Leader historique depuis 2000 du mouvement sankariste au Burkina Faso, ancien chef de file de l’opposition politique et ministre de l’urbanisme, de l’habitat et de la ville du gouvernement depuis le début de cette année 2021, Me Bénéwendé Stanislas Sankara, que l’on ne présente plus, fait partie des membres de l’équipe Dabiré III sur lesquels les Burkinabè fondent beaucoup d’espoirs. En effet, son département a en charge l’une des préoccupations cruciales, voire explosives du pays, en l’occurrence la question du foncier et du logement.
Face à ce que d’aucuns qualifient de bombe sociale, le président de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) semble avoir pris la mesure de sa responsabilité : faire en sorte qu’elle soit déminée et contribuer à la mise en œuvre d’une réelle politique d’accès au logement telle que conçue dans le nouveau référentiel de développement qui lui assigne l’ambitieux objectif de passer du taux actuel de 2,78% à 14% d’ici 2025.
Le projet de fusion UNIR/PS- MPS, l’union des sankaristes, sa vision de l’action gouvernementale, son appréciation de l’évolution dossier Norbert Zongo avec la récente mesure de la Cour européenne des droits de l’Homme suspendant l’extradition de François Compaoré, le prochain congrès du parti, bref, ce sont là des préoccupations que Bénéwendé Stanislas Sankara aborde dans cette interview à nous accordée. Entretien exclusif.
Burkina Demain : Votre parti a signé ce jour 4 août 2021 un protocole de fusion avec le MPS de Augustin Loada. Peut-on déjà avoir une idée de ce que contient ce protocole de fusion ?
Bénéwendé Stanislas Sankara : L’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) et le Mouvement patriotique du salut (MPS) viennent de convoler en justes noces, comme on le dit, à l’occasion de la commémoration du 04 août. Cela à travers un protocole d’entente entre les deux partis politiques visant à travailler en vue d’une fusion de nos deux partis politiques, de nos deux formations politiques. Une fusion entre partis politiques ne se fait pas seulement au sommet. Pour que la fusion soit effective, il faut impliquer toutes les bases.
C’est pourquoi, nous projetons un congrès unitaire dans les prochaines semaines, le temps de permettre aux deux structures de nos partis respectifs de travailler et implémenter cette volonté qui s’est manifestée au sommet au niveau de la base. Pour tout dire, il y a sept ans de cela, suite à l’avènement de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, les militants que vous avez aujourd’hui qui forment le MPS ont été aux avant-postes du combat politique comme par exemple le président du MPS le Pr. Augustin Loada qui a été du gouvernement de la transition ; le président d’honneur Yacouba Isaac Zida qui a été le Premier ministre de l’époque et a été également le Président du Faso à un moment donné sous la transition.
Pour toutes ces raisons, nous, nous pensons à l’UNIR/PS que l’union des sankaristes est aujourd’hui plus qu’une nécessité parce que déjà à notre congrès de 2013 nous avons affiché notre volonté de travailler pour qu’il y ait une véritable alternative pour répondre aux aspirations des populations. En 2017 nous avons également soutenu qu’il fallait, sous le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré, travailler à ce qu’il y ait une rupture dans la gouvernance pour que nous ayons une gouvernance vertueuse, travailler sous la démocratie à faire en sorte que le programme du chef de l’Etat qui est celui-là qui de façon post-insurrectionnelle, a été élu au premier tour par les Burkinabè de pouvoir réaliser ce programme mais en empruntant ce chemin d’une gouvernance vertueuse. Ce sont là les fondements résumés de ce qui nous rapproche du MPS dans ce projet de fusion.
Burkina Demain : Est-ce qu’au-delà du MPS il y a d’autres formations qui sont pressenties pour rejoindre votre bloc ?
Ce n’est pas en vase clos. D’ailleurs, le protocole que nous avons signé ce matin, la déclaration que j’ai eue l’honneur et le privilège de lire au nom de l’UNIR/PS et du MPS, nous avons lancé un appel aux sankaristes, aux progressistes et à l’ensemble des forces de gauche à cette alliance, cette fédération pour qu’ensemble dans une unité agissante et combattante nous puissions nous donner la main sans laquelle union il est difficile, même impossible e créer les conditions objectives et suggestives d’une alternance démocratique et populaire qui puisse répondre aux aspirations des Burkinabè. Aujourd’hui c’est une véritable nécessité que les forces de gauche se retrouvent pour créer ce déclic, cette dynamique sinon nous allons retomber plus bas au regard des questions, des problèmes qui se posent au Burkina Faso en termes de gouvernance, de corruption qu’il faut combattre, en termes de lutter contre le terrorisme pour une meilleure sécurité des Burkinabè, en termes de relever les défis du chômage. Aujourd’hui c’est devenu une gangrène, la jeunesse semble être abandonnée, vous avez des remous sociaux partout. Je pense que le vrai problème de la machine politique, c’est la gouvernance. Il faut travailler à ce que la gouvernance au Burkina Faso soit le levain du développement participatif endogène que nous sommes en train de produire.
