Vieille de presque 80 ans, l’Organisation des Nations Unies (ONU) veut mieux répondre aux préoccupations du monde actuel et celles des générations futures. Pour ce faire, l’ONU s’est dotée d’un nouvel instrument juridique à la hauteur de ses nouvelles ambitions : le Pacte pour l’Avenir, adopté par consensus ce dimanche 22 septembre 2024 à New York à la faveur de la 79e Assemblée générale de l’organisation mondiale.
Ces dernières années, c’était l’un des chevaux de bataille du secrétaire général réélu de l’ONU, Antonio Guterres. A savoir doter l’organisation mondiale d’un instrument juridique à même de la permettre de faire plus efficacement face aux défis actuels du monde et de ceux des générations futures. C’est à présent chose faite depuis ce dimanche 22 septembre 2024 où un nouveau texte, plus robuste, moderne et plus ambitieux a été adopté par consensus par les dirigeants mondiaux à l’occasion de la 79e Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies.
Pacte de l’Avenir pour agir
L’adoption de ce »Pacte pour l’Avenir », c’est ainsi qu’il est intitulé, est saluée par la plupart des intervenants à la tribune onusienne de cette 79e AG, à commencer par le secrétaire général Guterres qui a immédiatement appelé à l’action les dirigeants du monde pour que les 56 Actions et 2 Annexes préconisées dans le dispositif juridique non contraignant ne restent pas lettres mortes.
«Nous avons ouvert la porte, il nous incombe désormais à toutes et à tous de la franchir, car il ne s’agit pas seulement de s’entendre, mais aussi d’agir. Et aujourd’hui je vous mets au défi de passer à l’action», a-t- il indiqué. Cette propension affichée du SG de l’ONU à agir semble partagée par plusieurs intervenants. Qu’ils soient représentants de grands ou petits ensembles territoriaux, cela au regard de l’espoir d’un monde meilleur que porte le Pacte, dans un contexte de crises multidimensionnelles.
Engagement réaffirmé de l’Arménie pour le multilatéralisme
«Nous avions besoin de changer de paradigme car nos actes n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes. L’ONU n’a souvent pas été à la hauteur des aspirations des peuples», a ainsi soutenu le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan, soulignant la nécessité de l’engagement de tous les Etats de l’ONU, indépendamment de leur taille.
Comme par le passé, son pays, l’Arménie, aux confins de l’Europe et de l’Asie, avec ses 29 800 km2 et 1,3 million d’habitants, est encore prête, à jouer sa partition pour un monde plus humain. Il a évoqué notamment les milliers de juifs et d’Afghans accueillis par Erevan, suite à l’Holocauste et la guerre en Afghanistan.
«La mise en œuvre du Pacte pour éviter la politique de deux poids, deux mesures»
Même disponibilité à aller de l’avant dans la coopération multilatérale chez le prince héritier et Premier ministre koweïtien Ahmad al-Abdallah al-Sabah. Et de rassurer que l’engagement agissant et continu de son pays dans la coopération internationale avait déjà profité à 105 pays de la Planète, saluant l’avènement du Pacte de l’Avenir dont l’application devrait permettre d’en faire davantage. Pour le chef du gouvernement koweïtien, c’est par la mise en œuvre effective de tel Pacte que l’on peut arriver à faire en sorte que certaines parties du monde ne connaissent la politique de deux poids, deux mesures avec ses conséquences désastreuses. Il faisait allusion au conflit meurtrier en cours dans la bande de Gaza au Moyen-Orient où plus de 41 000 personnes ont déjà péri dans des massacres, faute d’assistance internationale adéquate.
Tons divergents chez des représentants de grands ensembles territoriaux
Aussi, pour Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, Etat insulaire des Caraïbes en Amérique du Nord, c’est même un devoir moral pour les dirigeants actuels du monde de s’engager pour la réalisation des objectifs du présent Pacte.
Mais, cette vision presque unanime chez les dirigeants ou représentants de ces ‘’petits Etats’’ a semblé quelque peu écornée chez des représentants de grands ensembles territoriaux. Ainsi, alors que Charles Michel, président du Conseil européen, a salué l’adoption du Pacte, exprimant l’empressement de l’Union européenne à participer activement à sa mise en œuvre ; Sergueï Verchinine, vice-ministre russe des Affaires étrangères a trouvé à redire.
«Cela ne peut pas être considéré comme du multilatéralisme, personne n’est content de ce texte», a-t- il tempéré à la tribune onusienne après l’adoption du texte. Preuve que toutes les préoccupations soulevées par le haut diplomate russe n’ont pas été prises en compte. Mais, heureusement, le chef de la délégation de la Fédération de Russie s’est gardé de jeter le bébé onusien avec l’eau du bain. Ce qui a donc permis l’adoption par consensus du Pacte.
Motifs d’espoir côté africain
Côté africain, l’intervention de Ntsokoane Samuel Matekane, Premier ministre du Lesotho n’est pas passée inaperçue. Le Chef du gouvernement de ce Royaume de l’Afrique australe a tenu à féliciter la Namibie et l’Allemagne pour leur bonne conduite des négociations qui a abouti à l’adoption du Pacte pour l’Avenir.
Autre intervention africaine remarquable ce 22 septembre à la tribune des Nations Unies, celle du président Julius Maada Bio de la Sierra Leone. Celui- là même qui présidait il y a un mois la réunion du Conseil de sécurité consacrée à la paix internationale et surtout celui qui milite encore ardemment en faveur d’une digne représentation de l’Afrique dans les instances onusiennes. Pour le président Maada Bio, l’adoption de ce texte actualisé ouvre certainement une fenêtre d’opportunités pour le continent qui à la création de l’ONU en 1945 ne disposait vraiment pas encore de territoires indépendants. La plupart à cette époque n’étaient que des colonies. Et les réformes qu’implique le Pacte pour l’Avenir, devrait permettre à l’Afrique de prendre toute sa place dans le système international. Pour le cas par exemple de la recomposition des membres du Conseil de sécurité de l’ONU, le continent table sur 4 représentants, soit deux permanents et deux non permanents. Là aussi, si les choses avancent comme souhaité, l’on devrait revoir au front l’incontournable Maada Bio, en sa qualité notamment de coordonnateur du Comité des dix chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine en charge la réforme dudit Conseil de sécurité des Nations Unies, connu sous le nom de C-10. Pour toutes ces raisons, ajoutée à la bonne tenue de la présidence camerounaise en ce début de la 79e AG de l’ONU, l’on peut dire qu’il y a des motifs d’espoir pour l’Afrique avec la naissance de ce Pacte pour l’Avenir de l’ONU. Pour la suite, ce sera surtout une question d’organisation, de stratégie pour en tirer réellement parti.
Martin Philippe
Burkina Demain