Derrière la lutte contre le terrorisme se joue parfois l’une des sombres facettes du cynisme des relations internationales. Les partenaires ne sont aux côtés des États en souffrance que pour défendre leurs intérêts et faire tourner à plein régime leur industrie de l’armement.
Dans ce contexte, acquérir de l’armement sophistiqué pour protéger ses populations relève par moment du parcours du combattant pour de nombreux dirigeants africains pris en tenaille entre pressions et menaces diverses. Les pays du Sahel en font les frais actuellement. Il urge de diversifier la coopération militaire pour mettre fin à cette servitude qui permet aux hordes terroristes de prospérer et de continuer à endeuiller les innocentes populations.
Les pays occidentaux jouent-ils franc jeu avec les États du Sahel dans la lutte contre le terrorisme ? Les difficultés que le Burkina Faso, le Mali ou le Niger rencontrent souvent pour acquérir des avions de combat laissent parfois perplexe. La France est régulièrement accusée de faire obstruction à certains États africains désireux d’acquérir ces avions pour la défense de leurs territoires face aux incessantes attaques terroristes.
C’est sans doute cette situation qui explique que le Burkina Faso peine à renforcer sa flotte aérienne avec des appareils dignes de ce nom depuis de nombreuses années. Le pays est alors obligé d’user de stratagèmes pour contourner les différents obstacles. Excédées par la même situation, les autorités de la transition malienne n’ont pas hésité à contracter avec les russes. Les avions leur ont été livrés et la coopération russo-malienne va en s’intensifiant.
Refonder la coopération militaire
La montée du terrorisme au sahel, notamment dans la zone des trois frontières que se partagent le Burkina Faso, le Mali et le Niger inquiète, avec le nombre de morts sans cesse croissant. Les résultats mitigés de Barkhane amènent certains observateurs à se demander à quoi joue la France au Sahel ; surtout que des carences aussi bien dans le renseignement prévisionnel que dans les interventions sur le terrain sont constatées en dépit d’une logistique de pointe.
Il est plus que jamais temps pour les États du Sahel de secouer le cocotier, de changer radicalement de paradigme dans la lutte contre le terrorisme. Ils ne peuvent se complaire dans le surplace ou les tâtonnements suicidaires. Pour la sécurité, il y a forcément un prix à payer. Le Burkina Faso doit redéfinir ses options stratégiques avec les partenaires engagés à ses côtés dans la lutte contre le terrorisme. Les efforts doivent se poursuivre pour l’équipement des FDS autant pour les combats de sol que pour des opérations aériennes.
Au niveau du vecteur aérien, il est impératif de moderniser la flotte de l’armée de l’Air. Il faut passer des unités devant servir pour des missions de formation, de liaison et d’attaque légère à des appareils à hélice, équipés de mitrailleuses capables d’embarquer des tonnes de charges offensives (roquettes, missiles,..). Autant il faut investir dans le matériel, autant il faut maintenir haut le moral des troupes en améliorant leurs conditions de déploiement sur le théâtre des opérations et en envoyant également les officiers supérieur sur les différents fronts.
Les changements opérés par le Chef de l’État commencent manifestement à porter des fruits. Ces dernières semaines en effet, la lutte connait un regain d’intensité avec des victoires significatives des FDS et des VDP. C’est en ce sens qu’une centaine de terroristes ont été neutralisés il y a quelques jours. Grâce aux renseignements, un chef terroriste qui sévissait dans la province du Soum et qui était soupçonné d’avoir participé à la préparation de l’attaque d’Inata a été également alpagué par les FDS. Le 07 janvier, le Premier Ministre Lassina ZERBO, nommé le 10 décembre est attendu à l’Assemblée Nationale pour son Discours de Politique Générale.
Les lignes doivent nécessairement bouger en 2022 pour permettre aux nombreux déplacés de retrouver leurs terres et au pays tout entier de poursuivre son développement socio-économique.
Le Gouvernement a le dos au mur. L’échec n’est pas envisageable.
Jérémie Yisso BATIONO
Enseignant chercheur
Ouagadougou