Photo de famille des chefs d'Etat de la CEDEAO au sortir d'un sommet

La soixante troisième conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO-Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui se tiendra ce dimanche 9 juillet à Bissau sera une occasion pour les participants de dresser un autre point de la situation des transitions politiques militaires en cours au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.

Entre le dernier sommet de la CEDEAO en décembre 2022 à Abuja et celui qui se tiendra ce dimanche 9 juillet à Bissau, les choses ont- elles évolué positivement telle que souhaitée par l’organisation régionale dans la conduite des transitions politiques militaires au Mali, en Guinée et au Burkina Faso ?

La réponse à cette interrogation, l’on ne la saura avec plus précisions qu’après le sommet de Bissau qui devrait enregistrer quelques absences de taille, notamment celle de l’ancien président nigérian Mahammadu Buhuri qui a cédé le 30 mai dernier son fauteuil au nouveau président Bola Ahmed Tinubu. Celui-ci sera-t-il du sommet ? Probablement. Le président hôte et président en exercice de la CEDEAO, Umaru Sissoco Embalo, a apparemment fait le nécessaire dans ce sens en se déplaçant à Abuja pour le rencontrer personnellement. Si le président Bola Ahmed Tinubu fait effectivement le déplacement de Bissau, cela devrait contribuer à donner plus de poids aux décisions qui en sortiront.

Quelle situation pour le Mali, le Burkina et la Guinée ?

S’agissant des transitions politiques en cours au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, la situation varie évidemment d’un pays à un autre. On le sait, l’appréciation au niveau de la CEDEAO se fera en fonction de la mise en œuvre des engagements pris vis-à-vis d’elle, notamment le respect du délai pour la tenue d’élections devant conduire au retour à une vie constitutionnelle normale. Aujourd’hui le Mali avec la tenue effective de son referendum du 18 juin s’achemine probablement vers la tenue d’élections. Mais, quand ? Cette à fixer par les autorités maliennes tiendra dans le délai de la CEDEAO ?

Au Burkina Faso, on n’a pas encore une nouvelle Constitution alors que la date de juillet 2024 s’approche inexorablement, dans un contexte de persistance de la crise sécuritaire. Peut-on, dans ce contexte, tenir un scrutin dans le délai fixé par l’organisation régionale ? Et cela fait quand même un bout de temps que le Médiateur de la CEDEAO pour le Burkina Faso Mahamadou Issoufou n’a plus refoulé le sol burkinabè. Et beaucoup d’observateurs se demandent si l’accord entre le Burkina et la CEDEAO tient-il encore. Pour le Pr Abdoulaye Soma, le gouvernement ne peut pas faire fi de cet accord et faire autre chose qui tient légalement. Pour lui la porte de sortie honorable réside dans une renégociation de l’accord sur le délai de la tenue des élections. Et dans cette perspective, il plaidait pour des consultations sans exclusive avec les différentes parties prenantes nationales afin d’aboutir à un consensus national qui devrait servir de base à la négociation avec l’organisation régionale pour une prolongation de la durée de la Transition du fait notamment de la persistance de la crise sécuritaire.

Du côté de la Guinée, les autorités arrivées en pouvoir en 2021, tablent carrément pour des élections en 2025. Alors que c’est le pays devrait en principe avoir moins de contraintes pour aller aux élections vu qu’il ne connaît de crise sécuritaire, comme le Mali ou le Burkina Faso.

Pain béni pour l’APA, les BRICS, la Russie

Suspendus des instances de la CEDEAO et de l’Union africaine, le Mali, la Guinée et le Burkina Faso plaident sans succès depuis février pour réintégration sans conditions dans ces organisations. Pendant ce temps, la CEDEAO et l’Union africaine sont souvent conspuées dans les rues des capitales malienne, burkinabè et guinéenne, traitées d’organisations au service des chefs d’Etat et inutiles pour les peuples africains.

Dans ce contexte, les chefs d’Etat et de gouvernement gagneraient à faire ‘’molo molo’’ dans l’appréciation des situations pour éviter d’aggraver cette défiance populaire. Sinon, à trop acculer les 3 pays en transition, ces derniers pourraient se résoudre à leur tourner le dos ou à aller voir ailleurs dans d’autres regroupements multilatéraux. En tout cas, ce serait, si ce n’est déjà le cas, du pain béni pour des organisations comme l’Alliance politique africaine (APA) pilotée par Lomé. Le Burkina Faso, la Guinée et le Mali sont membres de l’APA qui a tenu en début mai dernier sa première conférence ministérielle avec la participation de 10 pays africains dont la Centrafrique, la Tanzanie, la Libye.

Sans oublier les BRICS dont le prochain sommet se tiendra du 22 au 24 août 2023 à Johannesburg en Afrique du Sud et pour lequel la plupart des chefs d’Etat du continent ont été conviés. Même avant Jo’Burg, il y a le deuxième sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg prévue en fin juillet 2023 qui sera une autre grande tribune pour les Etats exclus de la CEDEAO et de l’Union africaine.

Les temps ont bien changé et les responsables des deux organisations devraient en tenir compte. La période actuelle est comparable à la période de la guerre froide, de la période de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine, période où dirigeants de pays capitalistes, de pays communistes, socialistes, indépendantistes ou souverainistes se côtoyaient lors des instances des organisations africaines et internationales.

Christian Tas

Burkina Demain

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