Alors que les crises financière, sanitaire et climatique menacent d’inverser deux décennies de progrès en matière de développement en Afrique, les experts appellent à un financement concessionnel urgent afin d’aider le continent à renforcer sa résilience et à stimuler la croissance économique.
«Selon des experts, l’Afrique a un besoin urgent de financements concessionnels pour renforcer sa résilience face aux crises
Addis-Abeba, le 27 mars 2023 (CEA) – Alors que les crises financière, sanitaire et climatique menacent d’inverser deux décennies de progrès en matière de développement en Afrique, les experts appellent à un financement concessionnel urgent afin d’aider le continent à renforcer sa résilience et à stimuler la croissance économique.
Les multiples crises, y compris la crise alimentaire et celle de l’énergie issues de la guerre en Ukraine, les effets du changement climatique, les conflits et le resserrement des conditions financières mondiales, ont accru le déficit de financement du développement et la vulnérabilité de l’endettement de l’Afrique, conviennent les experts lors d’un atelier virtuel d’une journée ayant pour thème, « Stimuler l’accès au Fonds de résilience et de durabilité du Fonds monétaire international (FMI), organisé par AfriCatalyst et la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
Le Directeur de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance de la CEA, Adam Elhiraika, déclare qu’au cours des six dernières décennies, chaque récession que le monde a connue a entraîné une augmentation de la dette publique mondiale. De nombreux pays africains ont ainsi vu augmenter leur dette publique. Une grande partie de cette dette publique a été contractée entre 2020 et 2021 lorsque les pays cherchaient à contrecarrer les effets de la pandémie de Covid-19.
En conséquence, de nombreux pays ont été aux prises avec un endettement et des frais d’intérêts élevés, ce qui a entravé la réduction de la pauvreté et a fait obstacle à leurs reprises économiques.
« Malgré les efforts nationaux et internationaux, un nombre croissant de pays africains continuent de ployer sous le poids de la dette et du service de leur dette ; certains sont déjà surendettés ou frôlent le surendettement », indique M. Elhiraika, soulignant que cela entrave le renforcement de la résilience aux crises futures, renforcement essentiel pour le développement durable.
Afin d’aider les Pays en développement et ceux à revenu intermédiaire de la tranche inférieure à renforcer leur résilience aux crises externes et à atteindre une croissance durable, le FMI a créé le Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RST). Ce dernier offre un instrument de financement innovant visant à aider les pays à relever les défis structurels à long terme, tel que l’adaptation et l’atténuation du changement climatique et les pandémies : la Facilité pour la résilience et la durabilité (RSF).
AfriCatalyst, une Société de conseil en développement mondial basée en Afrique, a élaboré un guide pratique visant à informer les décideurs politiques et les parties prenantes nationales sur les principales caractéristiques, les critères d’éligibilité et les objectifs du RSF.
Ce guide explore comment le FMI dans le cadre du RST pourrait soutenir la conception et la mise en œuvre de politiques macroéconomiques nationales pour intégrer les risques climatiques et pandémiques ainsi que le coût de leurs adaptations dans les cadres macro-fiscaux.
Le Fondateur et PDG d’AfriCatalyst, Daouda Sembene, déclare que le RST présente des avantages potentiels pour les pays africains, touchés par un endettement élevé. AfriCatalyst, avec le soutien de la Fondation Bill & Melinda Gates, a renforcé la production de données probantes et le soutien consultatif technique aux décideurs africains afin de promouvoir l’accès des pays d’Afrique subsaharienne au financement du FMI dans le cadre du RST.
M Sembene note qu’il y a une forte demande de financement climatique, mais que les ressources disponibles sont limitées. Le FMI cherche actuellement 40 milliards de dollars pour le RST là ou il n’a réussi à lever que 26 milliards de dollars.
«Les pays africains ont besoin de ressources supplémentaires », indique M. Sembene, faisant remarquer que le financement climatique cumulé de 52 pays africains dans le cadre des Contributions déterminées au niveau national est estimé à 2 300 milliards de dollars.
Mme Fenohasina Rakotondrazaka Maret, Conseillère principale à AfriCatalyst, déclare que l’accès à ce financement du RST sera accordé en fonction de la solidité des réformes des nations et de la viabilité de leurs dettes. Les prêts concessionnels ont une échéance de 20 ans et un différé d’amortissement de dix ans et demi. Les emprunteurs paieront ainsi un taux d’intérêt qui représente une marge modeste par rapport au taux de DTS de trois mois, où les pays les plus pauvres bénéficieront des conditions de financement les plus favorables.
Le Rwanda est actuellement le seul pays africain à avoir un programme soutenu par le RSF et approuvé par le FMI. Il a reçu un financement de 319 millions de dollars américains pour ses programmes de lutte contre le changement climatique.
Le Conseiller principal d’AfriCatalyst, Ali Mansoor, ancien Directeur adjoint du FMI, note que le Rwanda a intégré les questions climatiques dans ses stratégies nationales de transformation. Lors de la COP27, le Rwanda a lancé son programme « Ireme Invest », destiné à financer des projets verts pour les Petites et moyennes entreprises (PME).
Mansoor ajoute que le Rwanda utilisera le RSF pour stimuler d’autres financements et organiser une meilleure planification dans le cadre de son processus budgétaire destiné aux risques liés au changement climatique, ainsi qu’à accréditer son ministère de l’environnement dans le cadre du Fonds vert pour le climat et du Fonds d’adaptation.
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À propos de la CEA
Créée en 1958 par le Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations Unies, la CEA est l’une des cinq commissions régionales de l’Institution et a pour mandat d’appuyer le développement économique et social de ses États membres, d’encourager l’intégration régionale et de promouvoir la coopération internationale pour le développement de l’Afrique.
Composée de 54 États membres, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) joue un double rôle en tant qu’organisme régional de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et en tant que partie intégrante du paysage institutionnel régional en Afrique.
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