Dans la lutte contre les groupes armés terroristes dans la zone des trois frontières, l’engagement et la responsabilisation des communautés locales sont aussi des éléments clés à prendre en compte dans la stratégie pour plus d’efficacité dans les actions des Etats concernés (Burkina-Mali-Niger).
Des expériences partagées de participants de la «Table ronde d’acteurs et leaders locaux sur l’eau comme vecteur de paix au Sahel», organisée du 2 au 4 juin 2021 à Ouagadougou, l’ont si bien démontré. Cela ne laisse plus planer aucun doute : « les communautés locales font partie de la solution ». Là-dessus l’expérience la plus aboutie nous vient du Mali, plus précisément de la région de Gao.
Nous sommes en janvier 2012 dans la région de Gao, au Nord du Mali. Du jour au lendemain, les populations de la région se retrouvent sans leur Etat protecteur, chassé par l’invasion des groupes armés jihadistes. Tout en un laps de temps s’est effondré sous leurs pieds : pas de forces de défense et de sécurité, pas d’eau, pas d’électricité, pas d’école, etc.
Leur survie était engagée
Leur survie étant engagée et face au chaos, les communautés de Gao ont rapidement compris la nécessité de prendre leur destin en main. Elles vont s’organiser en faisant en sorte que le système d’approvisionnement en eau et en électricité fonctionne de nouveau.
Il en est de même pour l’éducation avec des actions qui ont permis aux enfants de la région d’aller à l’école et de passer les examens scolaires de fin d’année.
Mieux, les communautés de Gao ont réussi à maintenir la fourniture de ces services sociaux de base pendant 13 mois jusqu’au retour de l’Etat malien.
Pour y parvenir, elles ont puisé dans leur potentiel culturel et social, leurs savoirs- faire locaux, la connaissance de leur environnement et leurs capacités de résilience.
Assurer leur sécurité et celle de leurs biens
Les participants nigériens et Burkinabè ont aussi partagé leurs expériences sur la question. Et des différentes expériences partagées, il se dégage clairement la nécessité pour les communautés de s’organiser elles-mêmes pour prendre en main leur destin, surtout dans des contextes où les Etats ont du mal à assurer leur sécurité et celle de leurs biens. ‘’L’on n’est mieux protégé que par soi-même’’, pourrait-on dire.
Martin Philippe
Burkina Demain