A l’initiative du Bureau exécutif de Danida Alumni Network Burkina Faso (DANE-BF), une trentaine de membres de cette association d’anciens stagiaires burkinabè au Danemark ont bénéficié samedi dernier à Ouagadougou d’une formation sur la communication non violente.
«La communication non violente, quels enjeux pour la paix et la cohésion sociale ?». C’est précisément le thème de la communication délivrée le 9 décembre 2023 à Ouagadougou par l’actrice de paix à l’UNESCO, Thérèse Hien/Soma. Au regard du contexte national, le président Euloge Tapsoba et les autres membres du Bureau exécutif de DANE-BF ont voulu ainsi faire œuvre utile en servant cet intéressant menu d’échanges lors de ces retrouvailles au Centre Cardinal Paul Zougrana. Et ce fut un véritable cadre d’échanges enrichissants pour les participants, tant la communicatrice a été à la hauteur des attentes. En effet, pendant plus d’une heure d’oral, exercices pratiques et exemples à l’appui Thérèse Hien/Soma a édifié les uns et les autres sur la communication non violente, à la grande satisfaction des initiateurs.
«Très riche et je sais que chacun, chacune d’entre nous a pu en tirer quelque chose qui va le servir, qui va servir la société. Ce n’est qu’une opportunité de renforcement de nos capacités et il y en aura à l’avenir. Tous nos remerciements à notre formatrice ! », s’est félicité en fin de formation le président de DANE-BF Euloge Tapsoba.
4 étapes dans la communication non violente
Selon Mme Hien, la communication non violente tire son fondement de l’empathie, de l’écoute active. Elle se fonde sur des principes d’authenticité, de bienveillance et de responsabilisation qui peuvent guider nos comportements, faciliter nos interactions, limiter les risques de conflits et ainsi favoriser la santé psychologique dans nos milieux de vie, de travail.
Sa mise en œuvre se fait en quatre étapes : l’observation des faits sans jugement, l’expression précise des sentiments face aux faits observés, l’expression du besoin et l’expression de la demande. Si ces 4 étapes sont respectées dans la communication, en principe cela favorise la compréhension mutuelle, évite les conflits liés à la communication malveillante qui se fonde généralement sur des préjugés. Et d’exhorter les participants en situation de communication, à toujours privilégier la posture de girafe au lieu de celle improductive du chacal qui ne cherche guère à comprendre autrui.
La paix, l’affaire de tous…«Que chaque Burkinabè devienne girafe !»
«Dans la posture de la girafe, l’on ratisse large, l’on cherche à comprendre l’autre, à se mettre à sa place, l’on écoute, l’on s’exprime, éduque et l’on transmet sa grâce. Toute chose qui est de nature à favoriser la paix, le mieux-vivre ensemble, la cohésion sociale ! »
La formatrice a souligné le rôle que chacun peut jouer pour la préservation ou le retour de la paix. La paix, dit-elle, doit être l’affaire de tous. Chacun doit œuvrer à cela et l’on n’a pas besoin forcement d’être sur le front militaire pour apporter sa pierre.
Elle a pris exemple sur elle-même qui joue ainsi, à sa façon, sa partition dans l’édification de la paix, en allant de conférence en conférence pour prêcher la communication non violente. «Que chaque Burkinabè devienne girafe !»
«Rien ne vaut la vie… œuvrons pour la paix !»
Pour Mme Hien, rien ne vaut la vie. C’est pourquoi, exhorte-t-elle, nous devrions tous œuvrer pour la paix qui permet de sauvegarder cette vie qui est au-dessus de tout parce que le conflit ou la guerre peut conduire à la mort. «Malheureusement, quand beaucoup d’entre nous parlons de la paix, nous ne mettons pas assez de contenu dans le mot ‘’paix ‘’ ? Que signifie réellement la paix pour nous car, la paix doit commencer par nous-mêmes ? Peut-on parler de paix quand quelqu’un meurt de soif à côté de nous ? Est-ce la paix, c’est quand on bafoue les droits des autres ? Tout est lié. Et quand la famille se disloque, le pays prend un coup. Nous devons nous poser les bonnes questions. Quel avenir pour notre pays si le système éducatif ne se porte pas bien ? Quel avenir pour nos milliers d’élèves déplacés internes ? Leur expérience de la peur, de la haine ne présage rien de bon pour la Nation si rien n’est fait pour les guérir de ces sentiments improductifs. Il faut déjà penser à un système éducatif d’après crise terroriste», regrette-t-elle.
Et de préconiser des outils d’éducation empathique, d’éducation aux valeurs endogènes telle l’hospitalité africaine. «Ainsi, on pourrait arriver à des situations où l’on n’aura plus besoin de dire «déposez les armes! » mais, «ne touchez pas aux armes» tellement la culture de la paix serait devenue la valeur la mieux partagée dans notre société, grâce notamment à l’ancrage de la communication non violente dans notre langage quotidien.
Mais, déjà, pense-t-elle, au lieu que nous aimions dire «Que Dieu nous donne la paix ! », disons plutôt ‘’Que Dieu fasse que chacun, chacune soit un artisan de la paix !». C’est plus responsabilisant ainsi. Pour paraphraser feu le président Félix Houphouët Boigny, la paix ne doit pas être un vain mot. Plus qu’une parole en l’air, ce sont des comportements et des actes responsables au quotidien qui font perdurer le mieux-vivre ensemble, la cohésion sociale dans nos familles, nos lieux de travail, dans la Nation.
Martin Philippe
Burkina Demain