Les observateurs avisés les voyaient venir mais rares sont ceux qui s’imaginaient que le Burkina Faso, le Mali et le Niger se retireraient de sitôt de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Mais, c’est ce qui s’est exactement passé ce dimanche 28 janvier 2024. Dans un Communique conjoint tonitruant diffusé sur les chaînes nationales ; Ouagadougou, Bamako et Niamey ont déclaré unilatéralement leur retrait de l’organisation régionale presque cinquantenaire, accusé de s’être éloignée des principes fondateurs, de ne les avoir pas fournis de l’aide dans leur combat contre le terrorisme.
Prise de court ou mise devant le fait accompli, la CEDEAO par la voix de son président de la Commission, tente de calmer, laissant entendre que ce retrait n’a pas encore été notifié à Abuja. Alors que reste-t-il encore de la CEDEAO après ce départ des 3 Etats sahéliens ?
En presque 50 ans d’existence- l’organisation a été créée le 28 mai 1975 à Lagos au Nigéria- la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)- n’a jamais eu à gérer une crise de telle ampleur avec un départ de trois pays membres en même temps, notamment ceux du Burkina Faso, du Mali et du Niger officialisés ce dimanche 28 janvier par un communiqué conjoint rendu public par les ministres porte-parole des pays respectifs. Considérée par certains observateurs comme l’une des organisations régionales les plus avancées en termes d’intégration, la CEDEAO voit ainsi son prestige partir en lambeaux. Pendant que plus d’un la pensait avoir accusé le coup, l’organisation ouest-africaine tente quand même de faire bonne figure par la voix de son actuel président de commission, Omar Touray, qui tente de calmer en parlant de possibilité d’une solution négociée avec ces 3 Etats qui resteraient à ses yeux des membres importants ; assurant qu’une décision de retrait n’avait pas encore été notifiée à sa Commission. Mais, quoi qu’il en soit, après donc la Mauritanie en 2000, c’est le Burkina Faso, le Mali et le Niger qui officialisent en 2024 leur départ de la CEDEAO. De 16 Etats en 1999, le nombre des pays membres passe maintenant à 12 ; à savoir le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Cap Vert, la Guinée Conakry, la Guinée Bissau, le la Gambie, le Ghana, le Libéria, le Mali, le Nigéria, le Sénégal et la Sierra Leone. Ce qui reste quand même inquiétant pour l’avenir de l’organisation régionale accusée de ne plus faire le bonheur de ses membres. Les Etats se sont sentis abandonnés. L’argument de non-assistance à Etats en danger face au terrorisme est ainsi avancé par les trois pays pour justifier leur décision. Si la Guinée Conakry, également suspendue pour coup d’Etat, devrait suivre des trois pays sahéliens, la situation sera encore plus difficile pour la CEDEAO. Mais, de là à envisager aussi un départ du Togo qui entretient de bonnes relations avec les pouvoirs de Bamako, Ouagadougou et Niamey : il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent à franchir. Affaire à suivre…
Martin Philippe
Burkina Demain