Burkina Demain : Cela fait déjà six mois que vous êtes au gouvernement. Quelles sont les difficultés qui empêchent cette dynamique de prendre ?
Bénéwendé Stanislas Sankara : Je suis ministre de la république. J’ai un mandat et une mission bien précis que j’exécute dans un domaine bien défini, celui de l’urbanisme, de l’habitat et de la ville. Ma mission est très claire. Les premiers chantiers qui m’ont été dévolus sont les réformes que nous sommes en train de faire. Quand je suis arrivé-là, les premiers actes que nous avons posés et vous suivez l’actualité, c’est de dire qu’il faut assainir d’abord le domaine de la promotion immobilière ; ensuite travailler à une refonte des lois qui touche au foncier. Au moment où nous sommes en train de parler, le staff du ministère en charge de l’urbanisme de l’habitat et de la ville est en atelier pour valider les décrets d’application, ce qui veut dire que les choses bougent. Maintenant, vous savez que le foncier a été qualifié de bombe sociale que nous sommes en train de désamorcer en écoutant et en impliquant tous ses acteurs.
Ces réformes que vous conduisez suscitent des remous chez certains acteurs. Comment comptez-vous régler ces remous et emmenez tout le monde vers l’objectif commun : l’accès au logement pour tous ?
Il y a deux volets principaux. D’un côté, vous avez les conflits qui datent de plusieurs générations parce que la terre est un patrimoine commun. Il faut donc simplement à ce niveau, d’un gouvernement à un autre, savoir règlementer le foncier au mieux des intérêts des populations. De l’autre côté, il y a l’accès au logement en tant que politique de l’habitat parce que le droit au logement est un droit constitutionnel.
Cela veut dire que tout Burkinabè a droit à un logement décent et abordable. Cette politique peut nous mener à travers le programme du chef de l’Etat qui soutient l’idée du logement accessible à tous. C’est ce qui a expliqué le lancement du Programme de 40 000 logements. Nous nous inscrivons dans ce programme-là pour, dans un premier temps, dire que l’un des piliers, l’une des mamelles de notre politique, c’est le partenariat avec le privé. Et c’est là que je rassure tous les promoteurs immobiliers sérieux et dignes de ce nom-là, qu’ils ont leur place dans la politique gouvernementale, mais n’auront plus de places, les plaisantins qui passent tout leur temps à vouloir utiliser un agrément de promotion immobilière pour brader la terre et le foncier.
Sous cet angle, nous sommes en train de faire un partenariat avec tous ceux qui peuvent monter des dossiers de promotion immobilière c’est-à-dire mobiliser du foncier mais aussi de la finance pour faire de l’habitat. A ce jour, à environ 6 mois de notre arrivée au ministère, quand on fait le point déjà des ententes que nous avons signées tout comme les conventions déjà négociées portant sur un certain nombre de logements à réaliser, j’ai peur de tomber dans l’auto- satisfaction, mais vous verrez que dans peu de temps, de la terre des immeubles vont pousser pour répondre à la politique de loger le plus grand nombre possible puisque ce n’est pas seulement à Ouaga ou à Bobo mais vous verrez que même en province avec les chemins d’aménagements que nous sommes en train de faire, eh bien, on exécute des projets qui tiennent à cœur le chef de l’Etat Monsieur Roch Marc Christian Kaboré ; et qui voudrait que non seulement au plan urbain le logement soit accessible mais également qu’au plan rural, nous puissions faire en sorte que le lotissement que nous proposons aux municipalités, l’habitat que nous sommes en train de contrôler, qu’ il y ait des logements en quantité et en qualité.
Où en êtes-vous à ce jour avec les suspensions ou autorisations des opérations de lotissements ?
