Le Burkina Faso est aujourd’hui confronté à la nécessité de développer une énergie durable accessible à tous tout en stimulant le contenu local et en minimisant les risques qui peuvent en découler. C’est dans ce contexte que le Conseil Burkinabè de l’Energie (CBE) à organisé ce jeudi 29 août 2024 à Ouagadougou une table ronde sur le contenu local dans le domaine de l’énergie dont l’ouverture a été présidée par le secrétaire général du CBE Kévin Zossi Sanou. Cette table ronde avait pour thème : «Défis et opportunités du contenu local pour l’émergence du secteur privé national dans le domaine de l’énergie».
Alidou Koutou, directeur général de l’énergie appuyé par son directeur Bakary Lingani ; Zépherin Zongo, secrétaire technique du contenu local et de la promotion des investissements ; Jean Bedel Gouba, coordinateur du Projet d’électrification et de développement des connexions à l’électricité (PEDECEL) ; Saliou Tall, conseiller technique du directeur général de l’Agence burkinabè de l’électrification rurale (ABER). Ce sont là les principaux animateurs de la table ronde modérée ce jeudi 29 août 2024 à Ouagadougou par le Professeur Bruno Korgo, Maître de conférences en physique.
«Défis et opportunités du contenu local pour les acteurs privés nationaux»
Organisée par le Conseil Burkinabè de l’Energie (CBE) à travers sa commission spécialisée chargée du contenu local, cette table a mobilisé de nombreux acteurs autour du thème : «Défis et opportunités du contenu local pour l’émergence du secteur privé national dans le domaine de l’énergie».
L’initiative de la présente table ronde vise à contribuer à travers ces échanges à l’émergence du développement économique local dans le secteur de l’énergie. Ouvrant les travaux au nom du président du CBE, le Secrétaire général Kévin Zossi Sanou a insisté sur le fait que la promotion du contenu local était une nécessité pour favoriser le développement pérenne du secteur de l’énergie et la création d’emplois pour les jeunes. Et d’exhorter les acteurs à se donner les voies et moyens y compris, la concertation, le dialogue constructif pour réussir à la satisfaction de tous cette question de la promotion du contenu local dans le secteur de l’énergie. Mais, c’est quoi au juste le contenu local ?
Comprendre le contenu local
Pour le secrétaire technique Zéphirin Zongo, le concept renvoie à la préférence de l’utilisation des compétences et ressources nationales dans la chaîne de production des biens et services dans le secteur de l’énergie, par rapport notamment à des compétences et ressources venant d’ailleurs.
Ainsi un certain quota est réservé par exemple aux opérateurs nationaux dans le cadre des attributions des marchés publics pour la réalisation d’infrastructures, de biens et services énergétiques. Que ce soit à la Société nationale d’électricité, SONABEL ; à l’Agence Burkinabè d’électrification rurale.
Mais, à écouter le ST Zongo, l’observation des mécanismes du contenu ne fait nullement abstraction de la qualité des ouvrages, biens et services délivrés par les acteurs nationaux dans le cadre des obligations contractantes. «Le contenu local commence, se fait et se termine par la qualité», a-t- il soutenu à ce sujet, tant cela pose parfois des préoccupations.
Beaucoup de défis à relever par les acteurs privés nationaux
Il se pose en effet actuellement plusieurs défis aux acteurs privés nationaux du secteur de l’énergie, ce qui ne leur permet pas de répondre convenablement aux exigences et objectifs de la promotion du contenu local. Il y a des problèmes de compétences techniques, de management de projet au niveau de plusieurs acteurs. Il existe aussi des défis de financement pour les secteur public et privé, ainsi que les difficultés à absorber des financements.
Saliou Tall, conseiller technique du directeur général de l’Agence Burkinabè de l’électrification rurale, confirme : « nous avons eu l’expérience tant à la fois dans le domaine de l’électrification rurale et dans le secteur de l’énergie de façon globale, des financements mobilisés qui n’ont pas pu être absorbés et qui ont été partiellement ou intégralement perdu». Et ce n’est pas tout car, il se pose également des problèmes d’organisation des acteurs privés qui ont souvent du mal à se mettre ensemble pour postuler pour de grands marchés qu’ils ne peuvent pas obtenir individuellement.
Par ailleurs, du côté de l’Etat aussi, l’accompagnement n’est pas toujours à la hauteur des attentes des acteurs privés nationaux. Certains attendent que l’Etat travaille à favoriser l’émergence de champions nationaux et à les aider à aller à la conquête de marchés à l’extérieur, comme cela se fait ailleurs.
La part des entreprises nationales va être renforcée
Cela dit, tout n’est pas noir sur le tableau de la promotion du contenu local dans le secteur de l’énergie. Des textes ont été adoptés dans ce sens et la volonté politique existe. Il y a eu aussi des acquis, des solutions endogènes que les acteurs eux-mêmes trouvent. Ces solutions ont permis de préserver des infrastructures sur le terrain. De plus avec l’ajustement et l’adoption de certaines dispositions, des projets ont déjà intégré cela.
Ainsi, dans le cadre de la stratégie nationale d’électrification rurale par exemple, un plan intégré de production, distribution, transport 2022-2040 a été mis en place. A l’issue de la finalisation de ce plan il y a un volume de travail qui a été identifié notamment les travaux de transport de l’électricité, de construction de centrales thermiques, des travaux d’électrification rurale et des travaux d’extension de réseau. De ce fait, il a été fortement recommandé d’impliquer les entreprises nationales dans la réalisation de ces travaux pour valoriser justement dans le contenu local. Il y a également le renforcement des réseaux de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso qui nécessitera beaucoup de travaux de la part des experts nationaux.
Rachel Bazié
Burkina Demain