initiative de ce sommet climat, reçoit là un soutien de poids qui a déjà montré l’exemple sur le sujet dès son arrivée à la Maison Blanche en portant un coup d’arrêt en l’emblématique projet gazier Keystone XL dont la construction était soutenue par son prédécesseur Donald Trump.
Selon le dernier rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement, d’ici à 2030, la production de charbon, de pétrole et de gaz augmentera de 120 % par rapport à ce qui est nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5 °C.”
Principaux pollueurs face à leurs responsabilités
Pour les 101 prix Nobel signataires de la lettre, il y a urgence à agir, surtout que « »L’Accord de Paris ne fait aucune mention du pétrole, du gaz ou du charbon. Pendant ce temps, l’industrie des fossiles continue à planifier de nouveaux projets que les banques continuent à financer».
«Permettre l’expansion continue de cette industrie est inadmissible. Le système des combustibles fossiles est mondial et nécessite une solution mondiale – une solution vers laquelle le Sommet des dirigeants sur le climat doit tendre. Et la première étape consiste à garder les combustibles fossiles dans le sol», ont-ils encore soutenu.
La présente lettre des 101 Prix Nobel s’adresse ainsi aux principaux pollueurs de la planète, les mettant ainsi face à leurs responsabilités. En effet, Avec 17 grandes économies représentées, responsables de 80 % des émissions mondiales et du PIB mondial, le Sommet des dirigeants sur le climat pourrait jeter de nouvelles bases de la coopération mondiale entre le Nord et le Sud en attendant la COP26 de Glasgow.
Garantir un accès à 100 % aux énergies renouvelables
Dans leur lettre, les lauréats du prix Nobel appellent notamment les dirigeants mondiaux à ouvrir un nouveau chapitre de la coopération internationale afin de :
-mettre fin à toute nouvelle expansion de la production de pétrole, de gaz et de charbon, conformément aux meilleures données scientifiques disponibles, telles que décrites par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et le Programme des Nations unies pour l’environnement ;
-éliminer progressivement la production actuelle de pétrole, de gaz et de charbon, de manière juste et équitable, en tenant compte des responsabilités de chaque pays en matière de changement climatique, de leur dépendance respective à l’égard des combustibles fossiles et de leur capacité de transition ;
-investir dans un plan de transformation visant à garantir un accès à 100 % aux énergies renouvelables dans le monde entier, à aider les économies dépendantes à se détourner des combustibles fossiles, permettant ainsi aux personnes et aux communautés de s’épanouir grâce à une transition mondiale juste.
Selon Tzeporah Berman, présidente de l’initiative pour le Traité de non-prolifération des combustibles fossiles qui a coordonné la lettre des Prix Nobel ; «nous disposons déjà d’une production de combustibles fossiles plus que suffisante pour assurer la transition vers les énergies renouvelables, ce qui rend les projets d’expansion inutiles et constitue une entrave à la transition». C’est pourquoi, pense-t-il, «l’attention politique portée au climat étant à son plus haut niveau depuis la préparation de Paris, les chefs d’État doivent profiter de ce Sommet pour attirer l’attention internationale sur la nécessité de mettre un terme à l’expansion du pétrole, du gaz et du charbon »
«Moment décisif pour un monde nouveau et audacieux»
Muhammad Yunus (Bangladesh), lauréat du prix Nobel de la paix 2006 pour ses travaux sur le microcrédit : «Nous sommes à un moment décisif pour un monde nouveau et audacieux. Saisissons l’occasion pour donner forme à une société post-COVID 19 et nous propulser vers un avenir plus juste et plus vert. Nous pouvons construire un monde où les pauvres ne continueront pas à être les victimes du réchauffement climatique. La technologie existe, le désir des gens existe et le monde attend que les chefs d’État agissent».
«Face à la crise climatique, le respect des droits humains relève de la responsabilité de chaque nation. Il s’agit d’une crise qui dépasse les frontières, les océans et les cultures, nécessitant une réponse mondiale immédiate et une démonstration de solidarité internationale», a relevé pour sa part de la défenseuse des droits humains et Prix Nobel de Paix 2003, l’Iranienne Shirin Ebadi.
Martin Philippe
Burkina Demain