A la faveur de la remise ce lundi 11 juillet des conclusions d’une commission de réflexion sur sa réouverture, devenu un casse-tête tant les défis à relever avant d’y parvenir sont énormes, le Lycée Philippe Zinda Kaboré, occupe de nouveau le devant de l’actualité nationale. A quand finalement la réouverture effective du plus grand établissement secondaire du pays, fermé le 24 mai 2021 suite à des manifestations violentes d’élèves ?
Sur cette question cruciale de réouverture du Noble Zinda, vu le symbole qu’il représentait dans l’univers du système éducatif du secondaire, le Ministère de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales (MENAPL) alors sous la houlette du Pr Stanislas Ouaro, tablait sur la rentrée 2022- 2023 avec une volonté ferme de transformer le plus grand établissement du pays en un pôle d’excellence scientifique. Mais, c’était sans compter avec la météo politique.
Avec l’avènement du MPSR au pouvoir
Avec l’avènement du MPSR au pouvoir, c’est Lionel Bilgo qui a hérité de ce dossier hautement politique, en sa qualité de nouveau ministre de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales. Conscient de la sensibilité de la question, il a mis en place une commission de réflexion sur les conditions de réouverture de l’établissement qui lui a remis ce 11 juillet ses propositions.
Pour cette commission, la réouverture du Zinda pour cette année 2022-2023 reste toujours possible à condition de réaliser un minimum d’investissement (1 milliard, 190 millions de francs CFA) pour réhabiliter partiellement les locaux (pédagogiques et administratifs) du lycée ; compte tenu de la vétusté de ses bâtiments. A défaut, il faudra se donner un peu plus de temps et envisager la rentrée effective au Zinda pour l’année 2023-2024, soit deux ans de fermeture.
Abandon du projet de transformation du Zinda en pôle d’excellence scientifique
Hormis les locaux qui devraient être rénovés avec un mur de clôture ; les membres de la commission de réflexion ne sont pas allés jusqu’à entériner la décision du pouvoir kaboré de transformer le lycée à un établissement scientifique d’excellence. Ils ont plutôt préconisé la réouverture du Zinda sous un format ordinaire, c’est-à-dire un établissement d’enseignement général du secondaire.
Cette décision va certainement donner satisfaction à tous ceux qui ne voyaient pas d’un bon œil la mesure de transformation du Zinda à un établissement scientifique. En effet, certains y ont vu une volonté de faire taire les contestations scolaires, une sorte de mesure politique, sans tenir compte des autres aspects positifs de l’existence d’un établissement historique comme le Noble Zinda.
Exigence vaine de l’UGEB de la réouverture du Zinda
Dénonçant la mesure, les responsables de l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB) avaient exigé sans succès la réouverture du Zinda, lors de leur 30ème congrès ordinaire tenu les 8, 9, 10 et 11 septembre 2021 à Ouagadougou.
Même dans le milieu universitaire, beaucoup sont resté septiques quant au bien-fondé de la décision de transformation du Zinda à un établissement scientifique, surtout quand on sait que des établissements scientifiques sont également construits dans le pays. Alors avait-on vraiment besoin de créer cet ambitieux pôle d’excellence scientifique sur les cendres du Zinda qui faisait également figure de référence, de creuset en matière de formation de littéraires?
« Le Burkina n’a pas besoin que de scientifiques »
Et comme le relevait à juste titre le Professeur émérite Serge Théophile Balima lors de la douzième édition des Universités africaines de la communication (UACO) tenue du 25 au 27 novembre 2021 dans la capitale ; le Burkina Faso dans sa construction n’a pas besoin seulement de scientifiques, mais aussi d’autres compétences pour œuvrer à son plein épanouissement et rayonnement. «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme», nous dit en effet Rebelais.
Vu sous cet angle, la proposition de la commission de rouvrir le lycée Zinda sous son format initial n’est pas dénudée de sens, surtout qu’elle est assortie d’une proposition de construction d’établissement scientifique ailleurs que sur le site du Zinda qui devra ainsi continuer d’être un pôle d’enseignement général initiant les élèves aussi bien à la science qu’à la littérature.
Résorber à moyen et long termes le problème de vétusté des infrastructures
Cela dit, il reste véritablement à s’attaquer à la question de la vétusté des infrastructures scolaires du pays qui dépasse le seul cas du Zinda. Déjà l’année dernière, le ministre Ouaro avait avancé un chiffre de 110 établissements concernés. Et pour résorber à moyen et long termes ce problème chronique, c’est de veiller à ce que les nouveaux projets de construction de bâtiments scolaires soient bien exécutés suivant les normes de qualité et de sécurité.
Martin Philippe
Burkina Demain