Ceci est une lettre d’un élève inspecteur de l’enseignement primaire et de l’éducation non formelle en fin de formation, au Ministre de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, par rapport aux épreuves QCM (Questions à choix multiples) et dissertation aux concours professionnels.
«Lettre ouverte
A monsieur le Ministre de l’Education Nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues Nationales
Concours professionnels du MENAPLN ; QCM ou dissertation comme épreuve ?
Monsieur le Ministre, depuis votre arrivée à la tête du département de l’éducation, le monde éducatif fonde en vous de l’espoir. C’est avec grand enthousiasme que les acteurs ont appris à travers l’arrêté conjoint N° 2022_/MENAPLN/MSJE du 07 /04/ 2022 fixant le calendrier des examens et concours, session de 2022 et l’arrêté N°2022-084/MENAPLN SG/DGEC portant modalité d’organisation des examens professionnels et des stagiaires de l’éducation préscolaire, de l’enseignement primaire et l’éduction Non Formelle du 03/06/2022. De ces arrêtés, il ressort que l’examen professionnel de reclassement A3 sera effective. Mais une préoccupation demeure à savoir celle de la nature exacte et des coefficients des épreuves. Quelle épreuve convient-t-il pour les Concours et examens professionnels du MENAPLN ? les QCM ? La dissertation ? Certes, chacune d’elles a ses avantages et ses inconvénients, mais faut-il utiliser des QCM pour recruter des cadres de l’Etat ? des agents de conception du MENA ? Si j’avais le choix à opérer, j’opterais pour la dissertation. En effet, les QCM ont apparu en 1915 sous l’impulsion de Fréderich J. Kelly de l’institut de formation de Kansas. Lorsque l’on demande à un apprenant de répondre à une question de connaissance, deux possibilités s’offrent à lui :
-faire construire la réponse en lui permettant de la faire rédiger avec ses propres ses outils, mots…etc.
-faire sélectionner la réponse adéquate parmi un choix.
Les QCM conviennent avec les groupes importants en ce qu’elles permettent une évaluation rapide, simple et précise des connaissances du candidat. Pour les examens et concours, il y a aussi que les QCM permettent de couvrir une grande étendue de la matière. A cela s’ajoute le sentiment de sécurité mathématique pour la notation dans des conditions de standardisation acceptables. Elles sont économiques car l’Etat réquisitionnera peu de correcteurs d’autant plus que la correction et la notation se font aisément, voire de manière automatique par lecture optique ou informatique. L’Etat économisera ses milliards pour d’autres domaines.
Monsieur le Ministre, faut-il économiser des milliards au détriment du capital humain ? l’investissement dans l’Homme, n’est-il pas le meilleur investissement ? Entre le capital humain et le capital économique, doit-on hésiter pour opérer un choix ? Pour ma part, il est maladroit et incohérent d’administrer des QCM pour recruter des inspecteurs ou des cadres pour le MENA. On peut les utiliser dans d’autres ministères, mais pas au MENA. La dissertation est une matière dans tous les ordres d’enseignement : Expression écrite et rédaction au primaire et au post-primaire, dissertation / thèse au secondaire et à l’université. Pourquoi demander aux acteurs du système éducatif d’enseigner une matière, voire de la promouvoir, et on revient pour les évaluer sur la base de QCM ? C’est très paradoxal à mon humble avis.
Les inconvénients des QCM demeurent. L’on note entre autres la tentative par leurs auteurs de poser des questions sur des points de détails encourageant à la mémorisation plutôt qu’à la compréhension de la matière, cela entraîne par ricochet « la contraction du champ des étudiants » Leclercq, 1986.
Les QCM s’avèrent incapables de mesurer des compétences telles que « l’expression spontanée, l’aptitude à rédiger et à exprimer sa pensée, l’invention de solutions nouvelles et même la reproduction de mémoire sans support ». En clair, les QCM sont inadéquats comme épreuve pour recruter des cadres au MENA. Je ne conteste pas leurs avantages, mais j’insiste, cette épreuve n’honore pas le corps des inspecteurs en qu’elle ne cultive pas un esprit critique, créatif, et analytique. Peut-être que je me trompe, mais c’est mon avis. Du reste, ceux qui les ont imposées à la session passée ont peut-être leurs raisons que la raison ignore. Il est courant d’entendre dire que l’éducation est un secteur improductif. Si c’est une telle idée qui fonde l’imposition des QCM aux candidats, réviser donc les horaires et les programmes d’enseignement et thésauriser les milliards. De deux choses, l’une. Ou l’on opte pour une éducation de qualité et on investit les moyens pour l’atteinte des objectifs fixés, ou l’on opte pour le capitalisme au détriment de l’Homme et on sombre dans l’ignorance.
Veuillez agréer Monsieur le Ministre, l’expression de ma profonde considération.
BAKI Cyprien
Élève Inspecteur de l’Enseignement Primaire et de l’Education Non formelle en fin de formation. Tel : 70 04 01 39».