«L’usage du vélo est véritablement omniprésent au Burkina Faso. Pour preuve, le spectacle insolite observé dès l’aube, à l’entrée de toutes les grandes villes: un long cortège de femmes et d’hommes à vélo avec, sur leur porte-bagages, des grands ballots chargés de fruits, de légumes, de volailles, de fagots de bois, de charbon, de poteries, etc … Les grandes artères de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso offrent un spectacle impressionnant et quasi permanent : la ruée des moyens de transport  » à deux roues » parmi lesquels les vélos occupent encore une grande place. Dans sa dimension économique, on peut dire que le vélo a contribué à l’émancipation des femmes». Et ce n’est pas tout. Pour tout en savoir plus, lisez cette fabuleuse histoire racontée par le fils du Faso, Yé Lassina Coulibaly.

«Le vélo, la musique et les Burkinabé : une longue histoire… racontée par le fils du Faso, Yé lassina Coulibaly

En tant que fils du pays, au travers de mon approche personnelle, artistique et humaine, de l’histoire du vélo au Burkina Faso, je témoigne ici du vécu et de l’attachement des burkinabés à ce mode de déplacement.

Comme dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, le vélo fait partie de la vie quotidienne des peuples du Burkina Faso dans toutes les régions, dans les zones rurales comme dans les villes, y compris les plus importantes : Ouagadougou, la capitale, et Bobo-Dioulasso, la capitale culturelle.

Il n’est guère surprenant de croiser, dans le monde rural, un paysan pédalant à toute allure sur son vélo, la houe à l’épaule et même quelques fois sa radio en bandoulière. Il va au champ jusqu’à une distance d’environ une dizaine de kilomètres, voire plus, du village. On peut aussi rencontrer des jeunes à vélo transportant des charges solidement attachées sur leur porte-bagages.

Au Burkina Faso, le vélo est véritablement un moyen de déplacements privilégié pour les activités quotidiennes des différents acteurs sociaux des communautés : le paysan, le petit commerçant qui transportent leurs marchandises dans les divers marchés hebdomadaires des villages ; le messager qui va annoncer une nouvelle (bonne ou mauvaise) dans la région.

Le colporteur, le commerçant parcouraient des centaines de kilomètres avec leurs marchandises empilées sur le porte-bagages, au point qu’on ne les apercevait plus eux-mêmes sur leur vélo!

Parmi ces usagers habituels du vélo, il y avait également les vendeurs ambulants de cassettes de musique, contes ou récits.

Le vélo est aussi très prisé par les élèves pour se rendre dans leurs écoles et établissements scolaires.

Les guérisseurs se déplacent quotidiennement en vélo pour se rendre dans des forêts, parfois peu accessibles en voiture, à la recherche des fruits, plantes et racines nécessaires en médecine traditionnelle. Les chasseurs également car le vélo ne fait pas de bruits qui seraient susceptibles d’effrayer les animaux.

Outre sa fonction, le vélo a été un levier pour l’économie burkinabè. Son essor a soutenu le commerce et l’artisanat : des vendeurs démarchaient les clients jusque dans les contrées les plus reculées et des ateliers de réparation et de vente de vélos et pièces détachées se sont installés un peu partout dans les villages et sur les bords des routes.

L’usage du vélo est véritablement omniprésent au Burkina Faso.

Pour preuve, le spectacle insolite observé dès l’aube, à l’entrée de toutes les grandes villes: un long cortège de femmes et d’hommes à vélo avec, sur leur porte-bagages, des grands ballots chargés de fruits, de légumes, de volailles, de fagots de bois, de charbon, de poteries, etc … Ils reviennent des zones de cultures maraîchères ou d’exploitation des forêts où ils s’approvisionnent en vue de revendre ces produits, dès la matinée, sur les étals des petits marchés dans les différents quartiers des villes.

Les grandes artères de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso offrent un spectacle impressionnant et quasi permanent : la ruée des moyens de transport  » à deux roues » parmi lesquels les vélos occupent encore une grande place.

Dans sa dimension économique, on peut dire que le vélo a contribué à l’émancipation des femmes en facilitant l’acheminement de la production de leurs cultures maraîchères personnelles.

L’arrivée du vélo a aussi eu un rôle social dans la participation des jeunes aux services à rendre aux communautés villageoises : coopération des jeunes, souvent en groupe pour aller aider aux champs ou à construire des maisons, ou véhiculer des malades dans des centres de soins parfois éloignés de plusieurs dizaines de kilomètres.

Il faut dire que, pendant des décennies, le vélo a été le moyen le mieux adapté pour atteindre les villages les plus reculés, dépourvus de routes et desservis uniquement par des pistes de latérite plus ou moins praticables..

Il se révélait précieux pour aller chercher nos princesses, surtout lorsque les sols étaient gorgés de pluie, pour se rendre aux évènements et spectacles des villages et les raccompagner à l’aube.

