Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique de l’Ouest et centrale, a représenté la Banque mondiale ce dimanche 5 décembre 2021 à Nouakchott, au Sommet Education au Sahel

Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique de l’Ouest et centrale, a représenté la Banque mondiale ce dimanche 5 décembre 2021 à Nouakchott, au Sommet Education au Sahel. Dans son allocution, M. Diagana a réaffirmé la disponibilité de la Banque mondiale à accompagner l’éducation, rappelant les investissements de la Banque estimés à plus de 700 millions de dollars  depuis 2013.

Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique de l’Ouest et centrale, a représenté la Banque mondiale ce dimanche 5 décembre 2021 à Nouakchott, au Sommet Education au Sahel

«Excellence Monsieur le Président de la République Islamique de Mauritanie ;
Excellence Monsieur le Président de la République du Niger ;
Mesdames et Messieurs les ministres ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des Partenaires au Développement ;
Distingués invités, Mesdames et Messieurs, en vos rangs, grades et qualités, tous protocoles respectés.

Nous voici réunis, pour un sommet sur l’Education au Sahel, sommet rehaussé de la présence de notre hôte, SEM Mohamed Cheikh El Ghazouani, le Président de la République Islamique de Mauritanie ainsi que SEM Mohamed Bazoum, le Président de la République du Niger. Je voudrais au nom du President du Groupe de la Banque mondiale, Monsieur David Malpass, remercier le Président de la République Islamique de Mauritanie d’avoir bien voulu accueillir ce sommet.

Mes remerciements vont également à SEM Choguel Maiga, Premier Ministre du Mali ainsi qu’a tous les ministres et délégués ici présent. La présence de tous malgré une conjoncture difficile dans le monde et au Sahel témoigne de l’importance que vous attachez à la question de l’éducation.

Ce sommet a pour origine les discussions que nous avons eu sur le sujet, non seulement avec les responsables politiques des différents pays ici représentés, mais aussi avec nombre d’interlocuteurs à travers l’Afrique centrale et de l’Ouest. De ces échanges a émergé un constat grave et partagé : les systèmes éducatifs de pays du Sahel en particulier sont en crise. Les enfants et nos gouvernants en souffrent. Il est impératif et urgent d’engager une réflexion sur ce sujet vital pour le devenir des nations et des peuples du Sahel.

Dans ce but, les équipes techniques de la Banque mondiale, appuyées par les conseils d’un panel d’experts externes, ont mené une réflexion approfondie qui servira de base à notre dialogue avec nos pays afin de définir ensemble des actions pour les 3 à 5 prochaines années dont nous espérons qu’elles auront un impact significatif.

Excellences Messieurs les Présidents, distingués invités,

La personne qui vous parle du haut de cette tribune, tout comme sans doute, la majorité des personnes présentes dans cette salle, est un pur produit de l’école publique, du primaire à l’université. Une école publique aujourd’hui décriée mais qui jadis était reconnue pour la rigueur et les valeurs qu’elle transmettait aux élèves et étudiants ; une école publique dont les enseignants, ayant souvent sur papier un niveau de formation peu élevé, forçaient l’admiration et le respect de la communauté en raison de leur amour pour leur métier et de leur vaste culture générale.

Cet engagement des enseignants et de la communauté pour la cause de l’éducation est encore présent dans beaucoup d’écoles.

Cet engagement reste également présent chez beaucoup d’enseignants malgré les nombreux handicaps dont souffre le système. Ce sont ces handicaps qu’il faudra lever : pour que l’école publique retrouve son lustre d’antan ; pour qu’elle ne soit plus une école à la traine fréquentée uniquement par ceux qui n’ont pas les moyens de la fuir ; pour combler le fossé entre l’école du milieu rural et celle du milieu urbain et entre l’école privée à but non lucratif et l’école publique. Et enfin pour que l’école publique sache s’adapter pour préparer les élèves et les étudiants à prendre en main leur destin et celui de leur communauté, les doter d’aptitudes de mobilité dans l’espace professionnel et géographique dans un monde qui change de plus en plus vite, un monde interconnecté, un monde dans lequel savoir et savoir-faire sont devenus les clés du progrès et de l’autonomie.

Excellences Messieurs les Présidents, distingués invités,  

La survie de l’espèce humaine dépend de sa capacité de résilience. Nous peuples sahéliens sommes régulièrement confrontés aux défis de la nature avec des sécheresses récurrentes. La croissance spectaculaire de la ville de Nouakchott qui nous abrite aujourd’hui est une conséquence directe de la sécheresse de 1973 et 1984. Nous pouvons relever n’importe quel défi si nous le percevons comme un danger pour notre survie et notre devenir.

Je voudrais vous inviter aujourd’hui à considérer que l’école est en danger et, avec elle l’avenir de nos pays. Je voudrais nous inviter à nous inscrire dans une démarche qui sied aux situations d’urgence : faire face avec énergie car la crise de l’éducation est une crise existentielle.

Vous faites face et continuez à faire face aux sécheresses récurrentes, aux inondations et autres criquets pèlerins. Vous faites face aux déplacements des populations et fermetures d’écoles et centres de santé dans les régions affectées par les crises sécuritaires dans vos pays respectifs. Vous avez fait face aux crises liées aux pandémies dont la dernière en date, le Covid-19 a causé une quasi-paralysie des activités économiques du secteur formel et des échanges avec le reste du monde, des administrations publiques et du système éducatif.

Adopter pour l’ensemble du système éducatif le comportement qui sied aux situations de crise permettra de sortir du carcan administratif qui pénalise son efficacité : je pense aux retards dans la distribution des intrants pédagogiques et dans le déploiement du personnel et sa gestion sous-optimale pour ne citer que deux exemples parmi tant d’autres. Des ruptures sont nécessaires pour créer de nouvelles dynamiques. La Banque mondiale est prête à vous accompagner dans ces réformes.