Nous sommes en train d’autoriser certains lotissements. A ce jour, nous essayons d’examiner les dossiers au cas par cas et on les autorise au fur et à mesure. Mais, ce n’est pas encore possible de passer à une grande échelle à ce stade, parce que le passif foncier est trop lourd et la commission inter- ministérielle de rayonnement du passif foncier pour le moment ne fonctionne pas parce que nous avons aussi pris la décision de faire une halte pour faire le bilan et éventuellement priorisé les actions en fonction de l’intérêt des populations et éviter surtout de rajouter d’autres conflits à ceux existants. Tout à l’heure, quand je parlais de l’autre aspect des problèmes, en parlant du foncier qui remonte à des générations, ce sont des conflits qu’on constate notamment en zone rurale du fait de la coexistence de la population qui réclame des parcelles, du fait également des conflits entre agriculteurs et éleveurs. Il va falloir régler ces conflits traditionnels liés à la terre à travers les reformes que nous sommes en train de vouloir proposer avec d’autres départements ministériels.
On le voit. Vous gérez des dossiers complexes et explosifs qui exigent une certaine force, une certaine ténacité. Bénéficiez-vous, dans ce genre d’épreuves de gouvernance où le rapport de force reste souvent la règle, d’une réelle solidarité gouvernementale ou d’un franc soutien des plus hautes autorités du pays à même de vous booster vers l’avant dans l’exécution de votre lettre de mission ?
Son Excellence Monsieur le Premier ministre Christophe Dabiré lors de la dernière réunion du conseil de cabinet a employé une expression qui m’a beaucoup plu : «quand on est à la tête d’un département ministériel, on est responsable de ce département..
Cela veut tout dire. Cela signifie d’abord un ministre doit assumer ses responsabilités à la tête d’un département. C’est ce que j’essaie de faire avec mes collaborateurs. Dieu merci, j’ai une équipe dynamique, formidable. J’ai un personnel passionné par le travail que nous sommes en train de faire et disponible. Nous avons aussi les compétences techniques requises. N’oubliez pas que moi je ne suis pas ici comme un ministre technique, expert dans l’urbanisme et l’habitat. Je suis avocat de profession, juriste de formation. Ce qui veut dire que j’ai une mission avant tout qui est politique. Cette mission politique, c’est atteindre les objectifs du chef de l’Etat, Monsieur Roch Marc Christian Kaboré. Et dans le nouveau référentiel de développement, on me demande de passer d’un taux de satisfaction à l’accès au logement de 2,78% à presqu’à 14%. Vous comprenez que la tâche est âpre et ardue, mais elle est réalisable, si effectivement nous comptons d’abord sur nos propres forces c’est-à-dire sur le ministère, ses hommes, t ses femmes, tout son personnel, l’ensemble des techniciens.
La solidarité gouvernementale : le gouvernement est collégial dans l’exécution d’un programme qui a été défendu par le chef de l’Etat. Et c’est pour ce programme qu’il a été élu et doit rendre compte au peuple burkinabè. En me plaçant là, c’est une confiance que le chef de l’Etat a voulu porter sur ma modeste personne. Moi, je suis tenu pour mériter cette confiance-là, à relever le défi avec mes collaborateurs.
Vous l’avez dit : vous êtes avocat avant d’être ministre du gouvernement. Récemment, il y a le Conseil d’Etat français qui a donné son OK pour l’extradition de François Compaoré au Burkina Faso. Comment voyez-vous la suite du dossier avec cette décision de la justice française ?
J’ai eu à m’exprimer dans les colonnes d’un de vos confrères pour dire ‘’Boribaana’’ (ndlr : fin de cavale, en langue dioula) pour Monsieur François Compaoré. Aussi longue est la nuit, le jour arrive toujours. C’est ce que nous avons toujours dit depuis 1998 lorsque le journaliste Norbert Zongo a été assassiné. La vérité se fera. Déjà la commission d’enquête indépendante en son temps avait conclu que le journaliste Norbert Zongo a été assassiné pour des mobiles politiques parce que c’était un journaliste d’investigation, engagé, qui enquêtait sur la mort du chauffeur de Monsieur François Compaoré.
Burkina Demain : Est-ce que pour vous, ce recours des avocats de M. Compaoré devant la Cour européenne des droits de l’homme n’a aucune chance d’aboutir….
Je ne pense pas. Moi, je reste convaincu que l’argumentaire des avocats de M. François Compaoré n’est plus un argumentaire de droit juridique mais un argumentaire purement politique qui consiste à vouloir déplacer le problème. Je fais observer que l’arrêt du Conseil d’Etat français a répondu point par point à tous les arguments invoqués par les avocats de Monsieur François Compaoré.
