Se prononçant dans cette déclaration sur la nomination de Me Apollinaire Kyélem de Tambèla comme Premier ministre, Adama Bayala, journaliste-écrivain, enseignant en communication, y exprime également ses ‘’pressantes attentes’’.
«Mes pressantes attentes de Maître Kyelem, le nouveau premier ministre
Le pessimisme me disputait à l’optimisme, depuis le 2 octobre 2022, en raison de l’ensemencement des graines de rouerie, de concussion et de manipulation à différents étages de l’installation et de la consolidation du régime du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration II (MPSR II).
A brûle-pourpoint, le grand échalas de la « soldatesque », qui s’est pris le pied dans un tapis du palais de Kosyam, nomma maître Apollinaire Jean Kyelem de Tambela.
La cooptation de ce révolutionnaire madré, caractériel et décomplexé me donne des raisons d’espérer en un changement de cap. Qui sait !
C’est un choix audacieux, juste et louable qui offre assurément une bouffée d’oxygène à un pays asphyxié. Maître de Tambela est un homme, visiblement opposé à l’immobilisme, avec une propension féconde pour l’innovation.
N’empêche qu’on ne lui accordera pas un blanc-seing. Dans un pays où tout est priorité, il a l‘occasion de mettre en musique la somme des connaissances théoriques acquises au fil de sa carrière. De la théorie à la pratique !
Dans tous les cas, l’ossature de son gouvernement, le premier, en attendant éventuellement l’occasion d’une autre, nous donnera la mesure de la partie qu’il s’apprête à jouer, dans cette période de transition, envisagée comme une opportunité pour sauver, révolutionner et réconcilier le Burkinabè avec les valeurs d’humanité.
Mon espoir, que maître Kyelem ait les coudées franches pour s’attacher les services des patriotes sincères, intègres, portés par l’intérêt général. Il y en a dans tous les milieux, pour la plupart taiseux. Il faut seulement aller les chercher, en nous gardant de vouer aux gémonies tous les membres du gouvernement du MPSR I.
Le plus incrédule des Burkinabè sait qu’il y en avait de bons et de vrais. Mon espoir, qu’il ait les coudées franches pour implémenter, avec une dose de mesure, en phase avec le contexte national et international, l’acte II de la Révolution Démocratique et Populaire. Peut-il en être autrement quand lui-même, avec une conscience de classe, s’est fait chantre devant l’éternel de cette parenthèse glorieuse de notre histoire commune, en revenant, dans un ouvrage, sur les motivations principales, la philosophie, les fondements et l’architecture de ladite révolution !
Mon espoir, qu’il commandite les audits indépendants de tous les ministères, les institutions et les sociétés d’Etat du gouvernement de Albert Ouédraogo. Ce serait le signe d’un engagement à diriger sous le prisme des vertus.Mon espoir, qu’il publie systématiquement les audits des ministères, des institutions et des sociétés d’Etat réalisés par le gouvernement précédent. Cela aurait le mérite de responsabiliser davantage les nouvelles autorités et renforcer la confiance du peuple qui, depuis un bon moment, essuie des malheurs mille fois douloureux.
Mon espoir, qu’il procède automatiquement au rabotage des salaires des membres du gouvernement, y compris celui du chef de l’Etat. Pas seulement, dans la dynamique de la réduction du train de vie de l’Etat, il pourrait orchestrer la réduction significative des dotations en carburant, en communication etc…
Mon espoir, qu’il procède purement et simplement au gel des émoluments servis aux personnalités, six mois après la fin de leurs états de service à la Nation. Cela pourrait commencer avec les membres amnésiques du gouvernement Ouédraogo, qui s’est contenté de se pâmer de plaisir aux dépens du peuple.
Mon espoir, qu’il procède à la réquisition, le temps de la transition, des bâtiments privés en location à l’Etat qui traverse une passe périlleuse, avec des difficultés de mobilisation des taxes et des impôts. Le renoncement à ces loyers mensuels participe du sacrifice collectif, aux côtés de ceux des soldats, des VDP et des populations civiles qui se battent au front pour sauver notre cher pays, menacé de disparition. Subséquemment avec les activités lucratives des opérateurs économiques qui y prospèrent, aux moyens d’ingénieries saupoudrées à gommer in fine.
Mon espoir, qu’il procède à la réduction significative des prix des hydrocarbures, moteurs de l’économie, pour enclencher par ricochet la baisse des produits de grande consommation. Ceci aurait pour effet de permettre à la population, ployant sur le coup de l’inflation, 20%, de souffler.Mon espoir, que l’armée, péremptoirement appelée « La grande muette », cesse de communiquer à tout-va pour, à la fois, mériter son sobriquet et éviter de servir les intérêts des terroristes. Il conviendra de revisiter le logiciel de la communication, en l’adaptant à la communication de GUERRE.
Mon espoir, que ce gouvernement consacre la célébration de tous les droits fondamentaux des Burkinabè. Cela pourrait, à la lumière du contexte de pauvreté ambiant, amplifié par la guerre contre le terrorisme et la vie chère, commencer par le plafonnement des frais de scolarité dans les établissements privés d’enseignement. Il n’est pas superfétatoire de dire, avec faconde, que le droit à l’école est bafoué au Burkina Faso. Joseph Ki Zerbo ne disait-il d’ailleurs pas : « On ne peut pas bâtir une société sur le principe du tout-privé ».
Je crois naïvement que ces mesures symboliques, procédant de choix stratégiques, qui ne demandent rien, si ce n’est la volonté, pourraient permettre au gouvernement Kyelem de rétablir la confiance avec le peuple martyrisé du Burkina; l’amenant à consentir davantage de sacrifices pour soutenir l’effort de guerre. »