Excellence Messieurs les Présidents, distingués invités,

Une conclusion principale émerge du travail préparé par les équipes de la Banque mondiale et le panel d’experts externes : ce qui manque pour améliorer les performances des systèmes éducatifs n’est pas tant la nature ou l’absence de bonnes politiques, mais la traduction de ces politiques en action. Je ne vais pas m’appesantir sur des constats, chiffres à l’appui, pour décrire l’état du système éducatif de la région du Sahel et le comparer au reste du monde, ou préconiser des remèdes. Vous connaissez mieux que quiconque, la situation qui prévaut dans vos pays respectifs. Les documents de politique existent. Il faut veiller à leur mise en œuvre avec pragmatisme et un sens de l’urgence.

Pragmatisme pour traduire les politiques en actes par des mesures adaptées aux situations locales qui peuvent varier d’une région ou d’une école à l’autre. Pragmatisme pour ajuster l’action sur la base des acquis de l’expérience. Pragmatisme pour faire confiance aux acteurs sur le terrain, leur conférer la capacité d’initiative et l’autonomie de décision, et surtout, être à leur écoute et répondre à leurs demandes pour un meilleur fonctionnement de l’école.

Un autre défi est de pouvoir capitaliser sur les leçons tirées de l’expérience dans la gestion des situations d’urgence où prévalent pragmatisme et créativité pour les appliquer aux cas des écoles en situation normale qui souffrent des lenteurs diverses et variées.

A quelque chose malheur est bon, il faudrait enfin capitaliser sur les leçons tirées du Covid-19 qui a mis en évidence l’importance de la recherche fondamentale et appliquée, domaine qui, avec l’enseignement supérieur et la recherche, est négligé. La Banque mondiale est prête à vous accompagner pour faire de vos universités et centres de recherche, des vecteurs d’innovation pour répondre aux questions sociétales et impulser l’économie.

Tout comme les parents fuient l’enseignement public pour les niveaux primaires et secondaires, les étudiants qui le peuvent fuient les universités nationales pour intégrer des universités étrangères à la recherche d’une meilleure qualité de formation. Il serait important que les systèmes d’enseignement supérieur soient repensés pour attirer les meilleurs enseignants et étudiants et jouer le rôle qui est le leur dans la société et l’économie.

Le Covid a également mis en évidence l’importance des technologies de l’information. Mais la disponibilité de l’internet à des coûts abordables pour le système éducatif dans son ensemble n’est pas au rendez-vous et ce, malgré les appuis multiples dont ceux de la Banque mondiale à travers une succession de projets couvrant, parmi d’autres, la mise en place d’infrastructures de fibre optique, la libéralisation du secteur des télécommunications, et la création d’agences de régulation des télécommunications.

Messieurs les Présidents,

Je voudrais faire appel à vous pour que vous fassiez de la disponibilité dans l’éducation et la santé d’un internet fiable et à un coût abordable, une priorité immédiate. Tout est en place pour que l’internet soit disponible immédiatement. Nous sommes disponibles à vous accompagner si vous le souhaitez.

Tout en soulignant les défis auxquels font fassent les systèmes d’éducation, je ne voudrais pas donner l’impression que les pays du Sahel n’ont pas déjà beaucoup fait en matière d’éducation. Bien au contraire. Les progrès réalisés en matière d’accès à l’éducation au cours des 20 dernières années, y compris dans l’éducation des filles, sont impressionnants. Mais il y a besoin de faire plus pour accroître l’accès à l’éducation aux différents niveaux et aux différentes catégories de la population en mettant un accent particulier sur l’inclusivité pour s’assurer que les filles et les enfants du milieu rural ne soient pas délaissés pour compte. Il y a surtout besoin de s’engager de façon décisive dans l’amélioration de la qualité, thème central s’il en est, de tout agenda visant à propulser les pays du Sahel vers l’émergence.

Excellences Messieurs les Présidents, distingués invités,

La Banque mondiale est prête à vous accompagner dans cette noble tâche en élaborant ensemble une stratégie d’intervention pour les 3 à 5 années à venir. Il va sans dire qu’il ne s’agit pas de voir des résultats de ces interventions durant cette période car la transformation, plus particulièrement celle d’un système éducatif s’effectue sur le long terme. Il s’agit d’accompagner les mesures qui permettent d’emprunter de nouvelles trajectoires, de prendre des actions qui s’attaquent aux problèmes de fonds qui handicapent le fonctionnement du système d’éducation et de formation à tous les niveaux, depuis le pré- scolaire jusqu’à l’enseignement supérieur et la recherche.

Depuis 2013, la Banque mondiale a mobilisé plus de 700 million USD pour l’éducation dans les pays du Sahel – et nous nous engageons à augmenter notre appui dans les années à venir.

La jeunesse du Sahel a besoin de perspectives et d’espoir pour construire son avenir chez elle. Avec la montée de l’économie du savoir, avec les développements de la technologie et de l’intelligence artificielle, avec les défis croissants du changement climatique, une éducation de qualité qui reflète un monde qui change est votre meilleur outil pour répondre aux aspirations des jeunes et de leurs parents. Investir dans les ressources humaines est la meilleure façon de de construire un avenir de paix et prospérité. Il faut en faire une priorité nationale.

Je vous invite donc à avoir de l’ambition et surtout à ne pas considérer les contraintes de l’existant comme une barrière infranchissable. Il n’y a pas de défi insurmontable pour les esprits déterminés.

La Banque mondiale sera à vos côtés pour vous accompagner. Elle répondra avec célérité, à vos demandes.

Je vous remercie»

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