A moins que cette Cour ne veuille cautionner l’impunité de Monsieur François Compaoré, sinon, je ne vois pas comment la Cour européenne des droits de l’homme peut dire autre chose, que purement et simplement de reconnaître que François Compaoré doit être extradé vers le Burkina Faso qui offre des garanties sérieuses pour tout citoyen en conflit avec la loi, qui offre à tout justiciable le principe d’innocence qui garantit les droits de la défense, le procès équitable, et également les conditions de détention, comme nous l’avons toujours dit.
Par exemple, le Général Gilbert Diendéré après un procès équitable où des avocats même étrangers sont venus défendre leur client, est aujourd’hui détenu. Il ne se plaint pas des conditions de sa détention. Le Général Djibril Bassolé a fait également l’objet de procès, il est détenu, il bénéficie même d’une autorisation d’absence qui lui permet d’être en France pour se soigner. Ce sont là des exemples que l’on peut prendre sur les conditions de détention au Burkina Faso. Donc, de ce point de vue, c’est faire une mauvaise querelle au gouvernement du Burkina Faso, parce qu’en fait la procédure d’extradition est engagée par l’Etat du Burkina Faso à travers le ministère de la justice, que de vouloir à un moment donné invoquer les attaques terroristes pour dire que nous sommes en insécurité et que Monsieur François Compaoré risque, s’il vient ici (ndlr : Me Sankara s’est prononcé mercredi 4 août et la Cour européenne des droits de l’homme a suspendu l’arrêt du Conseil d’Etat français le vendredi 6 août) . C’est son pays. Nous qui sommes là, si c’est affronter les attaques djihadistes, c’est le monde entier qui lutte contre le terrorisme. Donc, cet argumentaire ne peut pas être invoqué devant la Cour européenne des droits de l’homme. C’est pourquoi, pour moi, c’est du dilatoire que mon confrère Olivier Sur est en train de faire pour avoir du temps et puis continuer à discréditer le Burkina Faso, chercher à ternir l’image de notre pays par des arguties vraiment qui ne tiennent plus la route. C’est la preuve que quand on se noie, même aux feuilles de nénuphar on s’agrippe croyant sauver sa vie.
Mais, Monsieur François Compaoré dans sa déclaration à travers ses avocats a dit qu’il va assumer avec honneur et dignité sa responsabilité devant la justice. Il aurait dû s’en tenir à cela et il serait venu laver l’affront purement et simplement devant la justice où encore sa présomption d’innocence existe. On ne l’a pas condamné. On lui demande de venir s’expliquer. Donc, c’est à lui de se regarder en face et de prendre une décision.
Burkina Demain : L’UNIR/PS devait tenir ces 6 et 7 août son congrès ordinaire. L’on s’achemine apparemment vers un report. Pourquoi ce report ?
Bénéwendé Stanislas Sankara : Le report est dicté d’abord par le souci d’élargir la base sociale dans le cadre de la fusion annoncée avec le MPS c’est-à-dire se donner le temps de travailler à ce que cette fusion-là réussisse et aussi dans le cadre de l’ouverture vers d’autres partis politiques qui pourraient venir renforcer cette dynamique. Voilà pourquoi, nous avons purement et simplement accepté de reporter notre congrès pour donner la chance de se retrouver dans un fond plus large pour mener le même combat pour le renforcement de notre démocratie, soutenir de façon efficace le programme du chef de l’Etat, Monsieur Roch Marc Christian Kaboré et donner les chances dans ce processus démocratique-là de travailler à une rupture en vue d’une gouvernance plus vertueuse. Pour tout cela, l’UNIR/PS est prête à tous les sacrifices.
Le contexte sociopolitique national marqué ces dernières semaines par des manifestations de rue des populations pour plus de sécurité ne peut-il pas aussi expliquer ce report de votre congrès ?
Le contexte national ne dicte pas en réalité le report de notre congrès qui est statutaire. C’est un congrès statutaire. On devrait le tenir courant 2021 mais nous intégrons ce contexte-là dans notre combat politique en proposant nos avis, nos suggestions, nos recommandations dans des cadres appropriés puisque nous-mêmes nous prenons part aux décisions du gouvernement. De ce point de vue nous sommes solidaires avec tout ce qui se passe : nous sommes solidaires avec les forces de défense et de sécurité, nous sommes solidaires des populations qui manifestent également pour revendiquer plus de justice sociale. Sur ce registre-là, vous voyez les efforts que le gouvernement fait, que le gouvernement mène, que le gouvernement fait pour satisfaire en tout cas aux revendications des populations. Nous, nous ne pouvons que saluer l’esprit d’écoute du chef de l’Etat, saluer l’abnégation du Premier ministre qui est presque tous les jours sur tous les fronts pour non seulement renouer le fil du dialogue avec tous les acteurs. Que ce soit acteurs politiques ou les acteurs sociaux, vous voyez bien sûr les efforts qui ont été menés par les plus hautes autorités pour que chaque fois, la concertation et le dialogue prime dans la recherche des solutions entre les Burkinabè. On en a vu avec la CENI, on en a vu avec les syndicats, on en voit avec la classe politique avec le dialogue politique. C’est la preuve qu’aujourd’hui que nous avons un chef d’Etat et un Premier ministre qui veulent rester à l’écoute de tous les acteurs, et surtout, rester à l’écoute de notre peuple.
