En Guinée Conakry, quoi que le président Alpha Condé ait fait pour s’octroyer un troisième mandat après une modification constitutionnelle contestée ; la confirmation du coup d’Etat du commandant des forces spéciales n’est guère une bonne nouvelle pour ce pays, où les putschistes ont rarement, sinon jamais, tenu leurs promesses de bonheur au peuple guinéen.
En Guinée Conakry, ce dimanche 5 septembre 2021, au fur et à mesure que les heures passaient, se confirmait la prise du pouvoir par les militaires des forces spéciales sous la houlette de leur commandant le Colonel Mamady Doumbouya, au détriment du président Alpha Condé, capturé et dont les images circulaient en boucles sur les réseaux sociaux.
Mais, quoi que le président Alpha Condé ait fait pour s’octroyer un troisième mandat après une modification constitutionnelle contestée ; la confirmation du coup d’Etat du commandant des forces spéciales n’est guère une bonne nouvelle pour ce pays, où les putschistes ont rarement, sinon jamais, tenu leurs promesses de bonheur au peuple guinéen.
Gérer un corps d’élite n’est pas comparable à la gestion d’un Etat. Avec l’annonce par les nouveaux maîtres de Conakry de la dissolution des institutions républicaines (Constitution, Gouvernement, Assemblée nationale), c’est encore un recul pour la Guinée sur le plan de la construction démocratique, sans réel gage d’un changement structurel qualitatif dans le pays.
Ce que promet aujourd’hui le Colonel Mamady Doumbouya n’est fondamentalement différent de qu’avait fait le 23 décembre 2008 avec le capitaine Moussa Dadis Camara. La suite, on la connait avec des violations sans précédent des droits de l’homme qui ont cumulé avec le massacre du 28 septembre 2009. Evènement malheureux au cours duquel des éléments des forces armées guinéennes n’avaient hésité à réprimer dans le sang une manifestation de civiles, massacrant près de 160 personnes et blessant 1 400 personnes et violant et plus d’une centaine de femmes.
Aujourd’hui encore, 12 ans après, ce dossier sombre de l’histoire de la Guinée attend encore d’être élucidé et les responsables, jugés et condamnés.
Les 24 ans de pouvoir du Général Lansana Conté n’avaient pas non plus apporté plus de bonheur aux Guinéens et Guinéennes.
Dans ce contexte de règnes chaotiques des militaires guinéens, comment voir d’un bon œil cette nouvelle prise en main des affaires publiques par la Grande muette. Il faut craindre que ce ne soit le retour des vieux démons en Guinée. Car les mêmes causes, c’est-à-dire l’incapacité congénitale des militaires du pays à se mettre à la hauteur des enjeux démocratiques, risquent de produire les mêmes effets, le malheur des Guinéens, nous touchons du bois.
Espérons vivement que les nouveaux maîtres en prennent rapidement conscience et engagent le pays sur la voie du retour à la démocratie inclusive, comme ils semblent le promettre. Les acteurs de la communauté internationale à l’image de la CEDEAO doivent peser de tout leur poids pour que ce putsch fasse long feu.
Mais, en pareille circonstance, les acteurs internes se doivent aussi de jouer leur rôle pour amener les putschistes à renouer le plus rapidement possible avec une vie constitutionnelle normale. En tous les cas, ce putsch guinéen devrait prospérer après celui au Mali, il faut s’inquiéter que cela fasse tache d’huile dans la région.
Christian Tas
Burkina Demain