Si l’on savait la directrice générale d’Essakane Solar SAS dynamique et très entreprenante, socialement engagée, une référence et un modèle de leader pour de nombreuses jeunes filles ambitieuses burkinabè et africaines ; l’on ignorait qu’elle était aussi une tête bien faite et pleine. Eh bien, Emma Blanche Kantiono, pardon ‘’Docteur Emma Blanche Kantiono’’, puisque c’est d’elle qu’il est question, vient de le prouver de fort belle manière, en soutenant avec brio, ce samedi 21 mai 2022, sa thèse de Doctorat ayant décortiqué une problématique aussi déterminante pour l’avenir du Burkina Faso que de bien d’autres pays du continent.
«Le leadership féminin au Burkina Faso : Analyse critique du parcours de trois leaders». C’est l’intitulé du travail de recherche mené par Emma Marie-Blanche Kantiono, directrice générale d’Essakane Solar SAS, sous la direction du Professeur Jean Michel Plane, dans le cadre de sa thèse de doctorat en sciences de gestion, option Executive Doctorate in Business Administration (EDBA), et dont les résultats ont été présentés par visio-conférence ce samedi 21 mai 2022 à Ouagadougou.
Devant un jury de l’Académie des Sciences de Management de Paris
«La réflexion que nous avons menée, fait une analyse critique du parcours de trois leaders» : MADAME A, MADAME B et MADAME C. Ces femmes malgré les différentes pesanteurs socioculturelles se sont imposées dans les différentes organisations où elles ont servi et sont des exemples de réussite et de leadership pour des milliers de jeunes filles et femmes burkinabè.
La détermination des spécificités de leur leadership devrait permettre à ces jeunes filles et femmes qui rêvent de devenir comme ces femmes, d’agir sur des traits de leur personnalité, et de développer leur leadership», a relevé d’entrée de jeu l’impétrante Kantiono devant un jury de l’Académie des Sciences de Management de Paris. Un jury présidé par le Professeur Jean Marie Peretti et comprenant 2 rapporteurs : Marc Henri Alain Bidan et Soufyane Frimousse.
Principes et valeurs partagées, style de management
Au terme de ses recherches, Docteur Kantiono, note que les 3 femmes leaders étudiées partagent les principes et valeurs suivants : le courage, la confiance en soi, l’équilibre entre la vie privée et professionnelle, l’attention tournée vers les autres, la sollicitude. Elles ont aussi en commun le style de management caractérisé par l’esprit d’initiative, la fermeté, l’aptitude dans la prise de décision, la motivation des équipes et la délégation des responsabilités.
Et de relever plusieurs obstacles au développement du leadership au Burkina Faso, touchant notamment au rôle des femmes dans la société, à l’éducation, à la confiance en soi, aux ressources financières et aux réseaux susceptibles de permettre aux femmes de progresser. «La société burkinabè attend des femmes qu’elles soient des responsables de la famille et de la gestion de la maison».
Conditions de l’émergence d’un leadership féminin au Burkina
A écouter la DG d’Essakane Solar SAS, le développement du leadership féminin au Burkina Faso et l’affirmation des femmes sont tributaires de la prise d’un certain nombre de mesures, tant au niveau politique, social et qu’organisationnel. Elle a ainsi préconisé l’application de la loi sur le quota genre au-delà du domaine public et son extension aux entreprises ; la poursuite des actions en faveur de l’éducation des jeunes filles à travers les sensibilisations, les bourses d’études ; le soutien des familles aux jeunes filles dans leurs études ; le développement du système de mentorat en vue de permettre aux jeunes filles de s’inspirer de bons modèles de leadership et de s’affirmer.
Docteur Kantiono a aussi suggéré la mise en place de politiques visant à encourager le recrutement des femmes par les entreprises et à encourager les femmes à s’investir dans les formations de base et continues en vue de développer leurs compétences.
«Une loi pour rendre l’éducation gratuite et obligatoire»
«La difficulté que rencontrent les femmes dans la conciliation entre leur vie privée et leur vie professionnelle reste le premier obstacle au développement du leadership féminin. Si les femmes étudiées dans le cadre de cette thèse sont parvenues à s’affirmer comme leader, c’est avant tout parce qu’elles se sont affranchies des pesanteurs socioculturelles qui restreignent le rôle des femmes à celui de ménagère d’une part, et, ont refusé de renoncer aux postes de responsabilités sur le plan professionnel à cause des responsabilités familiales, d’autre part. Il en résulte la nécessité de procéder à une sensibilisation de la gent masculine sur leur rôle dans le développement du leadership féminin, en vue d’un changement de mentalités», a-t-elle conclu.
Et quand un membre du jury lui demande quelle serait sa première loi si elle était ministre de la femme, la réponse de Emma Marie-Blanche Kantiono a été immédiate et sans ambages : «ma première loi consacrerait la gratuité de l’obligation de l’éducation pour les jeunes filles en âge d’aller à l’école».
«Les lignes sont en train de bouger »
«En Afrique, en général, quand une fille naît, l’on se dit qu’elle est promise à être ménagère ou mariée, et de ce fait, n’a pas besoin d’aller à l’école, d’avoir un parcours. Quand c’est un garçon, c’est tout le contraire. Aujourd’hui, les choses doivent changer. Les lignes sont en train de bouger…dans le secteur des énergies renouvelables où j’exerce, je vois de plus en plus de jeunes filles s’inscrire à des formations pour devenir électriciennes», a encore soutenu l’impétrante.
En soutenant ainsi avec brio sa thèse de doctorat, Emma Marie-Blanche Kantiono, a conquis les membres du jury qui l’ont jugée digne de porter désormais le grade de ‘’Docteur’, tout en l’exhortant à approfondir ses recherches dans la perspective des étapes à venir, les publications et la diffusion des résultats lors des colloques et conférences scientifiques. En effet, Professeurs Jean Marie Peretti et Jean-Michel Plane, et les autres collègues ont estimé que «le travail du Docteur Kantiono a un fort impact», convaincus qu’ils sont, que «la femme est l’avenir de l’Homme, surtout au Burkina Faso».
Enfin, c’est intéressant de le savoir, la thèse du Docteur Kantiono a porté sur 3 leaders de femme bien connues dans notre pays et certainement ailleurs en Afrique. Il s’agit de Georgette Koala, enseignante en droit, ex-agent de banque et présidente d’association.
De Rosine Coulibaly, ex-ministre des Affaires étrangères, ancien ministre de l’économie et des finances (2016-2019), ex-représentant résident du Programme des Nations-unies pour le développement (PNUD).
Et de Priscille Zongo, consultante pour l’Association pour le développement des techniques et pratiques en agroécologie (ADTAE), responsable administrative et financière, directrice adjointe de la Chambre des mines du Burkina (CMB) et promotrice de diverses associations pour l’autonomisation de la femme burkinabè.
Martin Philippe
Burkina Demain