Dans les fêtes de villages, mariages, baptêmes, où se donnent des spectacles musicaux, où tout le monde chante et danse ensemble, où la joie explose, il n’était pas rare que les jeunes gens brandissent leurs vélos et se livrent, au sein du cercle, à des prouesses et acrobaties audacieuses avec leur vélo. La musique était toujours là pour créer l’ambiance et encourager les jeunes à se surpasser.

Au préalable, afin d’assurer le transport des instruments et du matériel, les garçons s’organisaient en convois de cyclistes pour se protéger et sécuriser leur trajet.

Dans les années 1960, voire 1970, le vélo était un objet de prestige, de distinction social. Pour ainsi dire seuls ceux qui en avaient les moyens pouvaient acheter un vélo neuf. Les gens qui émigraient en Côte-d’Ivoire, Nigéria, Gabon, Ghana ou Lybie, pour marquer leur retour glorieux, débarquaient avec un vélo neuf.

Sur le plan économique, la production de vélos sur place, au Burkina, contribuera à l’expansion du vélo dans la société burkinabè. La première usine de montage de vélos s’installe à Bobo-Dioulasso en 1966 (IVOLCY qui deviendra plus tard la société SIFA).

Pour les couches populaires de la société burkinabé, le vélo a essentiellement une fonction utilitaire. C’est dans les couches supérieures de la société et notamment chez les coopérants et expatriés que la pratique du vélo a revêtu un caractère ludique et sportif.

L’intérêt pour le cyclisme, commence à se manifester timidement avec la création dans les années 1940 à 1950 d’un vélo-club à Bobo-Dioulasso dirigé par un Français.

Plus tard en 1954 des expatriés français créent le Vélo Club de Ouagadougou suite à l’installation des Etablissements Aubaret et la contribution d’un employé des Sociétés Dragages.

Ces clubs organisaient des courses à l’occasion des fêtes nationales; localement à l’intérieur du pays, de nombreuses activités autour du vélo réunissaient la jeunesse des villages et villes moyennes lors d’évènements culturels et sportifs. Le vélo jouait un rôle fédérateur important.

La première compétition cycliste officielle a eu lieu le 18 septembre 1955   à Ouagadougou.

A partir de 1987, le Faso Tour fut une compétition cycliste de renommée internationale.

Le cyclisme suscitera un véritable engouement populaire, à partir des années 1960, lorsque des sportifs locaux se sont approprié la pratique du vélo dans une fonction autre qu’utilitaire.

Les courses étaient très appréciées et suivies par un grand nombre de personnes. Mes souvenirs d’enfance me rappellent les attroupements tout au long du circuit dans la ville de Bobo-Dioulasso. Je me souviens aussi que la marque Peugeot occupait l’espace… Quelques vélos venant du Ghana suscitaient la curiosité par leur forme différente.

De nos jours, le vélo est concurrencé par les « 2 roues » motorisés mais il garde une place prépondérante dans la vie quotidienne et dans le cœur de nombreux burkinabé.

Dans certaines familles, on ne se sépare pas de ses vélos successifs, jusqu’à en faire une collection-mémoire du vécu de la famille. D’ailleurs on le chante et le danse dans de nombreux répertoires des différents peuples du Burkina.

Le vélo continue de nourrir l’imaginaire et la créativité des enfants : on le retrouve majoritairement dans les objets en bois ou en ferraille qu’ils construisent et exposent lors de concours… On peut donc compter sur la jeunesse pour maintenir vivante la présence du vélo au Burkina…

Le vélo remplit tellement de fonctions : il peut être à la fois cadeau d’encouragement, moyen de transport, vecteur de lien social, facteur de santé, atout de séduction, qu’il est ancré dans l’environnement socioculturel au Burkina Faso dont il fait désormais partie du patrimoine contemporain.

J’aime à penser que le vélo reste un moyen de déplacement indispensable et garde l’espoir que le développement économique qu’il a suscité perdure et que le souci écologique l’emporte pour la protection de notre atmosphère.

Un peu d’histoire…

A quand remonte l’introduction du vélo au Burkina Faso (anciennement Haute-Volta)?

Certaines sources historiques mentionnent que le vélo a été introduit en 1912 en Haute-Volta par des français puis à Bobo-Dioulasso, dans les années 1920, par Pierre Vicens, un commerçant-transporteur français.

Un des premiers modèles portait le nom de  » La sauterelle « , à cause de sa ligne élancée. Les populations locales, impressionnées par ce nouvel engin, l’ont spontanément baptisé « Negeso » c’est-à-dire le « Cheval de fer » en Bambara-Dioula, une des langues principales du pays et « Koutwefo » en langue Moré des Mossis.

Le fils de Faso,

Yé Lassina Coulibaly vous invite à découvrir davantage les trésors de Burkina Faso

 

Yé Lassina Coulibaly art et culture,

Site officiel : www.yecoulibaly.com

Artiste auteur-compositeur interprète

Musicothérapie sociétaire de la SACEM, ADAMI, SPEDIDAM, Union des Artistes Burkinabés

Chevalier de l’ordre du mérite, des lettres et de la communication».

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