Des assaillants armés ont tenté dimanche 26 novembre de forcer une armurerie militaire, libérant de nombreux prisonniers

Bien malin est celui qui sait où aura lieu le prochain putsch en Afrique de l’Ouest. Alors que beaucoup pensaient à un pays francophone, les évènements de Freetown en Sierra Leone où des assaillants armés ont tenté dimanche 26 novembre de forcer une armurerie militaire et libérant de nombreux prisonniers ; montre bien, si besoin en était, que cela peut arriver dans n’importe quel pays de la région, y compris le monde anglophone où la démocratie à l’occidentale semble plus d’ancrage. Il suffit simplement que les conditions soient réunies pour que l’on bascule d’un système démocratique à un régime militaire.

Des assaillants armés ont tenté dimanche 26 novembre de forcer une armurerie militaire, libérant de nombreux prisonniers

En cela, l’on ne saluera pas assez la récente sage décision du président Georges Weah qui a concédé sa défaite au second tour de la présidentielle libérienne devant son challenger Joseph Boakai qu’il avait pourtant battu à la précédente présidentielle. Cette décision de Mr Weah, qui va l’encontre de la volonté de certains de ses partenaires, est hautement patriotique et permet à son pays d’éviter ces évènements malheureux que connaît actuellement la Sierra Léone voisine depuis la réélection contestée du Général Julius Maada Bio. On le sait, les affrontements armés à Freetown du dimanche 26 novembre, ne sont pas les premières manifestations violentes depuis cette élection contestée du Général Maada Bio.

En début novembre, la police sierra léonaise avait déjà procédé à des arrestation de plus hauts gradés soupçonnés de vouloir perpétrer un putsch

Déjà en début du mois de novembre, la police sierra léonaise avait annoncé avoir arrêté plusieurs hauts gradés de l’armée pour, disait-elle, tentative de coup d’État contre les institutions du pays. Trois mois plus tôt, en août 2023, c’est plus de 30 personnes qui avaient trouvé la mort dans des émeutes. Aujourd’hui, ce sont des éléments armés qui tentent de s’emparer du pouvoir d’Etat, surfant certainement sur ce contentieux électoral entre le camp Bio et celui de son challenger Samura Kamara qui cette fois-ci n’a même pas eu la chance d’aller au second tour comme lors du scrutin présidentiel de 2018. Alors que beaucoup de Sierra Léonais voyaient en Monsieur Kamara l’homme de la situation ; celui qui pouvait aider le pays à affronter efficacement ses problèmes économiques actuels.

Ancien gouverneur de la Banque centrale de Sierra Leone, puis successivement ministre des finances et des affaires étrangères sous la présidence d’Ernest Bai Koroma, Samura Kamara a en effet la réputation d’un technocrate qui maîtrise bien les dossiers économiques. Malheureusement pour lui et ses partisans, les résultats du premier tour ne lui ont laissé aucune chance. Les résultats publiés par la commission électorale ont consacré sans appel la réélection, un coup KO, de Julius Maada Bio avec 56,17 % des voix.  Surprise, l’opposition conteste vigoureusement sans succès.

Le président Julius Maada Bio a assuré que le calme était de retour dans la capitale Freetown; appelant les populations à jouer leur partition

Maada Bio a ainsi été réinstallé dans son fauteuil de Président. Et depuis, c’est la crise politique en Sierra Leone dont l’une des manifestations a eu lieu ce dimanche 26 novembre. Le pouvoir Maada Bio a assuré avoir rétabli le calme dans la capitale. Pourvu que ça dure. Autrement, il faut se résoudre à trouver une solution à cette crise politique profonde, l’opposant ayant refusé de siéger au Parlement et essayant peut-être par d’autres voies pour se faire entendre. Sinon, une tentative de putsch n’est jamais loin, même en pleine zone anglophone.

Christian Tas

Burkina Demain

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