En principe, la Budgétisation sensible au dividende démographique (BSDD) n’a plus de secret pour la trentaine des membres de l’Assemblée législative de Transition (ALT) du Burkina qui ont participé les 26 et 27 août 2024 à Ouagadougou à un atelier de renforcement des capacités y relatif. Organisé par le Bureau sous- régional Afrique de l’Ouest de la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique (CEA) en partenariat avec le Ministère de l’économie et des finances, ce dialogue politique a permis d’outiller ces députés de l’ALT sur la problématique et de les préparer à l’examen du projet de loi de finances 2025.
Prononçant le discours d’ouverture du ministre burkinabè de l’économie et des finances, ce lundi 26 août 2024 à Ouagadougou, du dialogue politique avec les députés de l’Assemblée législative de Transition ALT sur la Budgétisation sensible au dividende démographique (BSDD) au Burkina Faso, la conseillère technique Mariam Zerbo/Hien s’en est félicité et a relevé les objectifs poursuivis.
«L’atelier qui nous réunit ce matin s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la feuille de route nationale et vise à renforcer la capacité des députés sur le processus de capture du dividende démographique au Burkina Faso à travers l’approche de budgétisation sensible au dividende démographique. Il vise également à préparer les Honorables députés pour une meilleure participation à l’examen du projet de loi de finances et l’institutionnalisation de la BSDD dans le processus budgétaire au Burkina Faso».
Evoquant les enjeux de la BSDD pour le Burkina Faso, Mme Zerbo relève : « L’ambition de capitaliser sur la population pour assurer une croissance soutenue et inclusive nécessite d’adapter notre instrument de financement des politiques publiques qu’est le budget national».
«La mise en œuvre de la feuille de route a permis, entre autres, le renforcement de capacités des acteurs responsables de l’exécution budgétaire pour la prise en compte des résultats de la BSDD dans l’exécution du budget 2024 et dans le processus d’élaboration du budget 2025 et la transformation des budgets de 2021, 2022 et 2023 en budget fonctionnel afin d’informer l’évaluation et l’élaboration d’un budget sensible au dividende démographique», a-t-elle rappelé.
«La BSDD pour une meilleure allocation des crédits budgétaires»
Dans le cadre de la mise en œuvre de sa feuille de route BSDD, le Burkina Faso, à l’instar d’autres pays de la région, bénéficie du soutien technique et financier de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) à travers son Bureau sous régional pour l’Afrique de l’Ouest. «Pour appuyer les pays de l’Afrique de l’Ouest, dont le Burkina Faso à mettre en œuvre sa feuille de route, la CEA a mis en place un programme régional de Budgétisation Sensible au Dividende démographique (BSDD) en collaboration avec les autres partenaires de développement, notamment UNFPA et le Consortium Régional pour la recherche en Economie Générationnelle (CREG) afin d’intégrer les dimensions du dividende démographique dans les politiques, programmes et budgets nationaux», a indiqué à ce sujet Amadou Diouf, représentant de Ngone Diop, Directrice du Bureau Sous- régional de la CEA pour l’Afrique de l’Ouest.
Et de rappeler les principaux objectifs de la BSDD: «L’approche de la BSDD vise une meilleure allocation des crédits budgétaires dans le but de tirer profit du changement de la structure par âge de la population c’est-à-dire d’avoir plus de personnes indépendantes économiquement. Elle permet d’analyser la sensibilité budgétaire des dépenses, d’orienter les allocations des ressources financières et favoriser l’efficacité de la dépense publique».
«Thème émergent, nouvelle approche à s’approprier»
Se félicitant de la présente initiative, la présidente de la Commission du genre, de la santé, de l’action sociale et humanitaire de l’Assemblée législative de Transition (ALT) Marie Angèle Tiendrebeogo/Kalenzaga a dit que c’était un «thème émergent». D’où toute la pertinence, a-t-elle dit, pour les députés de l’ALT de faire en sorte qu’ils s’approprient cette nouvelle approche dans leur façon de traiter la question.
«Une thématique particulièrement importante pour le Burkina Faso au regard du rythme de croissance de sa population», a-t-elle souligné, exprimant l’engagement des parlementaires à jouer pleinement leur rôle dans la mise en œuvre des objectifs inscrits dans la feuille route nationale sur la Budgétisation sensible au dividende démographique.
Population jeune en forte croissance et à prédominance féminine
A l’instar des autres pays de l’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso connaît une croissance rapide de sa population avec un taux de croissance de 2,94% et un indice synthétique de fécondité de 5,4 enfants par femme dépassant la moyenne régionale estimée à 4,5 en 2022 selon le RGPH de 2019 (INSD, 2022). En effet, l’effectif de la population est passé de 14 017 262 habitants en 2006 à 20 505 155 habitants en 2019 et pourrait atteindre 31 462 225 habitants en 2035 (RGPH, 2019).
La population active (15-64 ans) représente 51,3% de la population totale tandis que le rapport de dépendance démographique est estimé à 95% en 2019 (INSD, 2022).
Cette population est aussi caractérisée par son extrême jeunesse et une prédominance féminine. En effet, un Burkinabè sur deux a au plus 16,1 ans, l’âge moyen est de 21,7 ans et les femmes représentent 51,7% de la population. Toutefois, cette structure démographique présente d’importants enjeux sur les efforts de développement et pose surtout d’énormes défis en matière de satisfaction des besoins des populations (besoins de santé, d’éducation, d’emploi, de logement, de transport, etc.).
Un séminaire gouvernemental en vue
Au regard de ces caractéristiques, se présente cette opportunité de capitaliser sur cette population burkinabè pour assurer une croissance économique afin d’assurer le bien-être de tous à travers des investissements stratégiques et massifs dans le capital humain. C’est pourquoi, les parties prenantes sont résolument engagées dans les actions visant la réalisation optimale de la feuille de route BSDD Burkina Faso.
Ainsi, après le présent dialogue politique avec les députés et les conseillers techniques, la suite du processus prévoit, entre autres, un séminaire avec les membres du gouvernement pour renforcer aussi leurs capacités sur la Budgétisation sensible au dividende démographique au Burkina Faso.
Martin Philippe
Burkina Demain