La capitale nigérienne, Niamey, abrite ce vendredi 25 novembre 2022, un double sommet de l’Union africaine, l’un consacré à l’industrialisation du continent et l’autre à sa Zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf), porteuse de tous les espoirs de développement via une réelle intégration des échanges intra-africains. Les nombreuses interventions des officiels dont celle du président hôte Mohamed Bazoum, ont mis en exergue les enjeux de ce double sommet de Niamey.
«Libérons les énergies des entrepreneurs africains, simplifions les démarches des investisseurs internationaux et des talents dont l’économie africaine a besoin…Soyons ambitieux, nous pouvons nous le permettre. Investissons donc dans l’éducation, en particulier dans les Mathématiques à l’instar des Instituts Indiens de Technologie, sans oublier les humanités. Nous vivons un moment historique. Le train de la transition digitale est à quai devant nous, ne le ratons pas, prenons-le avec détermination. C’est la condition de notre industrialisation qui va donner son sens à la ZLECAf».
C’est là un poignant extrait du discours du président nigérien Mohamed Bazoum, à l’ouverture, ce vendredi matin à Niamey, du double sommet de l’Union africaine consacré à l’industrialisation du continent et à l’évaluation du processus de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
«Industrialiser l’Afrique : un engagement renouvelé pour une industrialisation et une diversification économique inclusive et durable». C’est le thème de ce double sommet à grands enjeux.
Quand Bazoum montre la voie…
«Ce sommet manifeste l’engagement du leadership de l’UA au plus haut niveau pour accélérer l’industrialisation en vue d’atteindre les Objectifs de Développement Durables 2030 et de l’Agenda 2063 par la mise en œuvre de stratégies concertées avec tous les acteurs, publics et privés. Qui dit industrialisation, dit commerce, leurs dynamiques étant couplées. C’est ainsi que l’Industrialisation de l’Afrique passe par la mise en œuvre de l’Accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui, elle, repose sur l’industrialisation. Ce qui est bon pour l’une est bon pour l’autre et réciproquement, ce qui est mauvais pour l’une est mauvais pour l’autre. La promotion des deux doit tenir compte de cette dépendance positive afin d’obtenir un développement économique sûr», a soutenu le numéro un nigérien devant ses pairs africains. En effet, ils sont une vingtaine de chefs d’Etat et gouvernement à faire le déplacement : le rwandais Paul Kagamé, le nigérian Mahamadou Buhari, le togolais Faure Gnassingbe, le bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló, le mauritanien Mohamed Ould El-Ghazaouani, Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union africaine, pour ne citer que ces dirigeants.
L’Afrique encore mal lotie en matière d’industrialisation et de commerce
Le présent double sommet appelle visiblement les dirigeants africains à l’action face à la situation actuelle du continent, encore mal loti sur le plan de l’industrialisation et du commerce dans sa globalité. Des interventions, il ressort en effet que l’Afrique exporte de la matière première incorporant peu de valeur ajoutée tandis qu’elle importe des produits manufacturés à forte valeur ajoutée. Résultats : à ce jour, elle ne pèse que 4% dans le commerce mondial et le taux des échanges commerciaux entre pays africains se chiffre encore au stade de 17% de leur commerce global.
«Toutes ces politiques d’industrialisation élaborées au fil des décennies et adoptées par les organes délibérants de l’Union africaine ne se sont pas toujours soldées par des résultats conséquents. Le reconnaître sans détours est une motivation pour nous surpasser dans nos efforts d’amélioration de nos résultats», a reconnu pour sa part le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat.
«La ZLECAf, la meilleure voie du continent vers la prospérité»
Mais, fort de ses atouts, l’Afrique se doit d’espérer un lendemain meilleur. «Notre continent est riche en matières premières variées, et riche d’une jeune population majoritairement rurale projetée à 2 milliards de personnes à l’horizon 2063 dont la moitié aura moins de 27 ans», a rappelé le président Bazoum.
La veille du double sommet, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi A Adesina, est resté dans le même tempo. «La zone de libre-échange continentale africaine est la meilleure voie du continent vers la prospérité. Pour libérer son potentiel, cependant, nous ne devons pas nous contenter de commercer. Nous devons transformer la zone en une zone de fabrication industrielle», a-t- il souligné.
Bref, il ne reste qu’à espérer que les dirigeants africains réunis à Niamey pour ce double sommet, prennent les bonnes décisions allant à la fois dans le sens de l’industrialisation du continent et d’une bonne mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Et le professeur Benedict Oramah, président de la Banque africaine d’import-export de lever un coin de voile sur les actions déjà engagées : «Afreximbank travaille avec le Secrétariat du ZLECAf et le Conseil des ministres du commerce pour établir le Fonds d’ajustement du ZLECAf. Le Fonds devrait aider les pays à s’adapter de manière ordonnée aux suppressions tarifaires du ZLECAf et les préparer à participer au nouveau régime commercial. Plus tôt cette année, la Banque a été nommée gestionnaire du fonds de 10 milliards de dollars américains, qu’elle soutient avec une facilité de 1 milliard de dollars américains et une subvention de 10 millions de dollars américains destinée au fonds de base (d’indemnisation)».
Martin Philippe
Burkina Demain