Quelles sont les nouvelles dates de votre congrès à venir ?
Les dates suggérées, c’est les 30 et 31 octobre et 1er novembre 2021. Ce sont des dates historiques. Les 30 et 31 octobre sont des dates de l’insurrection populaires. La date du 1er novembre correspond à la naissance de l’UNIR/MS en 2000. Nous avons pensé que ces dates symboliques pourraient nous servir de rencontres historiques en mettant une fois de plus sur la marche radieuse de notre peuple vers des lendemains meilleurs.
Les activités commémoratives de l’insurrection populaire ne vont – t-elles pas noyer votre congrès ?
Non. Pas du tout. Je crois que nous-mêmes nous sommes invités à toutes ces activités commémoratives de l’insurrection populaire s’il y en a. Mais, cela ne devrait pas nous gêner dans le travail qui se fait aussi en amont. Un congrès se prépare à longue date et le jour-J c’est beaucoup plus pour le rendu avec l’ensemble des congressistes qui vont venir pour qu’on améliore, pour qu’on renforce le débat parce qu’avant le jour-J nous avons, de par les textes, au moins un mois pour faire partager les travaux avec la base. Les militants vont venir déjà avec un travail qui a été implémenté dans l’ensemble des structures. Donc, je ne pense que les commémorations de l’insurrection pourraient gêner la tenue de nos assises.
Peut-on s’attendre à des changements au niveau de l’instance dirigeante du parti ?
Bien sûr. Un congrès, c’est fait aussi pour ça. Quand on va à un congrès, il faut s’attendre à ce qu’on mette en place un organe dirigeant.
Votre poste de président sera-t-il en jeu comme lors du dernier congrès où vous avez démissionné et on vous y a finalement reconduit ?
J’ai quand même soixante-deux ans. Je suis à la tête du parti depuis 2000. Toute ma vie a été un parcours de combattant. Ce qui m’intéresse ici, quel que soit le rôle ou la place que l’on occupe dans un combat politique, qu’on soit utile pour son pays, qu’on soit utile pour son peuple. Le reste ne m’intéresse pas.
Aujourd’hui, c’est le 4 août, journée commémorative de la révolution sankariste. Avez-vous à cette occasion un message particulier à passer ?
Mon message particulier, c’est Unité, Unité et Unité ! Si les Sankaristes ne sont pas unis, ils seront des sankariens. Si les Sankaristes sont unis, ils feront du Burkina Faso le rêve du président Thomas Sankara qui pourra se réaliser par une alternative, qui va apporter aux Burkinabè la paix, la démocratie, la justice sociale par le développement endogène. Parce que Sankara nous a appris que nous devons prendre en main notre destin. Mais, vouloir le prendre tout seul, c’est courir à sa perte. Malheureusement aujourd’hui les Sankaristes poussent comme des champignons. Or un champignon quand il est seul, il est fragile. Mais, quand nous allons nous mettre ensemble, quand nous allons constituer un véritable bloc, un front homogène, eh bien nous allons travailler pour que le Burkina Faso soit un modèle pour tous les pays africains qui nous regardent. Depuis que nous avons au Burkina Faso réalisé l’inédit de l’insurrection, le pays a toujours été cité en exemple. Maintenant, il faut que nous arrivions à capitaliser cette insurrection-là. Parce que la colère ne règle pas les problèmes. Quand on s’insurge, c’est parce qu’on est en colère. Mais, ce sont les stratégies, les programmes politiques qu’on apporte, la vision qu’on peut faire partager par l’ensemble des populations, les arguments du développement qu’on propose à un moment historique d’un pays qui permettent d’opérer les changements souhaités. C’est de cela qu’il s’agit en ce qui nous concerne à l’UNIR/PS, de dire que nous avons un programme de société qui s’appelle programme alternatif sankariste que nous défendons pour dire aux Burkinabè que l’heure a véritablement sonné de prendre en main notre destin car, demain sera trop tard.
Entretien réalisé Par Grégoire B. BAZIE & Alain BELEM
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